Magazine Le Mensuel

Nº 2939 du vendredi 7 mars 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

Tension entre Bkerké et Rabié.
L’appui apporté par le patriarche maronite, Mar Béchara Boutros Raï, au président Michel Sleiman s’était répercuté sur les relations entre Bkerké et Rabié qui ont été marquées par une certaine tiédeur. Cela jusqu’à la parution du mémorandum national et la participation du général Michel Aoun à la messe de la Saint-Maron à Bkerké, évitant ainsi la célébration officielle à Beyrouth. Ce qui a envenimé la situation, c’est l’accueil réservé par le chef de l’Eglise maronite au général Jean Kahwagi à Rome. Le général Aoun s’est alors confié à un ex-ministre du cabinet Mikati, proche du siège patriarcal, qui s’est donné pour mission d’assainir le climat entre les deux hommes. Il fait la navette entre Bkerké et Rabié et s’active pour arranger une rencontre entre le patriarche et le chef du Courant patriotique libre.

 

Des ministres muets
On peut répartir les membres de la commission, chargée de la rédaction de la déclaration ministérielle, en deux groupes. Les actifs du 14 ou du 8 mars et les taciturnes des deux camps qui préfèrent éviter de participer aux débats, se contentant d’écouter les autres sans définir leur choix. Les discussions entre les ministres Mohammad Fneich et ses deux collègues, Nouhad Machnouk et Boutros Harb, étaient ponctuées, de temps à autre, d’interventions du ministre d’Amal, Ali Hassan Khalil. Ceux qui sont restés muets, ne prenant pas part aux débats, sont Gebran Bassil, Sejaan Azzi et Waël Abou Faour, chacun ayant ses propres raisons de se taire et surtout souhaitant se tenir à égale distance de tous.

Réunion interchrétienne à Bkerké
La commission, chargée initialement par le siège patriarcal de préparer le document national publié par Bkerké, présidée par l’évêque Samir Mazloum et regroupant des représentants des quatre formations politiques chrétiennes aux côtés d’experts, poursuit ses réunions. Ainsi, les membres de cette commission se sont retrouvés, il y a quelques jours, au Centre maronite pour la recherche et la documentation à Zouk Mosbeh, afin d’évaluer les réactions positives que ce document a suscitées. L’élection présidentielle sera désormais l’unique clause à l’ordre du jour de cette commission.

Coopération entre les «services»
«La coopération entre les Renseignements de l’armée et le département d’information», est le titre de l’étape prochaine, affirment des milieux proches du Hezbollah. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’appel, lancé par le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk, pour le blocage de ce qu’il a appelé les «passages de la mort» servant au trafic des véhicules volés entre le Liban et la Syrie, via le village de Brital, avant de revenir piégés au Liban par Ersal. Selon les mêmes sources, ces mesures ne se limiteront pas aux voleurs de voitures, mais engloberont simultanément les groupes qui aident les terroristes, implantés au Qalamoun syrien, à exécuter les attentats. La chasse à ces mouvements bénéficie de la couverture politique du Moustaqbal. Des pourparlers politico-sécuritaires entre le Hezbollah et ce dernier sont au programme afin de lutter contre le terrorisme et les réseaux qui le soutiennent directement ou indirectement.

Hale se démène pour l’élection présidentielle
Dès la publication des décrets de la formation du gouvernement Tammam Salam, l’ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth, David Hale, annonce l’appui de son pays à ce cabinet, à l’issue d’une visite au Sérail, avant de faire la tournée des nouveaux ministres, ceux du Hezbollah exclus. Un député du 8 mars estime que le diplomate a ainsi voulu accorder sa bénédiction à l’équipe en place avant même qu’elle obtienne la confiance du Parlement. Les ambassadeurs des autres pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu et des pays arabes, ont suivi l’exemple de Hale qui souhaite d’ores et déjà, comme l’avancent certains milieux, attaquer le dossier de l’échéance présidentielle. Il n’est pas exclu qu’il s’envole pour Riyad, ainsi qu’à destination d’autres capitales afin de défricher la voie à l’élection d’un nouveau président.

Des fleurs du Sérail à Maarab
Les contacts entre le président Saad Hariri et le Dr Samir Geagea sont constants, selon les milieux du Moustaqbal. Les deux hommes, assurent-ils, discutent de tous les sujets d’actualité, même de ceux sur lesquels leurs points de vue sont divergents. Ainsi, après une conversation prolongée entre eux, l’ex-Premier ministre Hariri aurait demandé au ministre de l’Intérieur et des Municipalités, Nouhad Machnouk, de programmer un entretien avec le chef des Forces libanaises à Maarab. La rencontre a eu lieu, lundi, après la réunion de la commission de la déclaration ministérielle. Machnouk est arrivé à Maarab avec un bouquet de gardénias cueillis dans les jardins du Sérail. Le ministre s’est contenté de qualifier la rencontre d’excellente et de positive entre «alliés dans un même projet politique et entre militants de la Révolution des cèdres».

Zoom sur la présidentielle
Le dossier libanais sera probablement à l’ordre du jour du sommet regroupant le président Barack Obama et le roi Abdallah Ben Abdel-Aziz, prévu au cours de la deuxième quinzaine du mois de mars. Cette rencontre est complémentaire du sommet franco-américain qui s’est récemment tenu à Washington, aux consultations menées par une délégation présidentielle française à Beyrouth, et aux contacts entrepris par l’ambassadeur des Etats-Unis, David Hale, avec Paris et Riyad. Les prochains rendez-vous accorderont la priorité à l’échéance présidentielle, à la lumière des exigences américaines sur la nécessité de tenir l’élection dans les délais prévus.


Silverman accuse le Hezbollah
Dans son témoignage intitulé Le Liban à la croisée des chemins devant la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain, Lawrence Silverman, directeur du bureau Proche-Orient au département d’Etat américain, a insisté sur «les défis sécuritaires auxquels le Liban est confronté». «Les tensions politiques et communautaires se sont aggravées à cause de la guerre en Syrie», a-t-il dit, adressant de violentes critiques au Hezbollah et aux mouvements radicaux qui s’activent au Liban. «Le Hezbollah, a ajouté le diplomate, est intervenu en Syrie, bousculant une entente préalable entre le gouvernement et toutes les parties libanaises pour rester à l’écart des conflits extérieurs». Après avoir accusé la Syrie de violer le territoire libanais dans les régions frontalières, il a déclaré: «Le Hezbollah entraîne les Libanais dans la guerre pour défendre le régime Assad qui, s’il se maintient, provoquera encore plus de troubles au Liban».

 

Hariri mécontent de Siniora
Des rumeurs circulent à Beyrouth sur un tournant dans les relations historiques qui lient le président Fouad Siniora aux Hariri, et précisément à Saad. L’ex-Premier ministre Hariri reproche à Siniora ses tergiversations dans les négociations qui ont lieu avec le chef du Parlement, Nabih Berry, au sujet de la mise sur pied du gouvernement. Les réunions successives n’ont enregistré aucun résultat tangible, alors que quelques consultations téléphoniques effectuées par Hariri avec Berry et le député Joumblatt ont suffi à trancher la question. Certains partisans estiment que Fouad Siniora a agi comme s’il était le chef réel du Moustaqbal, profitant de l’absence de Saad Hariri pour tenter de réserver une place à ses poulains au sein de l’équipe en gestation quitte à retarder la mise sur pied du cabinet. Les mêmes adeptes du Moustaqbal pensent que «les ministres Achraf Rifi et Nouhad Machnouk, puissants représentants de Beyrouth et de Tripoli, pourraient devenir des concurrents de taille de Siniora à une étape ultérieure, surtout après la disparition tragique de Mohammad Chatah, et au cas où la situation sécuritaire ne facilite pas le retour prochain de Saad Hariri à Beyrouth. Le président Siniora est, comme le propagent certaines rumeurs, demeuré sous le choc des développements évitant de prendre la parole. Il s’est ensuite envolé pour la Turquie où il a devisé pendant des heures avec le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, sur la conjoncture régionale.

Combattants libanais disparus en Syrie
L’annonce de l’assassinat par l’armée syrienne de Hussein Ammoun (originaire de Ersal) à Yabroud, et celui, avant lui, du leader algérien de Jund al-Cham, Fayçal Akla, qui avait fugué de Roumié, amplifie la peur des familles des combattants en Syrie, venus des villages du Akkar et de Tripoli. Il s’agit surtout de ceux qui sont sur le champ de bataille dans les quartiers du vieux Homs et dans le village d’Alzara-Crack des chevaliers qui constitue un emplacement stratégique pour le blocage de l’axe international Homs-Tartous. Les contacts étant coupés, selon des sources informées, les familles ignorent le sort réservé à leurs fils, d’autant plus que les réconciliations qui ont lieu sur les deux sites syriens encouragent les éléments de l’opposition à rejoindre les forces gouvernementales pour combattre les étrangers. Certaines familles du Akkar et de Tripoli commencent à s’interroger sur la responsabilité du député Khaled Daher et Daï el-Islam Chahhal dans l’envoi de leurs jeunes au jihad en Syrie. Le sort de dizaines de jeunes gens partis combattre de l’autre côté de la frontière demeure obscur, alors que circulent des listes non officielles de tués dans les médias libanais et syriens. D’après certaines sources, Daher et Chahhal sont en relation avec les chefs des groupes armés dans le vieux Homs et dans le rif de Talkalakh où le Libanais Khaled el-Mahmoud est à la tête du front al-Nosra à Alzara-Crack des chevaliers. Il avait été libéré de la prison de Roumié en août 2012.

Les intentions cachées du Hezbollah
Le Hezbollah planifie la création d’une structure semblable aux conseils «de Sahoua» (milices sunnites) à la manière irakienne lorsque les tribus sunnites, dans leur zone d’influence, ont été placées face aux éléments d’al-Qaïda, c’est-à-dire sunnites contre sunnites. Telle est l’analyse faite par des sources proches de Maarab qui estiment que «le plus dangereux (dans la formation du gouvernement) est d’avoir transformé une partie du 14 mars en ‘‘Sahoua”. C’est avec cette idée en tête que le Hezbollah a renoncé aux portefeuilles de l’Intérieur, des Communications et de la Justice en plaçant les ministres Nouhad Machnouk et Achraf Rifi à la tête des conseils de ‘‘Sahoua’’ au Liban». Si les Forces libanaises étaient entrées au gouvernement, les organisations radicales auraient considéré le partenaire de leur ennemi, comme un ennemi.

Khaled Mechaal s’installera-t-il à Beyrouth?
Khaled Mechaal a l’intention de déménager son siège officiel du Qatar à Beyrouth, d’après de nouveaux rapports. Une source palestinienne révèle qu’il prend pour prétexte le frein mis, par les nouvelles autorités qataries, à sa liberté de mouvement et d’action, après l’échec des projets politiques du milliardaire d’origine égyptienne, Yousef Kardaoui. Mechaal, en sa qualité de responsable du Hamas, se sent gêné à Doha qui affiche ses dissensions avec l’Arabie saoudite, l’Egypte et l’Iran. La même source ajoute que les tentatives d’ouverture de Mechaal sur Téhéran se sont heurtées aux exigences iraniennes, c’est pourquoi il a pris contact avec les responsables des Ikhwan au Liban et avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, afin de s’assurer un refuge sunnite lui permettant de s’installer à Beyrouth. C’est dans cette perspective qu’il a adressé un message de félicitations au président Tammam Salam, ajoute la même source qui affirme que la Turquie et le Qatar l’ont rassuré sur sa sécurité en lui garantissant qu’Israël ne le prendra pas pour cible au Liban. Les milieux du Hamas ont confirmé vouloir quitter Doha, sans spécifier leur nouvelle destination, en indiquant toutefois qu’ils se dirigeront vers l’un des pays arabes limitrophes de la Palestine.

 

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