Magazine Le Mensuel

Nº 3052 du vendredi 6 mai 2016

Événement

Le Spring Festival s’élance. Un souffle de fraîcheur

Inauguré le 28 avril par un effluve de Chine, avec la compagnie Beijing Dance/LDTX, le Spring Festival fleurira dans les recoins de la capitale jusqu’au 27 mai. Dès la première soirée, le ton est donné…

Tous les deux ans à Beyrouth, le Spring Festival distille une énergie particulière, si belle, comme une volonté implicite de se rassembler autour du beau, comme une identité libanaise qui trouve un écho dans la diversité des spectateurs. Chaque fois que le festivalier-spectateur pénètre dans la salle du théâtre Tournesol, il est intuitivement pris d’un large sourire qui s’apprête à saisir la vie et l’art en toute évanescence faite pour rester.
C’est dans ce cadre-là, dans cette ambiance-là que s’est élancée la 5e édition libanaise du Spring Festival, organisé par l’association SHAMS, en partenariat avec Al Mawred al-Thaqafy, aux couleurs du monde, de la liberté et au-delà des frontières.
Le jeudi 28 avril, grande foule et salle comble pour la soirée inaugurale du festival. Ils sont venus de Chine, les danseurs et chorégraphes de la compagnie Beijing Dance/LDTX, porteurs d’un souffle de fraîcheur et de puissance. LDTX, soit Lei Dong Tian Xia, qui signifie «Tonnerre qui gronde sous le paradis» est née, en septembre 2005, à un moment controversé et excitant d’une évolution culturelle fulgurante en Chine. Plateforme de créations contemporaines sous la direction artistique de Willy Tsao, la compagnie rassemble plusieurs générations de chorégraphes sous un répertoire diversifié. C’est justement cette diversité qui frappe dans les trois représentations offertes au public libanais, unies toutefois par une certitude d’harmonie et de technicité quant à la capacité des danseurs, leur souplesse physique, leurs mouvements tour à tour aériens ou si près de la terre.
Trois tableaux l’un à la suite de l’autre, trois performances d’une durée et d’une portée inégales, Cercle, Octobre et Rituel plantent les graines d’un renouveau sur les planches locales.Voulue comme une pureté qui entrerait en collision avec les conventions et les traditions, Cercle plante sur la scène une dizaine de danseurs, tout de noir vêtus. Mouvements en cercle, déplacements synchronisés, comme les pétales d’une fleur qu’on effeuillerait tour à tour, dans un champ qui se défriche petit à petit. Et d’un coup, un geste qui sort de l’ensemble, s’affirme, s’y joint, s’en éloigne. Un autre encore, puis encore un autre. Sans jamais vraiment rompre l’ensemble. La diversité dans ce qu’elle a de plus vivant, de plus dynamique. Mouvements en solo, à deux ou à plusieurs, musique moderne, contemporaine, entre des sonorités jazzy et électros, et même si la chorégraphie s’étale en longueur et en boucles répétitives, cycliques, l’harmonie des gestes crée la beauté du tableau. Le temps d’un souffle et la scène se tamise pour un poème de deux cœurs solitaires à l’automne. Octobre fait miroiter la danse des corps tout près de l’amour, aux couleurs du temps. Un couple d’amoureux qui s’enlace dans la fluidité d’une danse à la fois familière et nouvelle.
Très rapide entracte pour un changement d’ambiance. Le «tonnerre qui gronde» à nouveau. Sous les arcades de l’imaginaire collectif. Confrontation du corps et de l’esprit, de la réalité et de l’illusion, Rituel porte si bien son titre. Magie et envoûtement, eau purificatrice et pénombre protectrice, voix sortie des cavernes et bouleversements de la nature, l’imaginaire prend son envol. Un rituel de vie qui semble à la fois issu des temps immémoriaux et pourtant tellement d’actualité. Une passerelle spatio-temporelle qui relie l’hier à l’aujourd’hui, l’ici à l’ailleurs, les civilisations entre elles, dans une même volonté de libération, de liberté.

Nayla Rached
 

Le festival se poursuit Vendredi 6 mai
Musique avec Terez Sliman et Sofia Portugal.

Samedi 7 mai
Théâtre, In the eruptive mode: voices from the hijacked Spring avec Sulayman el-Bassam (Koweït).

Dimanche 8 mai
Danse, From Mahabharata Epic avec le centre Kerala Kathakali (Inde).

Mercredi 11 mai
Musique avec Omar Offendum, MC Mad Prophet et DJ Chak de JnoodBeirut (Syrie/Etats-Unis/Liban).
20h30, Radio Beirut.

Jeudi 12 et vendredi 13 mai
Théâtre, Glass avec Oussama Ghanam (Syrie).

Les représentations auront lieu au théâtre Tournesol, à 20h30, sauf mention contraire.
 

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