Magazine Le Mensuel

Nº 3056 du vendredi 3 juin 2016

Economie & Finances

Prêts bancaires. L’activité reprend du souffle au premier trimestre

La Banque du Liban (BDL) poursuit sa politique de croissance économique véhiculée par une expansion de l’octroi de crédits dans l’espoir de doper la consommation interne. Son pari semble avoir repris du souffle pour un nouveau départ, début 2016, après un certain essoufflement l’année dernière. En fait, la Banque centrale n’a cessé d’œuvrer cette année à la réduction des taux d’intérêt débiteurs et d’encourager les banques à entreprendre un rééchelonnement de certains prêts commerciaux susceptibles d’être viables.
En comparaison avec le premier trimestre de 2015, les actifs des banques ont progressé, tirés par une hausse relative de leur activité d’octroi de prêts, quoique cette hausse ait été inférieure à celle enregistrée sur la même période un an auparavant et alors que la croissance des dépôts a été satisfaisante jusqu’à fin mars, sans toutefois avoir atteint le niveau de l’année dernière. Les dépôts bancaires ont ainsi enregistré une hausse de 0,6% de janvier à mars 2016, par rapport à la même période de 2015. Cette légère progression est due à l’augmentation des dépôts appartenant à des résidants, alors que ceux des non-résidants ont stagné.
L’amélioration de l’activité de prêt est le reflet de celle de tous les indicateurs de l’économie réelle sur la période considérée. L’octroi de prêts a enregistré une hausse de 1,5% au premier trimestre de 2016, soit l’équivalent de 830 millions de dollars, sachant que la majorité des bénéficiaires des avances sont des résidants. Néanmoins, les avances octroyées à des non-résidants a repris certaines couleurs après une légère contraction de janvier à mars 2015. Quant aux prêts non performants, ils représentent un faible pourcentage par rapport au total des crédits. De l’ordre de 3,7%, ils sont plus ou moins couverts d’une manière adéquate par des provisions. Le ratio des provisions rapportées aux crédits non performants est de 70%.

 

Répartition des crédits
Le financement des banques, via Kafalat  destiné aux petites et moyennes entreprises (PME) a accusé une significative expansion au premier trimestre de 2016, le nombre des prêts consentis suivant ce mécanisme a progressé de 20,3% sur un an. Sur base d’une répartition géographique, le Mont-Liban a accaparé une part de 37,8% des crédits de Kafalat, suivi par la Békaa et le Liban-Nord, avec respectivement des proportions de 27,9% et 12,2%. Quant au secteur agricole, sa part des crédits du total des avances consenties s’est accrue de 25,8% sur la période considérée en rythme annuel, tandis que celle revenant au secteur industriel a augmenté de 4% seulement.
Pour ce qui est des crédits consentis par les banques aux différents secteurs productifs à l’exclusion du mécanisme de Kafalat, l’agriculture a accaparé la part du lion avec une proportion de 48,3%, suivie par celle du secteur industriel de 30,2%, puis la part du secteur touristique avec 15,7%.

Loi contre le financement du terrorisme
Riad Salamé: «Il ne faut pas en faire une phobie»
Dans une conjoncture locale morose et lourde de pressions d’ordre local, régional et international, l’intervention du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, était tombée à point nommé lors du 30e anniversaire du Rassemblement des dirigeants et des chefs d’entreprises libanais (RDCL) pour calmer un tant soit peu les esprits des dépositaires auprès des banques libanaises et tranquilliser les investisseurs. Un rapide débat avec l’audience présente à l’hôtel Four Seasons a permis au patron de la Banque centrale d’articuler ses propos autour de trois axes principaux. Abordant l’application des lois américaines de lutte contre le financement du terrorisme, Riad Salamé a appelé la communauté des affaires «à ne pas en faire une phobie», le Liban n’en étant pas à sa première expérience en termes de mise en œuvre de lois et traités internationaux. Dans ce contexte, il a souligné l’implantation de la Fatca, qui a été effectuée sans problème, ainsi que l’adhésion du pays du Cèdre au Forum international de lutte contre l’évasion fiscale, qui sera effective à partir de 2018.
Le gouverneur de la BDL considère que les modalités d’application de la loi sur la lutte contre le financement ont pris forme et que les dispositions des circulaires de la Banque centrale, y compris celles de la Commission de contrôle bancaire, sont claires et ne prêtent pas à équivoque. «Le Liban n’est pas un paradis fiscal et ne sera jamais mis sur une quelconque liste noire», a-t-il martelé. Dans le même contexte, Riad Salamé a, une nouvelle fois, tranquillisé les détenteurs de comptes bancaires, apportant, en chiffres, les preuves de sa confiance dans la monnaie nationale. «La BDL a récemment eu recours à davantage d’ingénieries financières pour accroître ses réserves en devises étrangères. Certaines ingénieries ont permis, jusque-là, à la BDL d’engranger 750 millions de dollars de plus et l’action est en cours avec le ministère des Finances afin de remplacer des bons du Trésor en eurobonds pour la somme de près deux milliards de dollars», a-t-il encore dit. Répondant à une question, Riad Salamé a précisé que la BDL n’a pas comme vocation de financer les projets d’infrastructure dont a grandement besoin le Liban, ajoutant que les banques commerciales ont des disponibilités en liquidités de près de 20 milliards de dollars pour se charger de cette mission. Une question et une réponse qui ont amené l’ancien ministre de l’Economie, Yassine Jaber, à intervenir, précisant que le projet de loi portant sur le cadre légal du partenariat public-privé (PPP) est prêt depuis belle lurette, «mais que des tiraillements politiques en bloquent le processus d’approbation». Aussi, le gouverneur de la BDL a tranquillisé l’audience en annonçant la poursuite par celle-ci des incitations liées à l’octroi de crédits tant que ces mesures ne génèrent pas de l’inflation dans le pays et que la valeur de la livre reste stable.
De son côté, Fouad Zmokhol, président du RDCL, a exposé le résultat de ses innombrables déplacements à l’étranger, qui se sont concrétisés par la création d’un RDCL-monde visant à accroître les opportunités des hommes d’affaires résidants. Néanmoins, il a mis l’accent sur les conditions difficiles dans le cadre desquelles les hommes d’affaires libanais gèrent leurs portefeuilles. «Ils continuent de faire preuve de résilience, qui est tout à leur honneur, mais ils sont arrivés à un point où il serait bon de s’interroger s’il y a lieu d’en rire ou d’en pleurer».

Liliane Mokbel

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