Magazine Le Mensuel

Nº 2872 du vendredi 23 novembre 2012

Affaire Déclassée

Le Liban de 1984-1988. La série noire des enlèvements

Les années 1984-1988 ont été marquées au Liban par une série de prises d’otages. Soviétiques, Français, Américains et d’autres nationalités n’y ont pas échappé. Leur libération a pris du temps et soulevé de nombreuses questions.

En janvier 1985, le chargé d’affaires suisse est enlevé et relâché quatre jours plus tard. En février c’est l’Américain Jeremy Levin qui est libéré.
Le 16 mars 1985, l’enlèvement de Terry Andersen, directeur régional de l’Associated Press, est suivi, le 22 mars 1985, par celui des deux diplomates français Marcel Fontaine et Marcel Carton. Ils sont libérés en même temps que d’autres, dont le journaliste français Jean-Paul Kauffmann, en 1988. Selon la presse, la crise a été réglée dans le cadre du contentieux entre Paris et Téhéran concernant le consortium d’enrichissement d’uranium Eurodif.
Ces enlèvements sont revendiqués par l’organisation intégriste libanaise du Jihad islamique qui exige la fin de l’aide française à l’Irak, alors en guerre contre l’Iran.
Le nombre des enlèvements atteint neuf en mars. Le 1er avril 1985, le jésuite Nicolas Kuiters est enlevé et assassiné. D’autres rapts de ressortissants américains sont enregistrés.
Le 30 septembre, quatre diplomates soviétiques sont kidnappés. Deux jours plus tard, l’un d’entre eux, Arkadi Katkov, secrétaire consulaire, est tué et ses ravisseurs menacent de faire subir le même sort aux trois autres, en riposte aux combats qui se déroulent à Tripoli entre l’armée syrienne et le Fateh de Yasser Arafat. Les ravisseurs demandent que «l’assaut des athées et incroyants contre la ville musulmane de Tripoli» cesse. Un accord conclu le lendemain met fin aux combats de Tripoli. L’affaire de l’enlèvement des Soviétiques est réglée par la force ALFA, une unité du KGB. Des proches des preneurs d’otages sont tués après l’assassinat de Katkov. Les autres otages sont libérés rapidement le 30 octobre.
Le 3 octobre, le Jihad islamique annonce avoir exécuté William Buckley, troisième secrétaire auprès de l’ambassade américaine de Beyrouth, enlevé le 16 mars 1984.
D’autres kidnappings suivent en 1986. En mars, c’est une équipe d’Antenne 2, qui filmait une manifestation du Hezbollah, qui est prise en otage. Il s’agissait de Philippe Rochot, Georges Hansen, Aurel Cornéa et Jean-Louis Normandin. Le Jihad islamique réclame le retour en France de deux opposants irakiens expulsés par Paris vers Bagdad, un mois plus tôt, l’arrêt de l’aide française à l’Irak et celui de l’immixtion de Paris dans les affaires de l’Iran. Les deux premiers otages sont libérés en juin, Aurel Cornéa en décembre de la même année et Jean-Louis Normandin le 27 novembre 1987, en même temps qu’un autre journaliste, Roger Auque, enlevé en janvier 1987.
Entre-temps, deux autres Français sont enlevés et libérés à Beyrouth: Marcel Coudar, et le 9 mai 1986, Camille Sontag. Ce dernier, âgé de 84 ans, était un ancien cadre de Peugeot et Citroën.
En avril 1986, quatre otages sont exécutés en riposte à la crise qui opposait la Libye et les Etats-Unis. C’étaient trois Britanniques, John Leigh Douglas, professeur à l’AUB, Philip Ralph Pattfield, enseignant dans une école privée, le journaliste Alec Collett et l’Américain Peter Kilburn, bibliothécaire à l’AUB.
Le 17 avril de la même année, le cameraman britannique John McCarthy est enlevé sur la route de l’aéroport de Beyrouth.  
Entre 1984 et 1985, soixante et un étrangers sont enlevés, neuf sont morts, trente-deux sont libérés en 1986. Les autres ont dû attendre 1988 pour que leur affaire soit réglée. Il y avait neuf Français, quatre Américains, deux Britanniques, deux Chypriotes, un Irlandais, un Sud-Coréen et un Italien.   
Les responsables des enlèvements n’ont jamais été inquiétés. On avait évoqué des négociations qui auraient été menées entre les gouvernements et les ravisseurs qui ont abouti au bout de quelques années à la libération de certains d’entre eux.

Arlette Kassas
 

Les informations de cet article sont tirées de Wikipédia, des articles sur Internet et du Mémorial du Liban: mandat d’Amine Gemayel de Joseph Chami

Y a-t-il eu des rançons?
En novembre 1986, des rumeurs circulent que les présidents français Jacques Chirac et américain Ronald Reagan auraient négocié la libération des otages français et américains. On avait accusé le président Reagan d’avoir violé l’embargo sur la livraison d’armes à l’Iran, et d’avoir livré des armes à ce pays en échange de cette libération. Le président Chirac, lui, est accusé d’avoir payé de fortes rançons pour la libération des otages.  

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