Magazine Le Mensuel

Nº 2868 du vendredi 26 octobre 2012

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Non au cyclisme féminin!
Le Printemps arabe, supposé être porteur d’un nouvel espoir pour le monde arabe, n’est pas d’actualité au sultanat d’Oman. Le rôle des femmes dans cet Etat du Golfe, dirigé depuis plus de quatre décennies par le sultan Qabous Ben Saïd, n’est pas très apprécié. Dernier épisode en date, la rumeur qui a circulé après la décision d’un club sportif de former une branche féminine de cyclisme. Colère et indignation chez les islamistes qui ont considéré cette décision comme un affront aux mœurs islamiques. A la suite de manifestations populaires organisées par les salafistes, le club a dû faire marche arrière. Dans cette partie du monde, l’histoire semble avancer… à reculons.

Mir Hussein Mousavi, le leader de l’opposition iranienne, assigné à résidence surveillée depuis février 2011 sans aucune décision judiciaire, a appelé le peuple iranien à rester uni et solidaire. A la suite d’une réunion avec sa famille, une première depuis de longs mois, il a exprimé sa grande inquiétude vis-à-vis de la situation économique actuelle dans la République islamique, ajoutant: «Je suis de même inquiet du sort réservé aux détenus politiques et je prie pour eux tous les jours.» Mir Hussein Mousavi, qui vit avec sa femme Zahra, n’a pu rencontrer ses enfants que pendant trois heures.

Iman Ahmad Kilani une institutrice égyptienne à l’école d’al-Hadaddine, dans la province de Louxor, a décidé de punir deux de ses élèves, fillettes de 10 ans, en leur coupant les cheveux. Leur crime est de ne pas avoir porté le voile comme elle le leur avait ordonné la veille. Pourtant, l’école d’al-Hadaddine est mixte et la loi égyptienne n’impose pas le port du voile dans les écoles publiques. Ce scandale a poussé les parents des deux élèves à porter plainte et à demander que l’enseignante soit sanctionnée pour sa sévérité. Kilani, quant à elle, a refusé toutes ces critiques, ajoutant qu’elle n’était pas membre du mouvement des Frères musulmans, que la punition n’était pas excessive du tout et que les deux élèves avaient refusé de lui obéir!
 


Ouyehia face au mur
L’ancien Premier ministre algérien, Ahmed Ouyehia, qui vient d’être évincé de son poste par le président Abdelaziz Bouteflika, a annoncé que malgré cette humiliation publique, il resterait au sein de la majorité présidentielle. Son parti a pourtant très mal digéré la pilule, mais il ne peut rien faire puisque Bouteflika prépare déjà sa succession. Ceci est dû au fait que l’ancien Premier ministre, qui ne cache pas ses aspirations présidentielles, est considéré comme la bête noire du parti au pouvoir. Ouyehia, qui assure être un homme d’Etat aux principes inébranlables, devra passer une année très difficile et ses chances de succéder au président actuel sont presque nulles. Pire encore, il aurait appris son limogeage par téléphone, via un conseiller présidentiel et non par Bouteflika lui-même.

 

 

En pointillé…
Depuis son élection à la présidence de la République égyptienne, Mohammad Morsi ne cesse de surprendre ses amis avant ses ennemis. Dernier épisode en date, la lettre très amicale adressée par le président islamiste à son homologue israélien Shimon Peres, à l’occasion de la nomination d’un nouvel ambassadeur à Tel-Aviv. Morsi écrit: «Très cher et honorable ami Monsieur Peres, mon plus grand souhait est de voir les liens entre nos deux pays renforcés et développés.» Or ce n’est pas la position de Morsi que l’on connaissait à ce jour ni celle de son parti politique, les Frères musulmans, un mouvement pour qui Israël est un ennemi. Les médias israéliens n’ont pas tardé à publier cette lettre, mettant ainsi le président égyptien dans le plus grand embarras face à des critiques de son propre camp, qui n’arrive toujours pas à comprendre les motifs de cette lettre.

 

 

Division au sein des Ikhwan
Les Frères musulmans jordaniens ont toujours connu de profondes divergences internes depuis que le régime a réussi à semer la zizanie au sein du mouvement de Hassan al-Banna. Mais cette fois, ce ne sont pas les autorités qui ont créé ces troubles mais plutôt les graves conflits qui opposent les dirigeants des Ikhwan sur l’opportunité de boycotter les prochaines élections législatives. En effet, les faucons avaient réussi à imposer leur décision de ne pas présenter de candidats tant que le gouvernement n’a pas modifié la loi électorale, et tant que le palais royal n’a pas présenté des réformes constitutionnelles. Mais c’est peine perdue puisque le roi Abdallah Ben al-Hussein a ordonné à son nouveau Premier ministre de prendre les mesures nécessaires pour l’organisation des élections début 2013. Résultat, les Ikhwan qui rêvaient de former le nouveau gouvernement, seront complètement absents de la nouvelle Assemblée législative.

 

 

 

 

 

Le tribalisme, toujours d’actualité
La tribu des Obeidat est considérée comme l’une des plus influentes et des plus grandes du royaume hachémite. C’est ce qui explique le fait que de nombreux ministres et ambassadeurs sont choisis dans ses rangs. Or la dernière nomination n’est pas passée inaperçue et a même été très mal prise par les membres du clan. En effet, Walid al-Obeidat, choisi par le roi comme nouvel ambassadeur en Israël, a dû faire face à la fureur de ses proches. Ces derniers l’avaient menacé qu’au cas où il accepterait ses nouvelles responsabilités, ils l’excluraient de la tribu. Mais le nouvel ambassadeur a fait savoir que, pour lui, servir son pays était plus important que servir sa tribu et qu’il obéirait aux ordres du roi sans aucune hésitation.
 

 

 

 

 

Benkirane insulté
Le Premier ministre marocain, l’islamiste Abdelilah Benkirane, s’est trouvé en opposition directe avec son allié Hamdi Shbat. Ce dernier, mis sous la pression de ses partisans pour effectuer un remaniement ministériel, a été confronté au refus du Premier ministre. Résultat, au cours d’une réunion de la majorité parlementaire, Shbat a menacé de se retirer du gouvernement si ses demandes n’étaient pas satisfaites. Face à ces menaces, Benkirane n’a pas réagi, assurant que tout remaniement ministériel devait émaner d’un désir commun exprimé par tous les partis qui forment son cabinet. Des analystes ont souligné que l’actuelle majorité pourrait s’effondrer car rien ne liait ses composants sinon le désir de participer au pouvoir. Entre-temps, le roi Mohammad VI, qui apprécie très peu son nouveau Premier ministre, guette avec attention le dénouement de cette nouvelle crise politique.

Mais où est le Baas?
Depuis l’éclatement de la crise politique et militaire en Syrie, il est devenu évident que le rôle du parti Baas au pouvoir est plus qu’inquiétant. Face aux manifestations et aux protestations, organisées par les forces d’opposition, le parti au pouvoir en Syrie depuis 1963 n’a pu rassembler que quelques milliers de personnes. De plus, il a perdu sa place primordiale dans la nouvelle Constitution, sans que cela ne provoque des protestations ni même des réactions. Vu la descente aux enfers du parti créé par Michel Aflak, il n’était pas étonnant de voir le Front des forces nationales et progressistes en Syrie, un allié du Baas, tenir une réunion sans la participation de ce dernier. Le Baas n’est plus qu’un souvenir très douloureux au Levant.

Tonton n’est pas content
Le président soudanais, le général Omar Hassan al-Bachir, qui avait pris le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, fait face à la colère de ses concitoyens. Pour cause: la situation économique déplorable du pays. Mais à la surprise générale, ce ne sont pas juste ses opposants qui se plaignent de cette situation catastrophique, mais aussi son propre oncle. En effet, Al-Tayeb Mustafa, oncle du président actuel, a demandé que son neveu ne se présente pas lors des prochaines élections présidentielles. Le mouvement islamiste soudanais au pouvoir depuis le renversement du gouvernement démocratiquement élu en 1989, cherche un nouveau candidat pour remplacer le président Al-Bachir. Ali Othman Taha, actuel vice-président, serait un successeur probable vu son statut et son autorité dans le parti au pouvoir. Il n’est pas sûr que ce scénario plaise aux généraux de l’armée, les relations de Othman Taha avec les officiers étant quelque peu tendues.

500 millions de dollars est le montant des transactions douteuses et des transferts d’argent effectués par la Banque centrale irakienne cette année. Cette affaire aurait provoqué l’éviction du gouverneur Sannan al-Shabibi. Selon le Premier ministre Nouri Al-Maliki, le gouverneur aurait personnellement bénéficié de ces importantes sommes d’argent pour s’enrichir, ce qui expliquerait la décision de le chasser de son poste et de l’arrêter. Mais ces accusations n’ont pas convaincu toute la classe politique irakienne. Beaucoup considèrent que Maliki souhaitait juste se débarrasser du gouverneur, considéré trop proche de ses détracteurs au sein de la Liste irakienne. Pour rendre la situation encore plus confuse, le gouverneur a appris qu’il avait perdu son poste alors qu’il se trouvait en visite officielle au Japon. Il a dû retourner de toute urgence à Bagdad pour ne pas être accusé d’avoir fui le pays!

8,5 milliards de dollars de pertes auraient été évitées par Alger. Selon les responsables algériens, le pays aurait perdu 2,5 milliards de dollars entre 2005 et 2009, du fait de l’accord douanier conclu avec l’Union européenne. Un officiel algérien a même noté qu’une simulation avait démontré que l’Algérie aurait perdu 8,5 milliards de dollars, si ce n’était l’ajournement de la suspension des tarifs douaniers avec l’Union européenne. Les responsables algériens, qui avaient fait, en début d’année, marche arrière préférant geler ces accords, semblent avoir gagné leur pari. Et, cerise sur le gâteau, le président Abdelaziz Bouteflika aurait ordonné que son pays accorde un prêt de 5 milliards à la Banque mondiale. Du jamais vu! Le président veut ainsi lancer un message fort, assurant que la situation économique de son pays était stable, tout en démontrant à l’Europe que le «pays du million de martyrs» ne voyait plus dans la coopération avec L’UE une priorité. Les dirigeants algériens ne cessent de louer les nouveaux accords conclus avec la Chine, l’Inde et la Russie, autant de marchés en pleine expansion.

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