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Nº 3040 du vendredi 12 février 2016

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Sports d’hiver. Les professionnels accusent les médias

Les professionnels des sports d’hiver sont déçus par ce début de saison et accusent les médias d’avoir exagéré l’ampleur des tempêtes hivernales, faisant ainsi peur aux touristes potentiels.

Après Sylvestre et Thalassa, les deux tempêtes qui ont défrayé la chronique fin 2015 et début 2016, la montagne libanaise s’est très rapidement vêtue de blanc. Toutes les conditions semblaient être réunies pour laisser présager une saison hivernale des plus belles pour les professionnels et amateurs de sports d’hiver. Pourtant, ces derniers tirent la grise mine. Ce début de saison est décevant, la faute, selon eux, est aux médias qui auraient affolé les foules.
A Faraya-Mzaar, Fabien Asmar, un des fondateurs de l’école de ski Twin Tip, se dit déçu de ce début de saison. «Nous n’avons véritablement commencé à travailler qu’à la mi-janvier, explique-t-il. Les médias ont terrorisé les vacanciers avec cette soi-disant plus grande tempête que le pays n’aurait jamais connue depuis 1992. C’est dommage car la saison aurait pu débuter bien plus tôt».
Malgré la déception du professionnel, les chiffres sont plutôt bons. L’école de ski de Fabien a tout de même accueilli 90 enfants par week-end, contre 70 enfants l’an passé et pratiquement aucun en 2014 (il n’avait pas neigé cette année-là). «Nous avions, tout de même, pas mal travaillé par rapport aux autres années, admet-il, mais vu les conditions optimales de neige, nous nous attendions à de bien meilleurs résultats».
Sur un domaine skiable qui s’étend sur plus de 80 m2, la station de ski Faraya-Mzaar Resort, située à Kfardébiane, compte une quarantaine de pistes et une vingtaine de remontées mécaniques. La directrice de la station, Nicole Wakim, dresse, elle, un constat plus optimiste sur ce début de saison hivernale. «L’année a bien commencé, explique-t-elle. Les conditions de neige sont aujourd’hui idéales pour les amateurs de sports d’hiver. Nous avons ouvert 70% des remontées mécaniques le 10 janvier, puis avons continué après la seconde tempête de l’année, Thalassa».

 

Des skieurs libanais
Selon la responsable, la station accueillerait quelque 5 000 à 6 000 skieurs tous les week-ends et entre 2 500 et 3 000 amateurs de sports d’hiver en semaine. La responsable tient à souligner la particularité de cette année: des skieurs essentiellement libanais, en tout cas, en ce début de saison. «Les visiteurs sont pour la plupart et même à 80% des locaux, précise-t-elle. Contrairement aux autres années, nous avons accueilli seulement 5% d’étrangers, mais nous espérons les voir arriver avec les vacances d’hiver qui débutent bientôt dans plusieurs pays».
Même constat pour Jean Beyrouthi, le président de la Fédération des syndicats touristiques. «Si les hôtels sont bel et bien complets tous les week-ends, nous attendons toujours les touristes arabes pour remplir les pistes et les hôtels en semaine. Le 15 février marque le début des vacances dans les pays du Golfe, les professionnels libanais sont prêts pour cette période décisive, nous espérons que les touristes seront au rendez-vous».
Pour Tony Saadé, propriétaire du restaurant Le Montagnou, situé dans la même région, le problème n’est effectivement pas les week-ends, mais la semaine durant laquelle les visiteurs étrangers se font rares.
«L’année dernière était une bien meilleure année en termes de remplissage, explique-t-il. Les week-ends ne sont pas le problème, car nous faisons toujours le plein grâce aux Libanais, mais les touristes arabes et les expatriés nous manquent terriblement en semaine».
Le professionnel regrette, lui aussi, un début de saison des plus moroses. Contrairement aux idées reçues, les deux tempêtes n’auraient pas bénéficié aux professionnels. «Elles auraient pu être une bénédiction si les médias n’avaient pas traumatisé les Libanais, se plaint Tony Saadé. Le 31 janvier, les clients n’ont pas osé prendre la route à cause de la tempête, se souvient-il. Il s’agit d’un soir pourtant décisif pour la restauration et l’hôtellerie».


Des visiteurs étrangers
Saadé fonde alors tous ses espoirs sur le mois de février, qui laisse présager de belles opportunités, si la neige est au rendez-vous. «Les élèves des lycées français prennent leurs vacances à partir du 22 février, il y a eu aussi le pont de la Saint-Maron, la Saint-Valentin et les vacances de neige, énumère le professionnel. Nous avons déjà beaucoup de réservations. Espérons seulement qu’il n’y aura pas à déplorer de nouvelles annulations en cas d’autres tempêtes».
Même constat à Faqra. Roger Koborsy, le propriétaire de l’Auberge du Faqra explique avoir perdu les trois premières semaines de janvier à cause des médias. «La saison a eu beaucoup de mal à démarrer, et ce en majeure partie à cause des médias qui ont exagéré la météo et fait fuir les clients. Heureusement, nous sommes toujours pleins les week-ends, mais il suffit d’une tempête pour que le taux de remplissage de notre établissement tombe à 30%».
Après ce début de saison des plus nuancés, les professionnels des sports d’hiver attendent de pied ferme les touristes étrangers, en espérant que la neige ne fonde pas.
Le nombre de visiteurs étrangers en ce début d’année est encourageant. Selon les derniers chiffres du ministère du Tourisme, le Liban a accueilli un peu plus de 90 000 visiteurs au mois de janvier, un nombre en hausse de 22,6% par rapport au même mois de l’année dernière.
Mais pour Michel Pharaon, ministre du Tourisme, «le vrai défi du tourisme reste la crise des poubelles. En juillet dernier, les établissements touristiques affichaient tous de belles réservations mais dès que la crise a débuté, tous ont annulé leurs vacances. Ce dossier doit être réglé au plus vite pour que le Liban retrouve son image d’antan».

Soraya Hamdan

La sécurité sur les pistes
Un an après la tragédie ayant coûté la vie à Mélanie Freiha, jeune victime d’un accident de ski à la suite d’une grave chute sur les pistes de Kfardébiane-Mzaar, le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, a annoncé être actuellement en train de revoir sérieusement la question de la sécurité des pistes. «Même si cette question n’est pas seulement du ressort du ministère du Tourisme, elle est des plus cruciales, explique-t-il dans un entretien accordé à Magazine. J’ai demandé des normes sécuritaires plus strictes en montagne et des rapports détaillés sur les remontées mécaniques en coopération avec la Croix-Rouge».

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