Magazine Le Mensuel

Nº 2937 du vendredi 21 février 2014

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Ghannouchi le sauveur!  
Le chef du mouvement islamiste tunisien, Rached el-Ghannouchi, n’a jamais caché sa folie des grandeurs. Il refuse d’occuper tout poste officiel au sein de l’Etat et insiste à se présenter en leader du monde musulman. D’ailleurs, il a profité des célébrations organisées à Tunis à l’occasion de la signature de la nouvelle Constitution pour s’entretenir avec plusieurs responsables arabes, dont le représentant du président palestinien Mahmoud Abbas, Azzam el-Ahmad. Ce dernier a affirmé avoir demandé la médiation du cheikh dans le conflit qui oppose le Fateh au Hamas, un rôle joué par le puissant voisin égyptien avant qu’il ne jette l’éponge à cause des liens étroits qui lient le Hamas aux Ikhwan. Ghannouchi, lui, a accepté ce nouveau défi, assurant qu’il déploierait tous les moyens à sa disposition pour voir le peuple palestinien réconcilié.  

Faïza Rafsandjani la fille de l’ancien président Hachémi Rafsandjani, vient d’être élue à la présidence du Comité iranien pour la liberté de la presse. Une association formée en 1998, qui a pour but de défendre les journalistes qui se trouvent sous la menace de la justice iranienne, qui n’hésite pas à les condamner à de lourdes peines de prison. D’ailleurs, Faïza vient elle-même d’être libérée après six mois passés derrière les barreaux, pour avoir osé critiquer des responsables sous le mandat de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad. 

 

Présidentielles: Bouteflika laisse planer le doute
A l’approche des élections présidentielles algériennes, la situation, déjà confuse depuis la maladie du président, s’est aggravée. Des sources bien informées à Alger affirment que, contrairement à ce qui avait été annoncé, le président Abdel-Aziz Bouteflika ne briguera pas un quatrième mandat. Ainsi, le chef de l’Etat s’est démarqué des déclarations de plusieurs de ses proches, en affirmant que personne n’avait le droit de se prononcer en son nom ou de prendre des décisions à sa place. Une allusion à peine voilée aux déclarations du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN, le parti au pouvoir), Amar Saïdani, qui avait assuré que Bouteflika se représentera à sa propre succession.        

En pointillé…
Le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, n’imaginait pas que son passage à la Knesset israélienne provoquerait un tel tollé. Il était venu avec un message de paix dans une région déchirée par la guerre, et son discours devant les parlementaires israéliens avait pour but de démontrer que les Israéliens et les Palestiniens avaient besoin d’apprendre à vivre ensemble. Un des points qu’il a soulevés portait sur le manque d’eau qui touchait les Palestiniens plus que les Israéliens, un sujet qui a provoqué la colère de l’extrême droite qui, à sa surprise, l’a hué et insulté. En réponse à la campagne de dénigrement dont il a été victime, Schulz a déclaré: «Je m’exprimais en tant que représentant du Parlement européen. Par conséquent, les positions que nous défendons ne devraient pas nécessairement plaire à tout le monde».        

Abdullah Gül a choisi de soutenir le projet très controversé de la réforme de la justice défendu par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Or, jusqu’il y a peu de temps, le chef de l’Etat avait préféré garder ses distances avec son ancien meilleur ami, qui avait dérapé à plusieurs reprises tout au long de l’année 2013. Mais comme tout bon politicien, Gül, privilégiant ses intérêts personnels au détriment de l’intérêt général, conclut un accord avec Erdogan, lui garantissant sa réélection à la tête de l’Etat en 2015. Une vraie surprise, le chef du gouvernement ayant exprimé publiquement son désir d’accéder à la première magistrature de l’Etat. Mais les scandales à répétition et les bourdes politiques dont il est seul responsable ont affaibli sa position, ce qui expliquerait ce changement de cap.      

Saïd Bouteflika rompt son silence
Le frère du président algérien Abdel-Aziz Bouteflika, al-Saïd Bouteflika, a menacé de traîner en justice l’opposant Hicham Abboud pour des accusations qu’il a portées contre la famille du chef de l’Etat qui, selon lui, serait impliquée dans des affaires de corruption. Une annonce qui a choqué en Algérie, puisque c’est la première fois depuis 1999, date de l’élection de Abdel-Aziz, que le jeune frère s’exprime en public. Dans un livre publié pendant son exil parisien, l’opposant dénonce un système de corruption supervisé par al-Saïd impliquant tout le clan des Bouteflika, notamment dans les affaires de Sonatrach, Philip Morris et Khalifa. Abboud, qui fut le premier à parler publiquement de la maladie du président – ce qui lui avait coûté la fermeture de ses journaux – ne compte pas en rester là et affirme détenir des dossiers encore plus juteux.            

Le roi manque d’essence
Lors de son passage au Mexique, une polémique s’est invitée à la visite du roi de Jordanie Abdallah Ben el-Hussein. Les médias locaux ont affirmé que l’hélicoptère du souverain a dû se poser en urgence pour manque d’essence. Selon la presse mexicaine, l’atterrissage était plus que chaotique, car il s’est effectué sur un terrain de base-ball dans la province de Veracruz, semant la panique parmi les forces de sécurité mexicaines accourues sur les lieux afin de protéger le monarque. Pure intox, selon les proches du roi, qui nient tout en bloc et assurent qu’une simple modification avait été introduite au programme à cause des conditions météo déplorables. Une polémique qui n’a pourtant pas été relayée dans les médias jordaniens, ces derniers préférant ignorer l’incident pour se concentrer sur la visite qui avait suivi chez le voisin américain.   

Tamarrod n’existe plus
Les aspirations présidentielles du ministre égyptien de la Défense, Abdel-Fattah el-Sissi, ont eu raison du mouvement Tamarrod, formé en juin 2013 pour renverser le président Mohammad Morsi, issu des Frères musulmans. Mais depuis, les principaux leaders du mouvement se sont entredéchirés sur la position à prendre face à une candidature possible de Sissi. Alors que la direction de Tamarrod soutient le maréchal, d’autres leaders du mouvement, tels que son porte-parole, Hassan Chahine, le responsable des contacts politiques, Mohammad Abdel-Aziz et le chef de l’organisation interne, Khaled el-Kadi, soutiennent la candidature du leader nassérien Hamdeen Sabahi. Une situation chaotique qui a poussé les autres membres de Tamarrod à en annoncer la dissolution, considérant que le mouvement n’avait plus lieu d’être.       

 

Le guide soutient Rohani
Alors que le camp conservateur iranien critique très sévèrement les choix stratégiques du président réformateur Hassan Rohani, le guide suprême de la révolution, Ali Khamenei, a choisi de se joindre au débat. L’ayatollah a appelé «ceux qui critiquent les concessions faites à se montrer plus tolérants». Ainsi, dans un discours devant les généraux des Gardiens de la révolution, il a conseillé à la classe politique de donner plus de temps au gouvernement actuel pour qu’il mène à bien son programme économique et politique. Ceci étant dit, il n’a pas manqué de s’en prendre aux responsables américains qui, selon lui, répètent les «déclarations grossières» contre la République islamique d’Iran. Une intervention qui survient à temps, le clan Rohani se fragilisant de plus en plus sous les coups des conservateurs.          

Discussions relancées
A la surprise générale, les pourparlers entre les représentants des Républiques nord et sud de Chypre ont repris après plusieurs années d’interruption, durant lesquelles les ponts avaient été complètement coupés. Les deux parties avaient signé un accord, en 2004, qui aurait dû théoriquement mettre fin à trente années de séparation. Mais aussitôt signé, les représentants des deux côtés de l’île avaient cédé aux pressions des radicaux des deux camps. Depuis, les Nations unies ont tout tenté pour remettre la machine des négociations en marche, sans grand succès à cause de l’intransigeance du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui dicte à la partie nord la ligne à suivre. Dix ans plus tard, changement de décor, puisque le Premier ministre islamiste se sent encerclé de tous bords. D’où son désir de se réconcilier avec la communauté internationale, qui n’a jamais reconnu la République du Nord, considérée satellite du grand frère turc. Selon des analystes à Nicosie, les Chypriotes grecs seraient, pour leur part, enfin prêts à accepter la création d’un Etat fédéral.       

20 années se sont écoulées depuis la signature de l’accord du cessez-le-feu entre le Maroc et le mouvement Polisario. Un anniversaire qui n’est pas passé inaperçu. De hauts responsables du mouvement sahraoui ont affirmé qu’ils étaient prêts à reprendre les armes et à mener une guerre sans merci contre «l’occupant, afin de libérer notre terre». Des propos prononcés à la veille de la tournée entamée par l’envoyé onusien, Christopher Ross, au Maghreb et qui n’a servi à rien. Résultat, le diplomate américain songerait sérieusement à tenter une approche suicidaire en écartant l’Algérie des négociations et en engageant un dialogue direct entre Rabat et les sahraouis. Selon Ross, la position intransigeante d’Alger serait la principale cause du dialogue de sourds qui dure depuis de longues années. Des analystes connaissant le dossier ont noté toutefois que si Ross s’engage dans une telle direction et que les négociations n’aboutissent pas à un accord de paix, il aura donné le coup de grâce à tous ses efforts de médiation.      

86 millions de dollars est le montant des pertes subies par la flotte nationale yéménite, la Yemen Airways, au cours des deux dernières années. Selon la compagnie, la révolution qui a éclaté en 2011 à Sanaa a poussé les touristes à fuir le Pays du Qat, forçant la direction à mettre la moitié de sa flotte au repos. Ainsi, seuls six avions de ligne sont toujours opérationnels, reliant le pays à ses voisins du Golfe et de la Corne d’Afrique. Pire encore, le QG de la compagnie dans la capitale aurait été entièrement détruit et pillé, sans que le gouvernement ne lui vienne en aide pour compenser ses énormes pertes. Ahmad Massoud el-Alouani, directeur général de Yemen Airways, a révélé que l’année 2014 pourrait être fatale si des mesures d’urgence n’étaient pas adoptées pour sauver ce qui peut encore l’être.          

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