Magazine Le Mensuel

Nº 2863 du vendredi 21 septembre 2012

En Couverture

Au palais de Baabda. Le digne accueil de la République

Au palais présidentiel de Baabda, le Liban officiel, politique et religieux, s’est mis au diapason du souverain pontife pour donner une véritable image d’unité. Une parenthèse dorée renforcée par la présence du mufti Kabbani, absent la veille à l’aéroport.

Les autorités politiques du pays ont consenti beaucoup d’efforts sur l’ensemble du territoire pour préparer le terrain à la visite du pape. Pendant trois jours, le pays a donné une image plus apaisée. C’est, sous une pluie de pétales, que Benoît XVI a été accueilli à Baabda. Les services de sécurité avaient permis aux fidèles, drapeaux du Liban et du Vatican brandis, de saluer la papamobile sur son passage. Bénissant la foule, le pape suivi de son imposant cortège de sécurité s’est dirigé vers le palais présidentiel où il a été reçu par le président Michel Sleiman et son épouse Wafa’, par leurs enfants Charbel, Rita et Lara, leurs gendres Wissam Baroudi et Nabil Hawat, leurs petits-enfants ont offert à l’hôte prestigieux un pain de prière sur le perron. C’est côte à côte que le chef de l’Etat et le souverain pontife, tout de blanc vêtu, remonteront le couloir qui mène à la salle de réception pour procéder à l’échange de cadeaux.
Michel Sleiman a offert à son hôte des pièces de monnaie ancienne, trouvées en terre libanaise, et frappées du signe de la Croix ainsi que la première édition du timbre à l’effigie du souverain pontife. En retour, Benoît XVI a confié au président un manuscrit ancien écrit par l’un des apôtres du Christ. C’est ensuite la famille du président de la Chambre, Nabih Berry qui a été reçue, avant celle du Premier ministre Najib Mikati, qui a offert au pape une grande croix en or datant du XVIIIe siècle. Après la séance de photos officielles, à laquelle le souverain pontife s’est plié avec le sourire, il s’est rendu dans le jardin du palais, en compagnie du président, pour y planter un cèdre qui portera son nom.
Le pape a ensuite tenu audience avec les autorités musulmanes du pays. Etaient présents le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, le cheikh Akl de la communauté druze Naïm Hassan et le président du Conseil alaouite cheikh Assad Assi. Cette rencontre a eu lieu en présence du secrétaire du Saint-Siège, du patriarche maronite Béchara Raï, du président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, le cardinal Jean-Louis Tauran, ainsi que du nonce apostolique Gabriele Caccia.
Après avoir remis aux dignitaires musulmans une copie de l’Exhortation apostolique, ces derniers lui ont donné un mémorandum de cinq pages qui livre plusieurs messages. «Les musulmans et les chrétiens du Liban et de tous les pays arabes forment une seule nation. Ils aspirent à la réalisation de leurs objectifs communs dans le respect de la dignité humaine, de la préservation des libertés publiques et d’abord de la liberté religieuse. Et nous, musulmans, considérons que toute agression contre un compatriote chrétien est une agression contre tous les musulmans, et toute agression contre une église comme perpétrée contre une mosquée. Les relations privilégiées entre les instances religieuses musulmanes et chrétiennes au Liban ont même été comprises pratiquement comme le message du Liban à l’Orient et dans le monde. Nous tenons fortement à ce message».
Sur les 750 personnalités invitées pour l’occasion, seuls Saad Hariri, absent du pays, et Emile Lahoud manquaient à l’appel. Le respect que les leaders politiques et spirituels du pays ont manifesté au chef spirituel des chrétiens du monde montre la possibilité d’un apaisement.

J. A-R.
 


Gênante promiscuité
Dans la tribune d’honneur dressée à l’aéroport à l’occasion de l’arrivée du pape Benoît XVI à Beyrouth, le général Michel Aoun était placé entre Mme Mona Hraoui et l’ex-Premier ministre Fouad Siniora. Situation plutôt inconfortable pour les trois invités qui semblaient bien gênés de se retrouver côte à côte. Le trio ne s’est pas adressé la parole et n’a même pas échangé un salut. Le seul invité officiel absent à cette occasion était l’ex-président Emile Lahoud qui, depuis la fin de son mandat, n’a plus participé à aucun événement officiel.
Des amis communs ont tenté à plusieurs reprises de le réconcilier avec le président Michel Sleiman, en vain. L’ancien chef d’Etat, qui n’avait même pas félicité son successeur après son élection, évite de rencontrer des officiels.

Flashs
-Le porte-parole officiel du Vatican a indiqué qu’aucune rencontre entre SS le Pape et les chefs des partis politiques n’était prévue au programme libanais du Saint-Père. Celui-ci a juste vu les chefs des communautés religieuses.
-Les milieux diplomatiques ont fort apprécié l’organisation de la visite du Saint-Père au Liban, ainsi que la couverture médiatique qui lui a été consacrée.
-Tout le long de la route de l’aéroport, le Hezbollah avait hissé des banderoles souhaitant la bienvenue au souverain pontife le pape Benoît XVI «au pays de la Résistance».

Le mufti coupe court aux rumeurs
A Baabda, le mufti de la République, Mohammad Rachid Kabbani, a tenu à mettre un terme aux conjectures nées de son absence et celle de la représentation sunnite à l’aéroport, au moment d’accueillir Benoît XVI.
«La cérémonie a coïncidé avec la prière du vendredi, dont le sermon devait porter sur l’affaire fort sensible du film attentatoire au Prophète, et dont je ne pouvais donc me départir. J’étais disposé à déléguer l’un des muftis pour me représenter, mais le protocole veut que lorsque le chef de l’Etat est présent en personne à une cérémonie, nul ne peut y déléguer un représentant».

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