Magazine Le Mensuel

Nº 2936 du vendredi 14 février 2014

Hommage

Diplomate et juriste. Nasri Lahoud n’est plus

Après une scolarité de quelques mois au collège de La Sagesse, Nasri Lahoud, tout jeune, rejoint le High School de Broummana. Son père, le général Jamil Lahoud, militant contre le confessionnalisme et pour l’harmonie de la vie en commun, apprend que les camarades de son fils appartiennent en majorité écrasante à la communauté maronite.

Ils ne comptaient dans sa classe qu’un druze et un grec-orthodoxe, il l’envoie poursuivre ses études secondaires au High school de Broummana.
C’est là, qu’influencé par le nationalisme arabe, le jeune élève crée un premier mouvement d’étudiants au sein même de l’école. Meneur d’hommes dès son adolescence, il cumule ses engagements politiques et professionnels et ne s’arrête plus durant toute sa vie active. De l’Université américaine de  Beyrouth à l’Université Saint-Joseph, il fait des études en droit et obtient, comme tel était alors conçu le programme, un diplôme en droit français et un second en droit libanais. Son activisme le fait élire à la présidence de l’Union nationale des étudiants du Liban et de l’Union du sport universitaire libanais. Ses amis et camarades de la faculté de droit de l’USJ et, même les étudiants en génie, dont la faculté se trouvait également à la rue Huvelin, se souviennent de son militantisme.
Possédant parfaitement l’arabe, le français et l’anglais, Nasri Lahoud parlait tout aussi bien l’arménien qu’il avait appris auprès de sa mère, d’origine arménienne. Ses connaissances lui ouvrent les portes de multiples carrières. Intégré, au début de sa vie professionnelle dans le cadre diplomatique, il occupe le poste de directeur du protocole aux Affaires étrangères avant d’être nommé consul général au Sénégal. A Cuba, il est chargé d’installer la première ambassade libanaise. Consul au Maroc, il n’y reste qu’une quinzaine de jours. Vu son expérience dans les affaires politiques, son père lancé dans une campagne électorale, a besoin de son aide. Son frère, l’ancien président de la République, Emile Lahoud, menait de son côté une carrière militaire, loin de la politique et ne pouvait être d’aucune utilité à son père, candidat à la députation.
Nasri quitte la diplomatie et s’engage dans le secteur de la justice où son passage ne passe pas inaperçu. Très vite, il impose sa marque et sa première préoccupation est de bousculer la routine et de faire accélérer les procès qui dorment dans les tiroirs. Juge pénal unique, il réalise en effet que certains procès traînent depuis de longs mois avant d’être étudiés. Il se démène pour les faire avancer. Pris par sa fonction, il renonce à un doctorat qui lui aurait demandé un plein temps. Il grimpe tous les échelons de la carrière juridique. Premier juge d’instruction auprès du Tribunal militaire, de 1968 à 1972, il y donne une forte impulsion. Il se déplace d’une région à l’autre s’informant des enquêtes en cours. Conseiller auprès de la Deuxième Chambre civile de Beyrouth, de la Cour d’appel de Beyrouth, il poursuit son ascension jusqu’à la Haute Cour de justice qu’il présidera.
Retracer la riche carrière de Nasri Lahoud n’est pas une mince affaire. Il y aurait beaucoup à dire sur le parcours singulier du diplomate et du juriste. Il est difficile de mettre en avant sa carrière professionnelle ou ses activités à caractère social. Nasri Lahoud, véritable meneur d’hommes, est né en 1934. Il fait valoir son droit à la retraite en novembre 2002. Il couronne sa vie professionnelle par la présidence d’honneur de la Cour de cassation, comme il est élu à l’unanimité à la tête de la Ligue des anciens magistrats.
En 1972, il épouse Najat Daou dont il a trois enfants. Son fils aîné Jamil, du nom de son grand-père le général, ancien député et ancien ministre, est lieutenant de vaisseau dans l’Armée libanaise à l’exemple aussi de son oncle, l’ancien président, le général Emile Lahoud. Quant aux deux autres enfants, l’un est consul et avocat comme son père et porte son prénom, et le troisième, Imad, est diplômé en droit.

Mona Béchara

Hommages
Détenteur du Mérite libanais en 1957, il 
collectionne les décorations. La médaille du royaume marocain, la décoration militaire 
brésilienne en 1961, la médaille de la Sûreté de l’Etat en février 2002, le Mérite ukrainien en avril 2002, Grand cordon de l’ordre national du cèdre au grade d’officier supérieur le 30 janvier 2003.

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