Magazine Le Mensuel

Nº 3043 du vendredi 4 mars 2016

general

Saad Hariri. «Ne me parlez plus de Rifi»

Selon certaines informations, les présidents Tammam Salam et Saad Hariri n’auraient pas été informés par le ministre de la Justice, Achraf Rifi, de sa décision de démissionner. Ceci étant, Hariri n’a pas pris contact avec Rifi pour lui demander les raisons de son retrait. Furieux de cette surprise, il l’a totalement ignoré. Il a considéré que Rifi lui jetait sa démission au visage, qu’il faisait de la surenchère et l’embarrassait politiquement et populairement. A ceux qui évoquent le sujet devant lui, il répond: «Que l’on ne me parle plus de ce…».
Tammam Salam, quant à lui, a tenté d’entrer  en contact avec le ministre qui n’a pas répondu à son appel, le renvoyant à son épouse. Celle-ci lui a fait des reproches et exprimé son profond désarroi. Salam a appelé Hariri pour lui dire ce qui s’était passé, ne cachant pas son mécontentement de la manière dont Rifi l’a traité. Hariri lui a conseillé de ne pas accorder d’importance au sujet et de le clore.
Ce qui a fait le plus de mal au ministre Rifi, c’est l’ignorance volontaire de sa démission et la minimisation de l’affaire. Il n’y a été fait aucune allusion dans le communiqué de la Maison du Centre et n’est passée que rapidement dans les débats de cette réunion. Les ministres du Futur n’y ont fait aucune mention en Conseil des ministres et Rifi n’a reçu aucun signe de solidarité ou de compréhension de la part de n’importe quel député ou ténor du Futur en dehors de celui d’Ahmad Fatfat, qui lui a rendu visite à son domicile.
Le ministre démissionnaire s’est dit satisfait de l’appui populaire qu’il a trouvé à Tripoli, surtout en considérant sa situation au Akkar et auprès du député Khaled Daher, qui rejoint les positions de Rifi contre le dialogue avec le Hezbollah et la candidature de Sleiman Frangié à la présidence.
Achraf Rifi a entamé une nouvelle étape après la rupture de ses liens avec le Futur. Alors qu’il ne cache pas ses ambitions politiques et son souhait de poursuivre ce qu’il a commencé, en menant la carrière politique désormais pour son propre compte, il a semblé se tirer une balle dans le pied même si, du même coup, il en a touché d’autres et en premier Saad Hariri, qui reçoit des éclats de ces bombes vocales.

Chaouki Achkouti   
 

Démission de Rifi
Un piège tendu par Nouhad Machnouk?

Le ministre Achraf Riri reproche à son collègue Nouhad Machnouk de n’avoir pas respecté son engagement de présenter ensemble leur démission, et l’accuse de l’avoir entraîné dans le piège de la démission.
Selon Rifi, «l’accord avec le Courant du futur était qu’il (Machnouk) annoncerait en même temps que moi sa démission pour protester contre le cours pris par le dossier de Michel Samaha. Mais Machnouk n’a pas tenu parole». Machnouk répond sur Twitter: «A la réunion de Riyad, j’ai proposé la démission du gouvernement et l’arrêt du dialogue (avec le Hezbollah) en présence de mon ami, Achraf Rifi, du député Ahmad Fatfat et des présidents Fouad siniora et Saad Hariri. Les directives données par ce dernier étaient de ne prendre aucune initiative embarrassant le président de la Chambre, Nabih Berry, et le député Walid Joumblatt. Le président Hariri nous avait demandé de reporter le plan. C’est ce qui est arrivé».
Les témoins de la réunion de Riyad ont entendu Machnouk dire clairement: «Nous devons démissionner et arrêter le dialogue avec le Hezbollah si l’affaire Samaha n’est pas transférée devant la Cour de justice», ajoutant: «Il est possible que nous démissionnions, Rifi et moi, mais non tous les ministres sunnites».
Rifi a approuvé cette suggestion. Les concertations ont été entamées et se sont prolongées pendant que des contacts étaient entrepris par le président Hariri avec Salam, Joumblatt, Berry et leurs alliés. L’attente fut longue sans résultats.
Après trois reports au Conseil des ministres de l’affaire Samaha, Rifi a décidé de mettre un terme au laxisme et dès son arrivée à la dernière réunion, il dit à Machnouk: «Je n’ai plus d’autre choix que de me retirer de la séance si le cas Samaha n’est pas inscrit à l’ordre du jour». Selon certaines informations, Machnouk se serait conduit comme s’il ne l’avait pas entendu.

Chaouki Achkouti   

Related

Bachir Gemayel, 31 ans déjà. Le militant pour la République

Refinancement. L’Etat a besoin de 480 millions de dollars en mars

Corps étrangers. Et la modernité balance

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.