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Nº 2997 du vendredi 17 avril 2015

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Hoblos arrêté, Mansour éliminé à Tripoli. Un grand coup contre les milieux jihadistes

L’opération sécuritaire menée par les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) à Tripoli, jeudi 9 avril, s’est achevée par l’élimination des deux jihadistes Oussama Mansour et Ahmad el-Nazer et l’arrestation du cheikh extrémiste Khaled Hoblos.
 

On s’en souvient encore, en octobre 2014, le jihadiste Oussama Mansour, le cheikh Khaled Hoblos, imam extrémiste de la mosquée Haroun à Minié, et Chadi Maoulawi avaient pris part à de violents affrontements contre l’armée à Tripoli. Le groupuscule du cheikh Hoblos est responsable de la mort de quatre soldats, dont deux officiers, dans une embuscade dressée contre les militaires dans la région de Minié. Depuis cette date, ils étaient tous en fuite. Selon certaines rumeurs, Chadi Maoulawi se trouve au camp de réfugiés palestinien de Aïn el-Heloué. Mansour et Maoulawi avaient, entre autres, pour tâche de recruter des personnes afin d’exécuter des missions terroristes, attaquer l’armée et poser des bombes.
 

Ceinture d’explosifs
Le jeudi 9 avril à 22h25, les services de renseignements des FSI ont réussi un grand coup contre les milieux jihadistes, arrêtant le cheikh Khaled Hoblos et éliminant Oussama Mansour, qui est arrivé sur les lieux et a tiré sur les agents de sécurité au moment de l’arrestation de Hoblos.
Des sources informées révèlent que, depuis octobre dernier, des investigations étaient menées pour essayer de localiser le cheikh Khaled Hoblos et Oussama Mansour. Elles ont permis de savoir que des réunions avaient lieu dans la région de Bab el-Ramel et Oussama Mansour avait été aperçu à Abou Samra. C’était la première fois que la présence de Mansour était détectée après les événements de Bab el-Tebbané, auxquels il avait pris part en octobre. Sa brusque apparition, mercredi 8 avril, avait été interprétée comme un présage de la reprise de ses «activités». Les services de renseignements des FSI ont alors dressé une embuscade sur le boulevard principal, au croisement de la rue Azmi et la rue Mitein, coupant la route pour empêcher les fugitifs de revenir vers Bab el-Tebbané.
Au moment où les services de renseignements des FSI procédaient à l’arrestation du cheikh Khaled Hoblos, qui se trouvait à bord d’une voiture de type Kia Picanto conduite par le dénommé Amir el-Kurdi, un autre véhicule de type Opel s’arrête à proximité. Deux passagers sont à bord: Oussama Mansour et Ahmad el-Nazer, qui est au volant. Mansour ouvre le feu sur les agents des FSI, blessant deux d’entre eux. A ce moment, les agents des FSI ripostent sur les occupants de l’Opel, tuant les deux passagers. Oussama Mansour était également armé d’une ceinture d’explosifs qu’un expert militaire a réussi à désamorcer.
Au moment de son arrestation, le cheikh Hoblos nie être la personne recherchée. Celui-ci s’était en effet rasé la barbe et avait pris du poids. Il avait subi une opération chirurgicale pour changer ses traits, ce qui lui permettait de se déplacer aisément à Tripoli, sans être inquiété. Lors de son arrestation, il s’est abstenu de dévoiler son identité. Il affirme être le frère du cheikh. Il a fallu que les forces de l’ordre procèdent à des analyses de sang pour s’assurer de son identité et confirmer que la personne arrêtée était bel et bien le cheikh Khaled Hoblos. Il a révélé s’être caché dans un appartement à Koura.
A la suite de cette arrestation, les réactions n’ont pas tardé à fuser. Le Comité des ulémas musulmans a mis en cause le raid des FSI, qualifiant celui-ci de règlement de comptes préliminaire à une poursuite en justice et a appelé à l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur cette affaire. Le cheikh salafiste Ahmad el-Assir a déclaré sur son compte Twitter que l’élimination d’Oussama Mansour et l’arrestation du cheikh Khaled Hoblos sont le fruit du dialogue entre le Hezbollah et le Courant du futur. Deux communiqués ayant pour source le camp de Aïn el-Heloué sont apparus également, le premier attribué au Rassemblement des jeunes musulmans et le second à Chadi Maoulawi, compagnon de route d’Oussama Mansour, qui sort pour la première fois de son silence, depuis son dernier tweet affirmant qu’il avait quitté le camp de Aïn el-Heloué.
Au moment où les dépouilles d’Oussama Mansour et d’Ahmad el-Nazer étaient transportées, l’armée s’est déployée dans le périmètre de l’hôpital gouvernemental de Kobbé en bloquant ses accès. Des sources informées ont écarté la probabilité d’une contre-réaction à l’élimination des deux jihadistes et à l’arrestation de Hoblos, car les groupuscules armés qui restent sont faibles et incapables d’organiser des opérations. Après avoir effectué une visite auprès des agents des FSI blessés, le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, a répondu aux différents communiqués, affirmant qu’Oussama Mansour et Ahmad el-Nazer avaient été tués après avoir tiré des coups de feu sur les agents de sécurité. Jusqu’à présent, on ne sait pas encore quels étaient exactement les plans de Hoblos et Mansour, mais les services espèrent que l’interrogatoire du cheikh apportera de plus amples informations à ce sujet. Certaines sources parlent de leur intention de réveiller les cellules salafistes dormantes au Liban, en se livrant à des activités terroristes.
Dans cette affaire, les services montrent leur sérieux dans la traque des terroristes sur tout le territoire libanais. Tout a commencé avec l’arrestation d’Ahmad Salim Mikati, le démantèlement de la cellule d’Assoun-Dennié, puis celle de Bhannine-Minié qui prenait ses directives directement du cheikh Khaled Hoblos et, finalement, le démantèlement de la cellule de Bab el-Tebbané directement liée au Front al-Nosra. Ainsi, l’armée et les FSI auront fermé le dossier du terrorisme représenté par les personnes précitées et qui se déplacent d’un endroit à l’autre. Il ne reste plus que l’arrestation de Chadi Maoulawi pour boucler la boucle.

Joëlle Seif

Une heureuse coïncidence
Le bureau des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) a arrêté à Baalbeck un important membre du groupe Etat islamique (EI). Le ressortissant syrien, Tarek Kalfoun, serait tombé entre les mains des FSI par «pure coïncidence». L’individu, arrêté à un barrage de l’armée lors d’un simple contrôle d’identité pour n’avoir pas des papiers en règle, avait été transféré dans un premier temps vers un commissariat local, puis vers le bureau des renseignements des FSI. Lors des investigations, le portable de Tarek Kalfoun a livré de précieuses informations: il apparaît ainsi que l’individu avait quitté à la hâte Tripoli, quelques minutes après l’élimination du jihadiste Oussama Mansour par les FSI, jeudi dernier. Kalfoun aurait, par la suite projeté, de se rendre à Ersal, dans la Békaa, afin de rencontrer un certain Abou Motassem, un ressortissant égyptien appartenant à l’EI.
Il s’est également avéré à l’enquête que Tarek Kalfoun s’était rendu en Egypte, en Turquie et en Algérie, et pourrait ainsi avoir joué un rôle en matière de recrutement au profit du groupe jihadiste. Des photos de lui dans des camps d’entraînement auraient renforcé cette thèse. D’importantes sommes d’argent en liquide ont par ailleurs été trouvées en sa possession.

Maoulawi, le dernier maillon
Alors que le cheikh Khaled Hoblos est arrêté et Oussama Mansour abattu, Chadi Maoulawi, lui, est toujours en cavale. Totalement évaporé depuis les attaques qui avaient opposé l’armée aux jihadistes en octobre 2014, des rumeurs prétendent qu’il se trouve toujours au camp palestinien de Aïn el-Heloué bien qu’il ait lui-même prétendu le contraire sur son compte Twitter. Son épouse aurait même affirmé qu’il se trouvait dans le camp palestinien, quoique certaines informations faisaient état de sa présence à Ersal, dans la Békaa. Le président de la municipalité de Ersal, Ali Hojeiri, a confié ses doutes sur une éventuelle présence de Chadi Maoulawi dans sa ville.

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