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Nº 2891 du vendredi 5 avril 2013

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Opération Cèdre bleu. La France et le Liban débarquent à Jounié

Du 6 mars à la fin du mois de juillet 2013, le groupe amphibie Jeanne d’Arc, constitué par le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre et la frégate anti-sous-marine (Fasm) Georges Leygues, sera déployé en océan Atlantique, en mer Méditerranée, puis en océan Indien et en mer de Chine méridionale. A cette occasion, les 134 officiers-élèves effectueront leur stage annuel d’application à la mer. Beyrouth est leur première escale.

Mardi 26 mars, 10h30, dans les barges de débarquement – les militaires vous diront CTM – le deuxième régiment d’infanterie de la légion étrangère est prêt à débarquer sur la plage de Jounié. Le signal est donné. Un groupe d’environ 75 prisonniers terroristes évadés de la prison de Roumié s’est installé dans la région de Maameltein. Après avoir reçu une aide extérieure, ils préparent une fuite par voie maritime vers des régions plus sûres. Ils seraient équipés de fusils individuels, d’explosifs et de moyens de télécommunication. Un patrouilleur et quelques vedettes devraient les assister. L’action interarmées franco-libanaise doit permettre de les éliminer avant. Une compagnie mécanisée et ses véhicules, une compagnie aéromobile avec sept hélicoptères de type Gazelle, un avion Cessna, un détachement de cinquante commandos de la marine, deux engins de débarquement d’infanterie et de chars et trois embarcations côtières de types patrouilleur et vedette sont déployés sur le rivage par l’état-major libanais, en collaboration avec le groupe amphibie de la mission française Jeanne d’Arc. Après une reconnaissance aérienne, la marine tente un premier nettoyage de la plage, les Gazelle arrivent rapidement en soutien et terminent le travail. L’ensemble de l’opération est dirigée depuis le BPC Tonnerre. Le débarquement des forces terrestres peut débuter dans des conditions apaisées. Les équipes de déminage au premier rang, les troupes avancent. Les forces aériennes héliportent d’autres fantassins à proximité de la zone de conflit. Une évacuation médicale est opérée. Au bout d’une heure et demie, l’ennemi est maîtrisé, la coopération franco-libanaise est parvenue à prendre une tête de pont.
Si tout ne s’est pas exactement passé comme prévu, l’opération interarmées demeure un franc succès. Un soldat me confie que si une grosse erreur est avérée, le responsable pourrait passer quelques jours en prison.
Le général Jean Kahwagi, commandant en chef de l’Armée libanaise, Patrice Paoli, ambassadeur de France au Liban, et les multiples dirigeants et représentants des services libanais de sécurité et de commandement qui ont assisté à la manœuvre sont ravis d’évaluer la qualité de la coopération. Le commandant du BPC Tonnerre, Jean-François Quérat, réitère son attachement à une telle coordination. «Cette opération, dit-il, constitue notre unique escale en Méditerranée. Et cela donne une idée de l’importance de la coopération, très ancienne, entre les forces armées libanaises et la Marine française. Cela explique aussi pourquoi l’exercice se passe remarquablement bien. C’est une manœuvre que nous préparons en fait depuis longtemps». Selon le directeur de l’exercice, le général de brigade Georges Nader, c’est la lutte contre le terrorisme, «cet ennemi commun des nations libres qui partagent valeurs et concepts démocratiques».
Mais l’objectif principal de la Marine française, c’est la formation de ses élèves-officiers. C’est la vocation de la mission Jeanne d’Arc. Pour le dernier semestre de leurs cinq ans de formation, les élèves officiers de l’Ecole navale de Lanvéoc partent en mer durant cinq mois à bord du BPC Tonnerre. Le bâtiment, que son commandant qualifie de «couteau suisse» pour la grande variété de son champ d’action, est parfaitement adapté. Les élèves vivent l’expérience aux côtés de leurs instructeurs. Ces derniers sont plus d’une dizaine et représentent tous les corps de métier de la Marine. Entre les cours, les futurs officiers mettent en pratique leurs connaissances académiques et participent avec de plus en plus d’autonomie aux missions dont est chargé le Tonnerre. L’année prochaine, après un dernier stage, ils seront envoyés pour de bon en poste sur un navire de la Marine.

L’escale à Beyrouth est devenue un rituel pour la mission Jeanne d’Arc. L’année passée, c’est à bord d’un autre BPC, le Dixmude, aujourd’hui en Afrique dans le cadre de la mission Serval, que les élèves officiers se sont arrêtés à Beyrouth.
Après Beyrouth, destination la Jordanie, l’Arabie saoudite et Djibouti pour la suite des projets de coopération régionale. Dans l’océan Indien, les élèves seront confrontés à la piraterie et participeront pleinement à l’opération Atalante. Dans la mer de Chine, il s’agira d’apporter un soutien diplomatique et commercial. L’année prochaine, ne ratez pas ce monstre des mers amarré sur les quais du port de Beyrouth.

Antoine Wénisch

Fasm Georges Leygues, fiche technique                
Admission au service actif: 1979.
Déplacement: 4500 tonnes à pleine charge.
Longueur: 139 mètres.
Largeur: 14 mètres.
Tirant d’eau: 5,70 mètres.
Deux moteurs diesels et deux turbines à gaz d’une puissance de 52000 CV. Vitesse: 30 nœuds.
 Détection:
– anti-sous-marin: un radar de coque ( DUBV23) et son sonar remorqué (DUBV43).
-antiaérien: un radar de veille air ( DRBV 26).
-antinavire: un radar de veille combiné ( DRBV51).
Armement:
-anti-sous-marin : torpilles L5.
-antiaérien: missiles crotales, Simbad/Mistral, canon 100mm.
-antinavire: missiles Exocet MM38.
Effectifs de 195 personnes:
– 18 officiers.
– 107 officiers mariniers.
– 70 quartiers-maîtres et matelots.


BPC Tonnerre, fiche technique
Admission au service actif: 2005.
Déplacement: 21600 tonnes en moyenne.
Longueur: 199 mètres.
Largeur: 32 mètres.
Tirant d’eau: 6, 20 mètres.
Propulsion électrique par Pods
vitesse: 18 nœuds.
 Autonomie: 11 000 nautiques à 15 nds.
 Armement:
– 4 mitrailleuses de 12, 7 mm.
– 2 canons de 20 mm.
– 2 affûts double lance-missiles Simbad.
 Installations amphibies:
– 4 chalands de transport de matériel (CTM)
ou 2 hydroglisseurs type LCAC ( Landing Craft Air Cushion) ou EIDA-R (engin de débarquement amphibie).
Installation aviation:
– capacité d’embarquement de 16 hélicoptères lourds. (Tigre- Caïman marine).    
– 6 spots hélicoptères.
– 2 plateformes élévatrices.
– pont d’envol de 5200 m2.
– Hangar hélicoptères de 1800 m2.
 Troupes embarquées:
– 110 véhicules blindés parqués 2650 m2 de hangars, (ou 13 chars lourds).
– Habitabilité et confort d’un standard élevé pour 450 fantassins.
– 1 salle de sport.
– 1 hôpital avec 2 blocs opératoires, 1000 m2 et 75 lits.

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