Magazine Le Mensuel

Nº 2935 du vendredi 7 février 2014

Presse étrangère

La thèse de l’enlisement

Cette semaine, les médias régionaux et internationaux reviennent globalement aux fondamentaux de l’actualité libanaise, agrémentée de quelques bulles d’espoir.

AL-MONITOR
Pays: Etats-Unis.
Genre: site Internet.
Diffusion: 16500 visiteurs par jour.

Créé en 2012 par le président du Levant Foundation, l’investisseur américain d’origine syrienne, Jamal Daniel.
Le site Internet d’informations fait le point sur la nouvelle politique des Etats-Unis dans la région.
Pour la première fois depuis de nombreuses années, l’ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth a effectué une série de contacts internes et externes sur la situation au Liban, sans être critiqué ou être accusé d’ingérence dans les affaires intérieures du pays. C’est peut-être même la première fois depuis le début des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et le Liban que Washington perd son «visage hideux». Et on peut même aller jusqu’à dire qu’il y a un consensus, même non exprimé, sur le fait que Washington agit dans le bon sens.
Les sunnites libanais, par exemple, ont positivement réévalué leur attitude à l’égard de Washington depuis l’assassinat de leur dirigeant le plus important, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Pour leur part, il a fallu du temps aux chrétiens libanais pour se réconcilier avec leur «ami américain». Cependant, l’action nouvelle de Washington contribue à l’idée qu’il existe une convergence entre les Etats-Unis, le Vatican et la «Russie orthodoxe». Il semble également que l’argent du Golfe et du pétrole a maintenant moins d’impact sur le positionnement diplomatique de Washington dans la région.

THE GUARDIAN
Pays: Grande-Bretagne.
Périodicité: quotidien national.
Diffusion: 350000 exemplaires par jour.
L’autre quotidien britannique de gauche du pays, avec The Independent.

Le quotidien anglais de gauche s’intéresse à l’implantation d’al-Qaïda au Liban.
Face à ses récents déboires en Irak et en Syrie, al-Qaïda est, lentement mais sûrement, en train de gagner en influence au Liban, aidée par l’escalade communautaire et la guerre civile en Syrie. L’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) essaie aujourd’hui de s’étendre au Liban, et notamment à Tripoli. Il y a quelques jours, de la capitale du Nord, Abou Sayaf el-Ansari, décrit comme le commandant d’al-Qaïda au Liban, a prêté allégeance à l’organisation de Zawahiri, annonçant que le Liban serait une passerelle pour attaquer Israël.
Comme dans les villes défavorisées, les organisations terroristes ont trouvé dans les camps de réfugiés palestiniens du pays – qui accueillent l’immense majorité des 440000 Palestiniens résidant au Liban – un terreau potentiel pour l’implantation des jihadistes. Jusqu’à présent, ils ont produit de petits groupes qui sont allés combattre en Afghanistan, en Irak et dans d’autres pays à l’étranger plutôt que de construire de vraies bases au Liban. Ceci est en train de changer. En parallèle, le Akkar, la Békaa et Saïda accueillent aujourd’hui des lieutenants qui ont su s’y implanter.

YEDIOT AHARONOT
Pays: Israël.
Périodicité: quotidien national.
Diffusion: 100000 exemplaires par jour, premier quotidien du pays, devant Maariv et Haaretz.

Le journal israélien titre: Pour faire peur au Hezbollah, Israël menace les civils libanais.
Israël a accusé les combattants du Hezbollah au Liban d’installer des «milliers» de bases dans les bâtiments résidentiels, expliquant qu’il pourrait les attaquer dans un conflit futur, même au prix de victimes civiles. La menace particulièrement explicite du chef de l’armée de l’air, le major-général Amir Eshel, semble faire partie d’un effort israélien pour préparer l’opinion mondiale à la possibilité de dommages collatéraux meurtriers dans l’hypothèse d’une nouvelle confrontation avec le Hezbollah au Liban.
«Nous allons devoir traiter de manière agressive avec des milliers de bases du Hezbollah qui menacent l’Etat d’Israël et surtout notre territoire», explique Eshel, citant Beyrouth, la Békaa et le Sud. D’autres responsables israéliens affirment que le Hezbollah utilise des maisons de civils comme caches de missiles ou de mitrailleuses. «Au-dessus et au-dessous des civils contre qui nous n’avons rien, est monté une sorte de bouclier humain», explique l’Institut Fisher d’études stratégiques de l’air et de l’espace, un think-tank près de Tel-Aviv.

LIBÉRATION
Pays: France.
Périodicité: quotidien national.
Diffusion: 125000 exemplaires par jour.
Sixième journal du pays, derrière Le Parisien, Le Figaro, Le Monde, L’Equipe et Les Echos.

Le quotidien français publie un portrait de la dessinatrice libanaise de B.D., Sandra Ghosn.
Dessiner pour «exister», pour ne pas succomber à la fatalité de cet état de guerre permanent qui ronge le Liban depuis plus de quarante ans. C’est un peu le credo de Sandra Ghosn, cette Libanaise qui ne cesse d’interroger cette «normalité anormale», et fait ressurgir dans ses dessins les non-dits d’une société qui ne parvient pas – ou ne veut pas – réaliser son introspection. Issue de la nouvelle génération d’illustrateurs libanais, à tout juste 30 ans, Sandra Ghosn est une touche- à-tout. Elle collabore avec des magazines de bande dessinée libanais – la Furie des Glandeurs ou Samandal – illustre des livres pour enfants et participe à plusieurs expositions collectives.
Parmi ses influences, on retrouve des auteurs de comics américains, comme Charles Burns ou Robert Crumb, mais aussi la peinture paléochrétienne ou les estampes japonaises. Dans Phantagma, sa dernière création présentée en 2013, Sandra Ghosn s’interroge sur l’intimité amoureuse, moyen de réminiscence des fantômes du passé qui forgent l’identité. Début 2014, la dessinatrice est revenue s’installer au Liban, un «nécessaire retour aux origines».

VICE
Pays: Canada.
Genre: mensuel.
Diffusion: 800000 exemplaires par mois.

Le magazine américain d’informations alternatives ouvre le dossier du football féminin au Liban.
Vingt au départ, elles sont aujourd’hui au nombre de cinquante, les joueuses évoluant dans la Girls Football Academy (GFA – l’académie féminine de football). Walid Arakji, l’enthousiaste cofondateur de la GFA, rencontre Nadia Assaf devant un café à Beyrouth. Les deux se mirent alors à échanger sur la situation du football féminin dans leur pays. La donne va changer. La jeune femme de 26 ans joue dans l’équipe nationale après avoir fréquenté auparavant les clubs al-Ansar et Atletico, voilà déjà huit ans.
La GFA est avant tout une famille soudée. Sur le terrain, les filles semblent en effet concentrées, mais n’hésitent pas à se taquiner pour une balle manquée, ou à gentiment rabrouer Walid, venu les déconcentrer lors de leur entraînement avec un autre. Ici, pas question de parler politique ou religion, ce qui les démarque de l’ambiance libanaise habituelle. «On est tous là pour jouer au foot», souligne-t-il. Il n’existe pas de discrimination liée à l’origine, à la pratique religieuse ou au niveau. «Tant qu’une fille est capable de courir après un ballon, notre porte est ouverte!».
 

Julien Abi Ramia

Top Thèmes
Cette semaine, le Liban n’a pas fait les gros titres de la presse étrangère. Le traitement de son actualité a essentiellement consisté en la reprise de dépêches d’agences relatant les derniers attentats qui ont ébranlé le pays. L’implantation de groupuscules terroristes, capables de frapper partout, la litanie des revendications et le parcours particulier des kamikazes inquiètent grandement les analystes.

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