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Nº 2875 du vendredi 14 décembre 2012

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Farid Makari, vice-président du Parlement. «On m’a conseillé de quitter le Liban»

De Paris où il se trouve, par précaution, après avoir reçu des mises en garde, Farid Makari assure que le 14 mars remportera les prochaines élections. Le vice-président du Parlement tire à boulets rouges sur le Hezbollah et Michel Aoun et ménage Nabih Berry.

Vous vous trouvez à Paris. Avez-vous reçu des menaces à l’instar du mufti de Tripoli et du Nord, Malek Chaar?
En fait, j’ai reçu des mises en garde provenant de sources sécuritaires et politiques qui m’ont conseillé de quitter le Liban. Je suis donc venu à Paris. Si cela ne tenait qu’à moi, je serais resté et advienne que pourra. Mais je considère que la sauvegarde de la vie de chacun des membres du 14 mars est une responsabilité, afin de ne pas permettre aux ennemis du Liban d’exécuter des assassinats pour renverser l’équation encore une fois. En juin 2013, le 14 mars remportera les élections quelle que soit la loi électorale.

Les présidents et rapporteurs des Commissions parlementaires et les membres du bureau du Parlement du 14 mars ont approuvé la poursuite des travaux de la Sous-commission de suivi, issue des Commissions mixtes. Quel est votre avis?
Telle a été notre position dès le premier jour. Nous n’avons fait aucune objection quant aux réunions de la Commission de suivi tant que le gouvernement en est absent. Le seul empêchement est le danger que courent les députés du 14 mars. Nous sommes attachés à œuvrer pour l’adoption d’une nouvelle loi électorale et l’organisation des législatives selon le calendrier prévu, parce que nous sommes confiants que ces élections vont rectifier le déséquilibre actuel provoqué par les «chemises noires» et redynamiser la révolution du Cèdre. C’est l’autre camp qui craint l’échéance constitutionnelle et qui veut la contourner pour maintenir ce gouvernement en place. De toute façon, nos députés vont se concerter avec le président Berry une deuxième fois, sachant que la proposition qu’il leur a faite à Aïn el-Tiné était excellente. J’émets aussi des réserves sur la proposition concernant la convocation des Commissions en l’absence des ministres. Parce que la majorité des ministres ne participent pas aux travaux mais se font représenter… Ce qui équivaut à dire que le gouvernement sera indirectement présent.

Vous vous êtes, paraît-il, excusé auprès du président Berry de ne pouvoir présider la Commission de suivi. Pourquoi?
Lorsque le président Berry m’a contacté pour me parler de cette Commission, je lui ai dit que je n’étais pas contre la tenue de ses réunions. Mais je me suis excusé de ne pouvoir y participer en raison de ma présence à l’étranger. Je lui avais dit qu’il pouvait nommer pour cela l’aîné des députés ou encore le président de la Commission de l’Administration et de la Justice ou celui de la Défense et des Municipalités. Ainsi, cette Commission pourra se réunir, mais il reste le facteur sécuritaire. Plusieurs des députés du 14 mars sont menacés et ne sont pas disposés à offrir leur vie aux criminels…

Pourquoi le 8 mars craint-il les élections?
Parce que notre réussite en 2013 complétera la révolution du Cèdre. Quelle que soit la loi, les résultats ne leur seront pas favorables, à moins d’adopter la proportionnelle qu’ils ont conçue à leur mesure. Quoi qu’il en soit, ils continueront à vouloir être dominants. Nous avons gagné en 2005 et en 2009 et ils ont usurpé le pouvoir. Ils veulent prouver qu’ils gouvernent par des moyens politiques alors qu’ils gouvernent par la force des armes.

Si jamais les Commissions n’arrivent pas à se réunir, est-ce la loi de 1960 qui sera appliquée?
Non, même la loi de 1960, selon les propos du ministre de l’Intérieur, doit être amendée pour que les émigrés aient la possibilité de voter.

Votre avis sur la dernière position du général Aoun qui a déclaré préférer le mode de scrutin basé sur la circonscription unique?
Bizarre. Il réclamait la proportionnelle telle qu’approuvée par le gouvernement ou alors le Projet orthodoxe… S’il commence à vouloir la circonscription unique, c’est qu’il a cédé aux volontés du Hezbollah et consorts…

Est-il possible d’élire un patriarche orthodoxe libanais? Y a-t-il une influence quelconque du régime syrien sur l’élection d’un nouveau patriarche?
Peu importe qu’il soit syrien ou libanais. Ce patriarcat est responsable de la communauté orthodoxe dans les deux pays. Je connais mieux, pour ma part, les évêques libanais, l’un d’entre eux m’est particulièrement cher et il jouit d’une envergure équivalente à dix patriarches. J’ai nommé Mgr Elias Audeh. Mais cette affaire relève de l’Eglise, et si nous devons la considérer sous l’angle régional, la possibilité que le nouveau patriarche soit syrien est plus plausible parce que la majorité des évêques le sont. Le choix est du ressort du concile d’Antioche. J’espère qu’ils choisiront la bonne personne pour occuper cette haute position. Mais il est important qu’elle ne soit pas liée au régime syrien. Je ne dis pas forcément opposée au régime, mais au moins pas de sa fabrication. Malheureusement, il existe des évêques qui portent ce qualificatif.

Propos recueillis par Saad Elias

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