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Nº 2999 du vendredi 1er mai 2015

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Kahlil Gibran’s The Prophet. Briser toutes les règles, toutes les attentes

La sortie mondiale du film d’animation tant attendu, Kahlil Gibran’s The Prophet, a eu lieu au Liban même, en présence de sa productrice, Salma Hayek. «Une lettre d’amour» à son héritage dans l’espoir d’inspirer les nouvelles générations.

Cela fait des mois qu’on en parle; l’adaptation cinématographique animée du Prophète de Gibran Khalil Gibran prise en main par Salma Hayek. Même si elle n’est pas à l’origine du projet, elle l’a porté à cœur, tout autant que le livre de Gibran qui lui rappelle son grand-père, qu’elle a appris à redécouvrir à travers les mots du Prophète. «Nous voulions montrer au monde qu’il y a un grand auteur arabe qui a écrit de la philosophie et de la poésie, qui a rassemblé tout le monde, toutes les religions…. Nous voulions lui rendre justice et que tous s’en rappellent», explique Salma Hayek à la conférence de presse qui a eu lieu le lundi 27 avril, à Prime on Bliss.
Produit par Salma Hayek, avec un financement régional essentiellement, l’apport particulier du film réside dans la diversité des styles d’animation mis à l’écran. Si, en effet, le réalisateur principal du film est Rogers Allers, qui nous a notamment donné The Lion King, The Prophet est constitué d’une série de poèmes adaptés par plusieurs animateurs de différentes nationalités, à l’instar de Gaëtan et Paul Brizzi qui ont notamment collaboré à Cloudy with a chance of meatballs et le film 9 produit par Tim Burton, Joan Gratz (Mona Lisa descending a staircase), Mohammed Saeed Harib, Tomm Moore (Song of the sea), Nina Paley (Sita sings the blues), Bill Plympton, Joann Sfar et Michael Socha.
Quelle que soit la différence du style de dessin et d’animation, tous les segments se distinguent par une profonde ouverture sur les fenêtres d’un imaginaire libre et déchaîné. S’intercalant au cœur de l’histoire principale comme les chants ouverts du possible, ils s’écoulent aux sons d’une musique puissante, diluant presque les mots en litanies cathartiques, quand les textes ne sont pas chantés. Planantes, trippantes, les animations empruntent aux couleurs de l’arc-en-ciel, à la kyrielle de formes qui se tordent, se distordent, se superposent, l’une naissant de l’autre, donnant corps à l’autre. «Une invitation ouverte à tous ces animateurs de se lancer ensemble dans un travail ludique où chacun est appelé à exprimer la voix de Khalil Gibran dans son propre style, selon sa propre vision, en y apportant sa sensibilité singulière».

 

Tant d’images que de visions
Rogers Allers évoque cette expérience qu’il a vécue comme «une fraternité d’artistes qui collaborent, coopèrent ensemble» à la réalisation d’un projet où les directives n’ont pas prévalu, même s’il était en charge de rassembler les différents segments autour du fil principal du film, qu’il a écrit et réalisé lui-même. A savoir l’histoire d’Almitra, petite fillette de 8 ans, espiègle et marginalisée ayant perdu la voix à la suite de la mort de son père. Vivant sur l’île imaginaire d’Orphalese, aux côtés de sa mère, Kamila, animée par la voix de Salma Hayek, elle se déplace d’étals de fruits en étals de légumes, chipant çà et là les simples plaisirs de la vie, les labeurs de la terre, au désarroi de sa mère. Lorsqu’Almitra fait la connaissance de Moustafa, prisonnier politique assigné à résidence, à cause de ses écrits, une amitié improbable naît de cette rencontre inattendue. Le même jour, Moustafa apprend qu’il est enfin libéré au bout de sept ans. Les soldats sont chargés de le conduire au bateau qui doit le ramener chez lui à condition qu’il ne retourne plus à Orphalese. Almitra le suivra, cachée, tout au long de son parcours où il côtoie les gens de la ville à qui il fait part de sa conception de l’existence et de ses poèmes, relatifs à la vie, la mort, l’amour, le labeur… les célèbres textes du Prophète, hautement portés par la voix de Liam Neeson, considérés comme une vraie leçon de vie.
Dans un tableau inaugural qui ressemble étrangement aux premières scènes d’Aladdin de Walt Disney, à la réalisation duquel Allers a d’ailleurs participé, Almitra se retrouve sur les toits des maisons, se rêvant à tire d’aile, à ses côtés, un oiseau, éternel compagnon. Un oiseau qui, tout au long du film, sera le symbole de la liberté, celle des idées et celle de l’esprit; un symbole dont l’évidence n’étonne guère puisque le film s’adresse en premier à la jeunesse, à l’enfance. Si certains critiques ont reproché à Rogers Allers le trait minimaliste, presque simpliste, de ses dessins et animations, il n’en demeure pas moins que c’est justement cette simplicité qui met en valeur la singularité du film et la diversité des images qui le transpercent.
«C’est une expérience complètement différente», ajoute Salma Hayek. Chaque fois, le spectateur est transporté dans un univers différent. Nous brisons toutes les règles du cinéma, nous brisons vos attentes. A l’instar d’Almitra qui recherche sa voix, sa voie, chaque spectateur se saisira de quelque chose de différent. Ce qui lui permettra d’entamer une discussion intérieure». S’adressant essentiellement aux jeunes, d’où le choix de l’animation, elle espère que le film «encouragera la nouvelle génération à sortir des chemins battus, à trouver de nouvelles idées qui, seules, pourraient sauver le monde».

Nayla Rached

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