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Nº 2999 du vendredi 1er mai 2015

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Attaque israélienne imminente? Le scénario de tous les dangers

Au milieu de la confusion qui règne dans la région et dans l’attente de l’évolution des négociations sur le nucléaire iranien, il est de plus en plus question d’une agression israélienne contre le Liban et, plus particulièrement, contre des positions du Hezbollah dans la Békaa. Des indices fiables montrent que l’hypothèse est sérieuse, même si le Hezbollah refuse de faire des commentaires.

Tout a commencé il y a quelques jours avec des informations véhiculées par les chaînes satellitaires al-Jazeera et al-Arabiya, reprises aussi par Sky News Arabie. Celles-ci avaient affirmé que l’aviation militaire israélienne a bombardé des positions du Hezbollah dans le Qalamoun. Les médias proches du Hezbollah et du régime syrien se sont murés dans le silence, mais les chaînes précitées sont revenues sur l’information et ont ajouté que les brigades 155 et 65 de l’armée syrienne, spécialisées dans les armes stratégiques et les missiles balistiques, ont été prises pour cibles, toujours dans le Qalamoun. L’affaire aurait pu en rester là et être considérée comme un développement limité au terrain en Syrie et à la bataille annoncée dans la région du Qalamoun. Mais quelques jours plus tard, le site britannique Jane’s, spécialisé dans les questions militaires et dans les affaires de défense, dévoile, pour la première fois, des photos d’un mini-aéroport militaire construit par le Hezbollah dans une région du Hermel peu peuplée. Cet aéroport serait formé d’une piste d’atterrissage assez courte ne pouvant donc accueillir que des drones, mais son existence constitue déjà un développement majeur. L’information a d’ailleurs été reprise par les médias locaux et largement commentée, considérant que le fait de révéler l’existence de cet aéroport pourrait s’inscrire dans le cadre d’une escalade médiatique de la part d’Israël en préparation d’une nouvelle agression contre le Liban. Les informations sur la construction de cet aéroport justifieraient en quelque sorte une agression israélienne dans la mesure où cela signifierait que le Hezbollah dépasserait les lignes rouges qui lui ont été fixées après «la cessation des hostilités» entre lui et l’armée israélienne, dans le cadre de la résolution 1701. Une fois encore, le Hezbollah ne fait aucun commentaire sur la publication de cette information.
 

Vigilance au Hezbollah
Toujours dans le même registre, l’aviation israélienne a lancé, il y a quelques jours, un nouveau raid sur le Golan, tuant quatre hommes armés non identifiés. Outre le fait que ce raid aurait pour objectif de tuer dans l’œuf la nouvelle résistance dans le Golan, formée et encadrée par le Hezbollah et l’armée syrienne, il pourrait être aussi révélateur d’une intention israélienne de mener une nouvelle attaque contre le Hezbollah en multipliant les justifications aux yeux de l’opinion publique.
Les raids annoncés au Qalamoun et au Golan ont été précédés et suivis d’une intense et inhabituelle activité de l’aviation militaire israélienne au-dessus du Liban-Sud, de la Békaa et des zones frontalières avec la Syrie.
Enfin, des sources du Hezbollah ont révélé, en exclusivité à Magazine, le report de certaines activités annoncées et programmées par le parti. Ces annulations seraient donc, elles aussi, l’indice d’un état d’alerte au sein du Hezbollah en prévision d’éventuelles attaques. Les sources du Hezb refusent toutefois d’évoquer un état d’alerte exceptionnel, se limitant à dire que le parti s’attend sans cesse à une attaque israélienne et prend les mesures adéquates. Toujours selon ces mêmes sources, il n’y aurait rien de plus inquiétant qu’à l’accoutumée, sachant que quelles que soient les circonstances, la résistance maintient son plus haut niveau de vigilance face aux Israéliens.
 

Menaces israéliennes
De leur côté, les médias israéliens ont multiplié les menaces contre le Liban à la suite du raid de l’aviation sur le Golan. Ces médias ont ainsi parlé d’agressions de vaste envergure destinées à détruire les installations du Hezbollah au Liban et à ramener ce pays des années en arrière. Aussi bien le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, que le ministre de la Défense, Moshé Ayalon, et plusieurs généraux ont multiplié les menaces au Hezbollah «s’il devait mener la moindre opération contre les soldats israéliens». En même temps, les médias israéliens précisent que leur armée a déjoué des tentatives du parti de Dieu de placer des charges explosives le long de la frontière, en l’accusant de dépasser les lignes rouges en se dotant d’armes «qui modifient les rapports de force». Il s’agirait notamment, toujours selon la presse israélienne, de missiles Fateh 110 aux ogives lourdes. Ces missiles sont de longue portée et ils sont connus pour leur précision. Le Hezbollah possèderait aussi d’autres missiles Bourkan de courte portée, mais dotés d’une ogive variant entre 100 et 500 kg. Ce qui peut causer d’énormes dommages.
Selon des sources politiques, toutes ces menaces pourraient s’inscrire dans le cadre d’une simple guerre médiatique et psychologique, comme elles pourraient être le prélude à une agression effective contre des positions du Hezbollah au Liban. Toujours selon les mêmes sources, Israël pourrait profiter de la confusion actuelle, sur le plan régional, pour frapper le Hezbollah dans une tentative de l’affaiblir. Pris dans leurs ultimes négociations avec l’Iran sur son dossier nucléaire et empêtrés dans leurs contradictions internes, les Américains ne seraient pas en mesure d’empêcher une opération israélienne, à la fois punitive et préventive, contre le Hezbollah au Liban, d’autant qu’ils ont déjà beaucoup à faire pour juguler les protestations saoudiennes, turques et qataries contre l’accord qui devrait être finalisé à la fin du mois de juin. Les Américains seraient donc si débordés qu’ils n’ont même pas réagi à l’annonce par l’Arabie saoudite du déclenchement de la Tempête de la fermeté au Yémen, dont l’objectif final est de mettre un terme à l’influence iranienne dans la région et de montrer qu’il faut prendre en compte l’opinion et les intérêts de l’Arabie saoudite en tant que puissance régionale. Tout comme l’Arabie, Israël pourrait ainsi profiter de cette situation et de la volonté de plusieurs pays régionaux d’être présents à la table des négociations nucléaires pour lancer une opération militaire qui ne peut que lui profiter. Les Israéliens misent aussi sur le fait que le Hezbollah n’est pas en mesure de riposter à une grande échelle pour plusieurs raisons: d’abord, le fait qu’il est très impliqué dans la guerre qui se déroule en Syrie, surtout après les revers essuyés par l’armée syrienne au nord du pays au cours des derniers jours. Ensuite, parce qu’il est clair que la priorité iranienne est aujourd’hui de conclure l’accord avec l’Occident sur son dossier nucléaire et, par conséquent, la République islamique préfèrerait, avant la finalisation de cet accord, maintenir le calme dans la région. Elle aurait ainsi demandé à ses alliés au Yémen et au Liban de ne pas réagir aux provocations, alors qu’elle-même n’a pas non plus répondu aux coups portés à l’armée syrienne à Idlib et à Jisr el-Choughour (voir page 26) par une alliance inattendue entre la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite, avec différentes factions de l’opposition syrienne. Le moment pourrait donc être propice à une attaque militaire contre des positions ou des dépôts d’armes du Hezbollah au Liban… les prétextes et autres justifications sont légion. Toutefois, la situation au Liban et au Moyen-Orient n’est jamais aussi simple qu’on le croit!

Joëlle Seif

La Békaa d’abord
Une fois de plus, les yeux des spécialistes militaires sont fixés sur la Békaa. Toutefois, il ne s’agit pas de la Békaa du Nord, mais de celle du Sud. A la suite du raid israélien contre le Golan pour frapper la résistance naissante dans la région, les Israéliens pourraient lancer une attaque contre Chebaa et ses environs où le Hezbollah aurait formé un noyau de combattants prêts à agir au Golan. Selon ces experts, lorsque le Hezbollah a riposté à l’attaque israélienne de Qoneitra, qui avait causé la mort de cinq de ses cadres, en menant une opération dans les fermes de Chebaa, il a en quelque sorte montré aux Israéliens que désormais, le front est ouvert, du Liban au Golan. Or, cette équation n’arrange pas les Israéliens…

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