Magazine Le Mensuel

Nº 2921 du vendredi 1er novembre 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Aoun à Aïn el-Tiné?
L’Assemblée nationale, malgré l’ouverture de sa deuxième session ordinaire, reste paralysée depuis que les députés ont prorogé leur mandat pour une période de dix-sept mois. Chaque camp reste sur ses positions et l’impasse demeure sans issue malgré la nouvelle page ouverte entre le Courant patriotique libre (CPL) et le président de la Chambre, Nabih Berry, après une période de tension. Des milieux proches du 8 mars parlent même d’une éventuelle visite du général Michel Aoun à Aïn el-Tiné.

La bataille de Qalamoun se prépare
L’armée syrienne, épaulée par les combattants du Hezbollah et de la garde révolutionnaire, s’apprête à la bataille de Qalamoun, à la frontière libanaise, que le régime de Damas considère déterminante, à la veille de la réunion de Genève II – à l’instar de celle de Qoussair auparavant – pour renforcer ses positions dans les négociations. Les responsables russes et américains œuvrent au maintien du statu quo militaire, et certains gouvernements occidentaux redoutent que la bataille qui se prépare ait des incidences négatives sur le congrès en gestation. Le 14 mars craint pour sa part que la bataille de Qalamoun ne vise la chute de Ersal, ce village qui sert de base de confrontation entre l’armée syrienne et l’opposition.

Cabinet et distanciation vont de pair
Les autorités occidentales appuient la création d’un gouvernement au Liban, à condition qu’il bénéficie de l’appui de tous. C’est ce que rapporte un diplomate libanais de retour d’une tournée dans certaines capitales européennes. Les responsables dans ces pays sont, par contre, attachés à la politique de distanciation et pensent que si le Hezbollah désire faire partie de la future équipe, il doit tout d’abord retirer ses combattants de Syrie et respecter la déclaration de Baabda. Le président Tammam Salam pourrait finir, selon un diplomate, par former un cabinet du fait accompli en accord avec le président Michel Sleiman, mettant les différentes parties face à leurs responsabilités.

Débats stériles entre Berry et Siniora
Aucun résultat tangible des concertations entre les présidents Nabih Berry et Fouad Siniora. La situation est restée au point mort tant sur le plan des séances parlementaires que sur celui de la formule gouvernementale. Malgré cela, l’ex-Premier ministre a déclaré qu’il rencontrera à nouveau le président de l’Assemblée pour poursuivre le dialogue. Les sources du 8 mars font assumer la stagnation politique à Siniora qui s’entête surtout sur la question gouvernementale. Elles estiment qu’il existe une divergence de vues sur plus d’un dossier entre ce dernier et le président Saad Hariri. Berry, selon un député du 14 mars, tente de jouer sur les contradictions entre les deux ex-Premiers ministres alliés.

Défense et Intérieur: le choix du président
Un parlementaire de la coalition du 14 mars insiste auprès du Premier ministre désigné, Tammam Salam, pour que les portefeuilles sécuritaires (Défense et Intérieur) soient confiés aux ministres choisis par le président Michel Sleiman. Ces deux ministres, ajoute la source, devraient être exclus du processus d’alternance auquel semble attaché le président du Conseil désigné, Tammam Salam, afin que le chef de l’Etat puisse faire son choix sans contrainte aucune. Des milieux diplomatiques préfèrent, eux aussi, que la Défense et l’Intérieur soient gérés par des indépendants non alignés au 14 ou au 8 mars.

Réconciliation Rabié-Bnechaï
Le général Chamel Roukoz, chef de l’unité des commandos de l’Armée libanaise, a réuni autour d’un dîner le général Michel Aoun et le chef des Marada, Sleiman Frangié, dans le but de briser la glace et de réconcilier les deux alliés. La démarche devrait être complétée par une visite du ministre Gebran Bassil à Bnechaï. Le leader du Nord n’a pas tardé à annoncer, dans le cadre d’une interview, qu’il appuyait la candidature du général Aoun à la présidence. Selon les prévisions des proches du Courant patriotique libre, il n’est pas exclu que le général accompagne son gendre à Bnechaï pour tourner définitivement la page des malentendus.

Berry a oublié le chemin de Baabda
Cela fait longtemps que le président Nabih Berry a perdu l’habitude des concertations hebdomadaires avec le chef de l’Etat Michel Sleiman au palais de Baabda. Les milieux du chef du Législatif expliquent ce fait invoquant des raisons d’ordre sécuritaire, Berry ayant reçu une série de rapports provenant des organes sécuritaires lui demandant d’être très vigilant et d’éviter autant que possible de se déplacer, les menaces sur sa vie étant sérieuses. Mais les observateurs s’interrogent: comment le président de la Chambre peut-il se déplacer à Msayleh (sud) à la veille de l’Adha pour y séjourner durant la période des fêtes, et s’interdire d’emprunter le chemin qui mène à Baabda? Du côté du 14 mars, on présume que ce «boycott» serait dû à la tiédeur qui caractérise la relation actuelle entre les deux hommes, en raison du dossier gouvernemental.

Distribution de remerciements
Le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, poursuit ses efforts et mène des contacts avec la Syrie, le Qatar, la Turquie et une poignée de pays européens en vue de parvenir à la libération des deux évêques otages d’un groupe extrémiste à Alep, Boulos Yazigi et Youhanna Ibrahim. Ce dossier évolue dans un sens positif, comme le confirme une source ministérielle. Parallèlement, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, pourrait se rendre prochainement à Riyad, Doha et Istanbul pour remercier les responsables d’être intervenus en faveur des pèlerins d’Aazaz. Il avait d’ailleurs formulé ses remerciements à toutes les parties qui ont agi pour le dénouement heureux de cette affaire, en soulignant à cet égard le rôle du président Saad Hariri.

Menace takfiriste sur la Finul?
Une nouvelle vague de terroristes, en provenance d’Europe, devrait débarquer prochainement en Syrie. Une source non civile estime que l’échec des organes européens à arrêter «l’exportation» des takfiristes européens qui viennent y combattre, amplifie les risques d’infiltration de ces éléments au Liban. Certains d’entre eux, poursuit la source, n’ont même pas besoin de rentrer dans leurs pays d’origine pour y mener des actions terroristes. Leur champ de bataille étant quasi adjacent à l’espace de déploiement de quelques forces de l’Otan au Liban-Sud. Les pays occidentaux participant à la Finul minimisent le nombre de ces terroristes européens impliqués dans la guerre syrienne. Le vrai chiffre varie entre 2000 et 3000 éléments. La méfiance s’est intensifiée cependant après la publication de rapports prévoyant de possibles attentats contre les bases et les convois onusiens au Liban-Sud, les points de passage illégaux sur l’axe Beit Jinin-Chebaa et d’autres bourgades du Arkoub, ouverts à tous les vents, constituant une menace réelle pour l’espace de déploiement de la Force internationale.

Extrême tension à Aïn el-Heloué
La conjoncture sécuritaire dans le camp de Aïn el-Heloué devient insupportable et pourrait encore se dégrader. Une source palestinienne indique que la tension règne dans le camp, les partisans de l’ex-responsable palestinien, Mohammad Dahlan, ayant été accusés de l’assassinat du responsable du Fateh, Massaad Houjair, avant que ne soit pointé le groupe salafiste de Bilal Badr qui combat contre le mouvement Fateh dans le camp et qui bénéficie de l’appui du Hamas. Certains milieux palestiniens ont remarqué que l’assassinat de Houjair est survenu deux semaines avant une échéance fondamentale pour le Fateh, à savoir les élections de son commandement au Liban. Ces élections des responsables et membres des Iklims de Fateh à Beyrouth et dans la Békaa doivent se tenir le 3 novembre et dans les camps de Saïda et de Tyr, le 8 du mois. Selon les prévisions, l’Autorité palestinienne à Ramallah compte dépêcher des inspecteurs pour superviser le processus électoral sur place et s’assurer de la non-intervention de Dahlan au niveau du nouveau commandement Fateh au Liban. La famille de Houjair avait refusé de l’enterrer avant que les assassins ne soient livrés à la justice libanaise. Mais «le comité de suivi palestinien des forces nationales et islamiques» l’aurait convaincue de l’inhumer rapidement de peur d’une détérioration sécuritaire dans le camp.

Approches syriennes en direction de Joumblatt
Signes positifs en provenance de Syrie à l’adresse du député Walid Joumblatt via son vieil ami, le président Nabih Berry, et aussi via certaines instances syriennes druzes. Ces révélations sont faites par des sources progressistes qui disent que des signes sont parvenus au leader libanais de la Montagne après qu’il eut soutenu la formation d’un cabinet national consensuel qui respecte l’équilibre entre les différentes composantes du paysage politique. Mais, ajoutent les mêmes sources, les canaux de Joumblatt avec l’Arabie saoudite restent ouverts, puisqu’il a conservé des relations solides avec le chef des Renseignements, le prince Bandar Ben Sultan, à travers ses assistants chargés du suivi des relations saoudo-joumblattistes. Riyad, à ce stade, n’est pas gêné par le centrisme du chef progressiste, poursuivent ces sources. Les avances syriennes à Moukhtara coïncident avec les préparatifs en vue d’une vaste tournée que doivent effectuer des cheikhs et personnalités druzes de Hasbaya à Rachaya, Soueyda et aux villages druzes de Jabal el-Arab, ainsi qu’à l’ensemble de Jabal el-Cheikh pour s’enquérir de la situation de leurs coreligionnaires syriens suite aux attaques takfiristes lancées contre eux, qui ont fait des centaines de morts. Aujourd’hui, la situation à Jabal el-Arab est stable, les comités populaires ayant repoussé les éléments armés qui mènent des agressions contre les villages du Jabal à partir de Deraa et ses alentours dans la plaine du Houran.

L’aviation syrienne contre Tripoli?
Le cheikh Salem Raféï prétend avoir reçu des informations sur une possible intervention de l’aviation syrienne, si jamais le quartier alaouite de Baal Mohsen était investi par les combattants de Tripoli, selon des sources alaouites de la ville. C’est comme si le cheikh Raféï, qui dirige le comité des ulémas musulmans, cherchait à semer la haine communautaire dans la capitale du Liban-Nord. D’après les rapports de ces sources, le dignitaire et ses proches seraient responsables des crimes commis tous les jours dans plus d’un quartier de Tripoli où l’on contraint des familles alaouites à quitter leurs domiciles par la force des armes, d’où sont chassés les ouvriers alaouites, et où ont été brûlés des boutiques, cafés et voitures appartenant à des Tripolitains de cette communauté. Le même cheikh fait surveiller les entrées du quartier de Baal Mohsen par des éléments armés qui empêchent les étudiants et citoyens d’arriver à leur université ou au souk. Les sources disent que Raféï a diabolisé Baal Mohsen en prélude à une éventuelle attaque programmée contre ce quartier; il aurait menacé de recourir aux combattants de «Dahech» et du Front al-Nosra pour l’aider dans sa tâche.

 

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