Magazine Le Mensuel

Nº 2943 du vendredi 4 avril 2014

Sciences

LAAS 20. La «science qui crée de nouvelles ignorances»

Des chercheurs venus des quatre coins du monde ont participé activement à une conférence organisée par l’Ecole doctorale de sciences et technologie (EDST) de l’Université libanaise et l’Association libanaise pour l’avancement des sciences, en collaboration avec le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS). Cette 20e conférence internationale scientifique (LAAS 20) a eu lieu du 27 au 29 mars 2014 à l’Université libanaise de Beyrouth (UL).
 

Dans son discours d’ouverture, le professeur Fawaz el-Omar, doyen de l’EDST, explique que celle-ci a mis en place trois plates-formes multidisciplinaires pour renforcer les compétences scientifiques des chercheurs de l’UL et permettre à ces derniers d’effectuer des travaux de recherche répondant aux besoins des différents secteurs privés et publics. Les trois plates-formes dont il parle constituent un important espace interactif pour les étudiants inscrits à un doctorat.
La conférence a porté sur de larges domaines: biologique, médical, pharmaceutique, sciences de la santé, chimie, physique, sécurité alimentaire, environnement, agriculture, mathématiques, informatique, ingénierie, social, économique, sciences du comportement et enseignement des sciences.
Pour le président de LAAS, le professeur Naïm Ouaini, la conférence vise à présenter et à discuter les dernières recherches scientifiques dans plusieurs spécialités relatives à la connaissance humaine (qu’elles soient nationales, régionales ou mondiales). C’est parce que «seuls l’art et la science élèvent l’homme jusqu’à la divinité» que les sciences humaines et sociales font partie intégrante du système scientifique. «Il n’y a pas de sciences sans production, ni de production sans normes, ni de normes sans qualité», dit-il. C’est ce qui garantit, d’après lui, la crédibilité des institutions et l’efficacité de leurs employés.
Divisée en sept grandes sessions, la conférence internationale scientifique a apporté une contribution enrichissante des participants.
Chimie et physique théoriques 
et expérimentales
Ayant obtenu son doctorat en Géosciences et son DEA en Géochimie isotopique de l’environnement, professeure à l’UL, Véronique Kazpard signale que les sciences chimiques entrent principalement dans le développement industriel et dans ses résultantes telles que les problématiques environnementales de pollution. «Les applications chimiques transdisciplinaires ne font qu’appuyer les connaissances dans divers domaines», explique-t-elle. La chimie analytique, s’appuyant sur l’avancement technologique, permet d’aller de plus en plus à la micro et nano-échelle avec des limites de mesure et de précision de plus en plus pointues. C’est ainsi que le couplage des différentes techniques analytiques permet de délimiter les sources et de modéliser le statut et le devenir des polluants chimiques industriels à petite et grande échelle environnementale. Le développement socioéconomique et ses résultantes forment dans ce sens une époque principalement soutenue par la chimie et ses applications.

 

Enseignement scientifique 
et mathématique
Doyen de la faculté des sciences de l’éducation (FSE) à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et chef de l’Unité de la recherche à la FSE, Fadi el-Hage s’attarde sur l’interdisciplinarité comme principe ouvrant la voie au développement des compétences du XXIe siècle. «L’interdisciplinarité, processus d’intégration et de réseautage, constitue une plate-forme fédératrice pour le développement des compétences du XXIe siècle, dans les deux mondes éducatif et professionnel», indique-t-il. Se munir d’un esprit créatif, critique et innovateur, résoudre des problèmes complexes, communiquer et collaborer, gérer les relations interpersonnelles, investir les technologies de l’information et de la communication, apprendre à vivre dans un monde en perpétuel changement… sont autant de défis à relever comme résultats d’apprentissage de notre siècle. La formation des enseignants, des élèves et des jeunes chercheurs scientifiques devrait cibler, désormais, le développement de compétences et d’habilités de haut niveau, pour pouvoir aborder des thématiques d’actualité comme la sensibilisation aux problématiques mondiales, l’économie, le business, la citoyenneté, la santé et l’environnement. «Il s’agit donc de passer de la logique ‘‘d’enseigner’’ à celle ‘‘d’éduquer’’!», déclare le professeur Hage.

 

Et la science fut…
Dans le cadre de la valorisation des plantes médicinales libanaises, une étude préliminaire a été menée sur la plante Geranium robertianum, connue pour ses propriétés ethnopharmacologiques au Liban. Cette plante a été évaluée pour ses activités biologiques in vitro (antibactérienne, antifongique et antioxydante).
Autre thème de la conférence, l’exploration des propriétés biologiques du venin du serpent Montivipera Bornmuelleri. Les venins de serpents contiennent une variété de toxines hautement sélectives qui se sont révélées être une excellente source de molécules pour le développement d’agents thérapeutiques. Le travail des chercheurs consiste à la caractérisation biochimique et à l’évaluation des propriétés biologiques du venin de Montivipera Bornmuelleri, une vipère du Liban. La teneur en protéines du venin a été étudiée. Le résultat est que le venin brut de cette vipère est doté d’une activité antibactérienne, il affecte la cascade de coagulation sanguine par une double action contradictoire, il ne détruit pas les globules rouges et possède un effet relaxant sur l’aorte isolée. Ce venin est une source potentielle de molécules bioactives qui méritent d’être mieux exploitées.

 

Amélioration du trafic
L’utilisation de l’espace souterrain a connu une forte exploitation au cours des dernières décennies. Le développement des zones urbaines a favorisé l’utilisation du sous-sol à cause de l’encombrement en surface. L’exemple le plus pertinent est l’élargissement des voies existantes ou la construction de nouvelles voies. L’adoption de la première solution est pratiquement impossible à cause de divers obstacles. Il devient alors inévitable d’utiliser l’espace souterrain par la construction de tunnels qui peuvent se trouver à faible ou à moyenne profondeur. Généralement, on prévoit deux tunnels de circulation (un pour chaque voie) et un tunnel de service (maintenance, évacuation…). Dans leur travail, les chercheurs se sont intéressés à l’interaction tunnel-sol-tunnel-structure dans le cas des tunnels à faible profondeur. Ils focalisent leur travail sur le cas où les centres des tunnels se trouvent sur un axe incliné. La modélisation numérique est effectuée avec le logiciel Plaxis dans le cas des déformations planes et dans le cas où le comportement du sol est non linéaire.
La préservation de la richesse aquatique et l’étude multidimensionnelle de la qualité des eaux de surface dans un régime méditerranéen, l’étude de l’impact de l’eau souterraine polluée par les pesticides sur la santé de la population dans la plaine du Akkar, l’étiquetage nutritionnel et la détermination des acides gras dans des aliments complexes à base de végétaux, l’utilisation des nano-carbones pour batteries à haute densité d’énergie et de puissance, la détention provisoire des mineurs dans son approche sociologique et judiciaire, ainsi qu’une myriade d’autres thèmes, ont constitué le cœur de cette conférence scientifique.

Natasha Metni

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