Magazine Le Mensuel

Nº 2948 du vendredi 9 mai 2014

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10e édition de Jabal. Des talents prometteurs

La 10e édition du salon Jabal, organisé par la Fransabank, se poursuit jusqu’au samedi 10 mai à l’hôtel Le Gray. Rencontre avec Dania Kassar, responsable de la direction générale de Jabal.
Jabal, une 10e édition déjà!

 

Jabal a commencé en 1998 et s’est poursuivi d’affilée jusqu’en 2004. En 2005, tout était prêt, mais nous avons dû annuler en raison des événements dans le pays. Depuis, nous avons eu du mal à monter d’autres éditions pour des raisons sécuritaires essentiellement, jusqu’à la mise en place de l’édition de l’année dernière qui a eu beaucoup de succès et durant laquelle nous avons un peu changé le concept. Jabal c’est le sigle Jeunes artistes des beaux-arts au Liban et renvoie en même temps à l’idée de déplacement d’une région à une autre, avant de revenir à Beyrouth puis de circuler à nouveau. Donc de 1998 à 2005, Jabal se déroulait chaque année dans un endroit différent du Liban. Nous avons commencé à Tripoli en 98, puis à Beyrouth, déclarée à l’époque capitale culturelle. Ensuite, Saïda, Aley, Zahlé, Zouk et Jal-el-dib. L’édition 2005 était prévue à Beyrouth. C’est dans la capitale qu’a été organisée la dernière édition tout comme celle de cette année. Nous resterons dans cet esprit pour un moment. Notre vision est que l’art, l’art contemporain, est devenu urbain. Cela ne veut pas dire que rien ne se passe en dehors de la ville, mais que la foule qui suit les artistes est le plus souvent composée de citadins, ouverts avec des multicultures qui les traversent. C’est là que les jeunes artistes devraient être, parce qu’ils ont des vues affirmées, osées, fortes, qu’ils ont du tempérament, et que c’est à Beyrouth qu’ils seront le plus mis en valeur, appréciés, compris. Le but est de lancer ces jeunes, en espérant qu’ils auront du succès.

Au niveau des artistes?
Nous avons 35 artistes cette année. C’est déjà un exploit dans le sens où nous cherchons à avoir de la qualité même s’ils sont jeunes et émergents. Ils sont différents dans le traitement, mais nous sentons qu’ils traduisent des émotions que nous ressentons tous, ce mal-être du pays. Leur œuvre traduit des vérités qui s’inscrivent dans les enjeux contemporains. Des impressions de guerre, de conflit, de tristesse, de douleur, mais traitées de manière très pertinente, technique maîtrisée à l’appui. On sent le quotidien.

Quel est le public visé?
L’idée de Jabal au départ était de ramener l’art vers tout le monde. C’était à la fin de la guerre, chacun était dans son coin, pas de galeries, pas d’expos. Les galeries existantes n’avaient pas encore les moyens de chercher les artistes chacun dans sa région. Et, depuis, nous avons gardé ce concept; nous ouvrons tous nos fichiers, nous invitons tous nos clients et nous demandons à nos directeurs régionaux de faire de même. La foule se veut hétéroclite mais, sûrement, ceux qui vont faire le déplacement sont intéressés par l’art. Le but du jeu est que les artistes, qui sont présents durant toute la durée de l’exposition, se fassent connaître. Ils sont ainsi en contact avec des galeristes, des acheteurs directs, des collectionneurs. C’est comme une carte de visite et à partir de là les choses se développent. Plusieurs artistes qui ont exposé à Jabal depuis le début ont eu une reconnaissance locale et internationale. Je pense que nous menons notre mission de manière satisfaisante. Nous sommes fiers de la continuité de cette activité et de chaque édition que nous préparons avec enthousiasme et dynamisme. C’est l’effervescence.

Qu’est-ce qui explique qu’une banque s’investisse dans l’art?
Souvent, les banquiers sont sensibles à l’art. Beaucoup sont de grands collectionneurs à titre privé, comme nos présidents. Vu notre stratégie et au lieu d’exposer simplement leur propre collection, ils ont voulu partager leur sensibilité à l’art, tout en donnant l’opportunité à de jeunes artistes de se faire connaître. On parlait en 98 de mécénat. Et, depuis, il y a eu la notion de Responsabilité sociale des entreprises (RSE). Et c’est exactement cela; pour nous, les artistes sont un peu comme des petites entreprises, ils voudraient vivre de leur art. C’est ce qui explique cette interaction. Nous sommes sensibles à l’art, nous ne voulons pas que l’art soit élitiste, nous voulons donner leur chance aux jeunes et aux personnes à potentiel, que ce soit dans le commerce ou dans l’art. Cela donne plus tard de la reconnaissance pour le Liban. Il y a beaucoup à gagner pour nous et pour les autres. 

Propos recueillis par Nayla Rached
 

Jusqu’au samedi 10 mai, de 16h à 21h.

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