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Nº 2978 du vendredi 5 décembre 2014

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Yassine Jaber, député de Nabatié. Discuter d’abord des questions régionales

Membre du bloc du président Nabih Berry, le député de Nabatié, Yassine Jaber, espère vivement que le dialogue qui s’amorce entre le Hezbollah et le Courant du futur apaisera les tensions entre les communautés chiite et sunnite et ouvrira la voie à des discussions plus larges.
 

Quel regard portez-vous sur le dialogue entre le Hezbollah et le Courant du futur?
Je suis, non seulement, favorable à ce dialogue, mais je pense qu’il constitue la clé de voûte d’un règlement global de la situation au Liban. En septembre 2013, le président Nabih Berry avait lancé une initiative de dialogue. Avec deux autres députés du bloc [Michel Moussa et Ali Bazzi], nous avions effectué une tournée auprès de l’ensemble des partis politiques pour appuyer cette initiative. Nous avions reçu à l’époque des réactions extrêmement positives. De toute façon, quelle est l’alternative? La dernière fois que nous nous sommes tous réunis à la table du dialogue, nous avons signé l’accord de Taëf qui a mis un terme à la guerre.

Etes-vous satisfait des signaux d’ouverture lancés par Hassan Nasrallah et Saad Hariri?
Les relations entre le Hezbollah et le Courant du futur ont pris une tout autre tournure en 2011, au moment de la démission du gouvernement que présidait alors Saad Hariri. Depuis, les tensions politiques, auxquelles se sont ensuite ajoutées les tensions régionales entre l’Arabie saoudite et l’Iran, ont fait apparaître le spectre de la fitna, de la confrontation entre les sunnites et les chiites. Une possibilité dont les leaders des deux partis veulent absolument prémunir le Liban. Je salue vivement la volonté de dialogue, exprimée par Hassan Nasrallah et Saad Hariri, lequel a expliqué que sans dialogue, pas de solution et pas de Liban.

Quels rôles ont joué Nabih Berry et Walid Joumblatt dans le rapprochement des points de vue?
Un rôle essentiel. Je vous le disais, le président du Parlement a lancé au cours de ces derniers mois plusieurs initiatives de dialogue. Il a été fortement aidé et soutenu par notre partenaire Walid Joumblatt qui a, lui aussi, multiplié les contacts. En agissant ainsi au nom de la coexistence et de la stabilité, Berry et Joumblatt ne font en fait que coller à la réalité du Liban. Ce qui a permis à cette volonté réciproque de dialogue de se transformer en acte politique, c’est la position du Courant du futur qui s’est clairement et officiellement désigné comme le parti sunnite modéré.

Quels devront être, selon vous, les points dont le Hezbollah et le Courant du futur devront parler en priorité?
Au vu de la situation actuelle, je pense que les deux partis devront d’abord discuter de la situation régionale. A mon sens, deux points devront être abordés. D’abord, celui de la Résistance et du conflit israélo-arabe de manière plus générale. Le Courant du futur, en tant que grand parti libanais et figure de proue de l’autre camp, doit s’entendre avec le Hezbollah sur la nécessité que constitue aujourd’hui la Résistance. Le deuxième point, c’est évidemment la question de la Syrie. Les deux partis n’ont visiblement pas la même vision des choses quant à la stratégie à adopter de l’autre côté de la frontière, même si les partis affirment clairement désigner la nébuleuse jihadiste comme une entité ennemie qui menace le Liban. Avant de parler des sujets politiques internes, les deux partis devront mettre à plat ces questions pour sortir de l’escalade régionale, apaiser les tensions au Liban et bâtir l’avenir sur ces bases solides.

Le dialogue qui s’amorce reflète-il la volonté de l’Arabie saoudite et de l’Iran de protéger le Liban des conflits régionaux?
Entre les deux pays, il y a clairement une volonté commune d’éviter que le Liban ne tombe dans les affres de la déstabilisation comme on peut le voir dans d’autres pays de la région. Le contexte semble favorable mais, dans le même temps, il semble évident que c’est d’abord la volonté du Hezbollah et du Courant du futur de protéger le pays qui a permis l’amorce de ce dialogue.

Ne pensez-vous pas qu’à l’avenir, un dialogue plus large devra prendre place?
C’est une évidence. Tous les partis sont appelés à dialoguer et, notamment, les partis chrétiens qui forment une composante essentielle de notre pays. Il y a des sujets auxquels ils sont particulièrement sensibles qui ont une résonance nationale. De par leur représentation, tous les partis sont les garants de l’avenir du pays que nous devons bâtir tous ensemble.

Propos recueillis par Julien Abi Ramia

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