Magazine Le Mensuel

Nº 2905 du vendredi 12 juillet 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

La faute au lobby sioniste
Selon le vice-Premier ministre turc Beşir Atalay, proche de Recep Tayyip Erdogan, les protestations qui ont eu lieu à travers le pays ont été financées et orchestrées par le lobby sioniste. Le ministre a ajouté: «Les incidents du parc Gezi ont été provoqués par la diaspora juive qui souhaite voir notre gouvernement tomber». Quelques jours auparavant, Erdogan en personne accusait un lobby sans le nommer de financer ses opposants. Difficile de croire ces accusations, vu que plus de 2,5 millions de Turcs avaient occupé les principales places du pays, le 31 mai dernier, agacés et frustrés par la politique du gouvernement islamiste depuis sa prise du pouvoir il y a près de neuf ans.  

     

Rabat vers plus de souplesse
Des analystes ont noté que le Maroc a opté pour une politique plus souple envers le Sahara occidental. Rabat a ainsi accepté de faciliter le déplacement des familles sahraouies, séparées en 1976, suite au retrait des forces espagnoles de la région. C’est la première fois, depuis 2004 et les accords signés à Genève, qu’un tel progrès est enregistré, permettant à 20000 personnes de se réunir. Cette nouvelle attitude marocaine serait due à des pressions américaines et à la montée de l’islam radical au Maghreb. Les Sahraouis se mettent à rêver de nouveau de voir leur voisin marocain reconnaître leur indépendance et leur souveraineté.        

Liamine Zéroual ancien président de la République algérienne, vient de refuser les demandes qui lui ont été adressées pour accepter d’occuper à nouveau le plus haut poste du pays. En effet, face à des centaines de manifestants venus le supplier de retourner en politique, il a réaffirmé son souhait de rester à l’écart. Rappelons qu’en 1997, Zéroual avait organisé et programmé les élections présidentielles sans pour autant se présenter, permettant ainsi la victoire de Abdel-Aziz Bouteflika. De plus, l’ancien président est le seul à avoir quitté son poste de plein gré depuis l’indépendance du pays en 1962 et, contrairement à ses successeurs, il a toujours maintenu son indépendance vis-à-vis de l’armée. L’institution militaire est considérée comme le vrai centre du pouvoir capable de détrôner tout président qui ose la défier.  

Mahmoud Ahmadinejad le président iranien sortant, vient de faire une déclaration pour le moins fracassante. Selon lui, durant les huit années de son règne, l’Iran a connu le plus haut niveau de respect des droits de l’homme. «Sous la République islamique, jamais le pays n’a connu tant de liberté et de respect des droits de l’homme que durant mes deux mandats présidentiels». Rappelons que suite à sa réélection en 2009, des milliers d’opposants ont été arrêtés et ses deux principaux rivaux, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, sont toujours assignés à domicile, sans avoir été jugés.  
   
En pointillé…
Le nouvel émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, n’a pas perdu de temps en évinçant en un clin d’œil l’ancien homme fort du pays, Hamad Ben Jassem. En effet, après la nomination de l’ennemi juré de Hamad au poste de Premier ministre, l’émir a ordonné que l’ancien ministre des Affaires étrangères soit remplacé au poste de vice-président du conseil d’administration du Qatar Investment Authority, le fonds d’investissement souverain du Qatar, par son demi-frère cheikh Abdallah. A Doha, les observateurs ont noté que Hamad avait été prié de quitter le pays pour passer le restant de ses jours entre Londres et New York. C’est ce qui explique son absence très remarquée lors de la visite de plusieurs chefs d’Etat à Doha afin de féliciter le nouvel émir. La vengeance de cheikha Moza, la mère du nouveau souverain, n’a vraiment pas de limites.    

Alep se vide de ses habitants
Alep, deuxième ville de Syrie après la capitale Damas, est le théâtre depuis plus d’un an de combats acharnés entre les forces loyales au régime du président Bachar el-Assad et les rebelles armés. Mais depuis quelques mois, ce sont les islamistes radicaux qui ont pris le contrôle de la région jusqu’alors contrôlée par l’Armée syrienne libre. Ainsi, les salafistes ont imposé la charia à tous les habitants, exigeant le port du voile et bannissant le maquillage pour les femmes. Sur Facebook, Ammar el-Qassem, un des caïds locaux très influents, a considéré que les musulmans étaient censés respecter certaines mœurs, ajoutant que toutes les femmes, musulmanes ou pas, ne pouvaient plus sortir vêtues d’une manière provocante. A la suite de ces pratiques, il n’est pas surprenant de voir l’exode massif des habitants d’Alep des régions sous le contrôle des rebelles vers l’autre camp.

Le bloc sadriste sous pression
Qusay el-Suheil, numéro deux du Parlement irakien, qui avait présenté sa démission répondant aux ordres de son chef Moktada el-Sadr, vient de se rétracter. Selon le député, l’intérêt du pays et les conseils qui lui ont été adressés par plusieurs responsables chiites l’ont poussé à reconsidérer sa position. Fureur de Moktada el-Sadr, qui n’a pas apprécié «la lâcheté et la déloyauté» de Suheil, qu’il a exclu sur-le-champ de son bloc en l’accusant d’avoir trahi ses électeurs. Ce scénario n’aurait pas été envisageable quelques mois auparavant, mais l’incertitude et les faux pas de Sadr lui ont fait perdre une grande partie de son autorité et de son charisme. Le premier à bénéficier de cette situation est sayyed Kazem el-Haeri, un religieux chiite appuyé par l’Iran, qui monte en puissance.

Prolongation du mandat de Barazani
Massoud el-Barazani, président de la province semi-indépendante du Kurdistan, dont le mandat prend fin en 2013, souhaitait, contrairement à la Constitution, se voir réélire pour un quatrième mandat consécutif. Mais face aux remous provoqués par ce scénario, les responsables kurdes ont trouvé un compromis: le Parlement accorderait deux années de plus à Barazani au lieu des quatre prévues. C’est chose faite depuis l’accord conclu avec le parti de Jalal Talabani afin d’éviter un nouveau conflit pouvant coûter très cher à la communauté kurde, qui est en mauvais termes avec Bagdad sur un grand nombre de dossiers. Des sources à Arbil rapportent que Barazani aurait accepté cette prolongation de deux ans en échange de la promesse de voir son fils se présenter comme candidat unique pour succéder au président irakien dont l’état de santé est très mauvais. Pas sûr cependant que tout se passe comme prévu, puisque le Premier ministre Nouri el-Maliki préférerait voir Barham Saleh occuper ce poste honorifique qui a perdu depuis la chute de Saddam Hussein tout son prestige.        

Dernier round entre Hadi et Saleh
Au Yémen, les parlementaires ont décidé de renouveler leur propre mandat, la situation dans le pays ne permettant pas l’organisation d’élections libres et transparentes. En réalité, la vraie raison qui a poussé le président Abed-Rabbo Mansour Hadi à maintenir la Chambre actuelle est le conflit qui l’oppose à son prédécesseur Ali Abdallah Saleh. Entre-temps, le chef du Législatif, Yahia el-Rahi, un des hommes de confiance de Saleh, tente de renverser le gouvernement actuel présidé par Mohammad Salem Basindwa, ennemi juré de l’ancien dictateur du pays. Des sources à Sanaa craignent que les tensions entre les deux camps n’atteignent le point de rupture, ce qui signifierait l’échec du plan de paix présenté par les pays du Golfe. Un scénario catastrophe qui replongerait le pays dans la guerre civile.

Une discussion qui tourne mal
Les médias palestiniens ont révélé les détails des discussions et tractations qui ont eu lieu dans les coulisses entre le président palestinien Mahmoud Abbas et son Premier ministre Rami el-Hamdallah. Ainsi, lors de la dernière rencontre des deux hommes, des insultes personnelles ont été échangées et la réunion supposée les réconcilier les a séparés à tout jamais. Abou Mazen s’en est pris à Hamdallah, qui a désigné pour porte-parole de son gouvernement Ehab Bsisso, sachant que ce dernier est considéré comme l’homme de confiance de Mohammad Dahlan, ennemi juré du président palestinien. Face à ces critiques, Hamdallah a refusé de poursuivre la discussion, quittant bruyamment la salle de réunion malgré les efforts et les tentatives d’Al-Tayyib Abdel Rahim, secrétaire général de la présidence, de calmer le jeu. Le poste de Premier ministre palestinien vaut-il vraiment toutes ces tractations, les véritables pouvoirs résidant entre les mains du président?
                   
24 est le nombre d’années passées au pouvoir par Omar Hassan el-Bachir qui vient de commémorer le coup d’Etat militaire qui lui a permis de renverser le gouvernement démocratiquement élu d’Al-Sadeg el-Mahdi. Le général Bachir a ainsi atteint le record de longévité au pouvoir au Soudan depuis l’indépendance acquise en 1956. Pourtant, cet anniversaire n’a été marqué d’aucune festivité, Khartoum connaissant les pires moments de son histoire avec la sécession du Sud, l’écroulement des accords de paix signés en 2005 et, surtout, la perte des revenus de l’or noir qui permettaient au régime de maintenir un semblant de stabilité. Entre-temps, les portes de Washington se sont refermées devant Bachir après le retrait de l’invitation adressée par l’Administration américaine à Nafel Ali Nafeh, l’assistant du président, pour visiter les Etats-Unis, en protestation contre le refus de Khartoum de tenir parole au sujet de l’exportation du pétrole provenant de Juba. Les Sudistes avaient pourtant tendu la main en envoyant le vice-président, Riek Machar, dans la capitale du Nord pour tenter de remettre les choses en ordre. Mais sans succès.

96 voix ont été obtenues par Nouri Abusahmain, nouveau chef du Parlement libyen. Cet homme politique est ainsi le premier Amazigh à occuper un poste aussi important. Ceci prouve que le pays s’est enfin libéré des restrictions imposées par Mouammar Kadhafi. L’ancien leader du pays avait tout fait, pendant 40 ans, pour forcer les Amazighs à s’arabiser, les tenant à l’écart de la société et leur refusant tout accès à l’armée, la police et toute autre institution publique. Originaire des régions est du pays, le nouveau président est connu pour sa modération. Il impose aux milices rebelles d’abandonner leurs armes. Son prédécesseur avait jeté l’éponge car il n’avait pas réussi à forcer les miliciens à intégrer l’armée et la police.

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