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Nº 3051 du vendredi 29 avril 2016

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Jean Oghassabian, député de Beyrouth. «Les Russes et les Iraniens ne veulent pas de présidentielle»

«Les Russes et les Iraniens ne souhaitent pas une élection présidentielle au Liban avant que la guerre en Syrie ne soit réglée sur un quelconque compromis. L’échéance présidentielle est otage dans une prison dont seul le Hezbollah détient la clé». Interview de Jean Oghassabian, membre du bloc parlementaire du Futur.
 

Le chef du Parlement, Nabih Berry, assure qu’il ne convoquera pas la Chambre avant que les commissions conjointes ne terminent l’examen d’une nouvelle loi électorale. Etes-vous satisfait de cette déclaration?
Certainement. A la dernière séance parlementaire marquée par des remous, alors qu’elle devait être réservée au vote des textes nécessaires, voire incontournables, le président Saad Hariri avait promis à son allié Samir Geagea qu’à la prochaine séance, la nouvelle loi électorale sera au menu. Or, Hariri a l’habitude de tenir ses promesses. Actuellement, le pays est si divisé que nous ne devons pas jeter de l’huile sur le feu et provoquer des surenchères gratuites. Nous passons par une phase difficile où le communautarisme et le confessionnalisme ont atteint leurs plus hauts sommets, pas besoin d’exacerber encore plus les sentiments.

Certains affirment que la loi électorale que vous proposez n’assure pas une bonne représentativité des chrétiens que vous dites souhaiter ménager…
Nous sommes, comme les Forces libanaises et les Joumblattistes, pour une loi électorale mixte. Nous avons convenu de cette loi parce que nous considérons qu’en la présence d’armes entre les mains du Hezbollah, la proportionnelle ne peut pas convenir, ce parti raflerait tous les sièges dans les régions sous son influence et en remporterait plusieurs dans les autres. Ceci est inadmissible. Notre but est de préserver l’unité du pays et le partage du pouvoir dans la mesure du possible en attendant que le problème des armes du Hezbollah soit réglé.

Walid Joumblatt a assuré être décidé à présenter sa démission au cours de la prochaine séance parlementaire. Certains regrettent que cette séance n’ait pas lieu pour lui permettre de traduire ses paroles en actes. Partagez-vous cet avis, surtout depuis que le chef du PSP tire à boulets rouges sur des proches du Futur les accusant de corruption?
Cela fait un certain temps que Walid Joumblatt prépare son fils à prendre la relève. Il est peut-être fatigué de tout ça. En ce qui concerne la corruption, des politiques de tout bord en sont responsables et il devient urgent d’en dénoncer les maîtres, sinon le Liban risque gros sur tous les plans aussi bien politiques qu’économiques.

Parlant de corruption, Saad Hariri serait impliqué dans un réseau de blanchiment d’argent dont le Hezbollah profiterait également, a titré Le Parisien, repris par plusieurs médias. Avez-vous des détails sur cette affaire?
Saad Hariri a formellement démenti toute cette histoire, assurant qu’il ne connaît même pas l’homme appartenant à ce réseau et qui prétend être son avocat. Les jours à venir le prouveront. Il n’a rien à voir dans cette affaire ni de loin ni de près.

Pour en revenir à la présidentielle, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a assuré qu’il n’y aura pas d’élection présidentielle de sitôt. Qu’en dites-vous?
Les Russes et les Iraniens ne souhaitent pas une élection présidentielle au Liban avant que la guerre en Syrie ne soit réglée par un quelconque compromis. Ils attendent de voir comment les choses évolueront à Damas et quelle sera la part de l’Iran dans la région. L’échéance présidentielle est dans une prison dont seul le Hezbollah détient la clé.

Samir Geagea a facilité cette élection en appuyant le général Michel Aoun et le Courant du futur a toujours affirmé qu’il soutiendra le candidat que les chrétiens nommeront. Pourquoi refuser le choix de la majorité des chrétiens?
Lorsque Les FL ont appuyé Michel Aoun, le Futur avait déjà soutenu la candidature de Sleiman Frangié. Or, Saad Hariri, par fidélité à cet homme, ne changera pas de position. Nous ne renoncerons pas à notre candidat à moins qu’il n’y ait un compromis global entre toutes les parties.

Propos recueillis par Danièle Gergès

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