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Nº 3059 du vendredi 24 juin 2016

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Diaspora

De Hadchit à l’Australie. Nelia Hyndman-Rizk décortique la migration libanaise

Le Dr Nelia Hyndman-Rizk, anthropologue, est une référence concernant les migrants installés à Sydney et originaires de la ville de Hadchit. Magazine l’a rencontrée pour discuter de son étude Pas de mariages arrangés ici: migration et changement de relations au sein de la diaspora libanaise.

Combien de migrants libanais sont-ils originaires de Hadchit? Qu’ont-ils en commun avec les autres Libanais installés en Australie?
Il y a environ 500 familles originaires de Hadchit, soit 3 000 personnes, installées dans l’ouest de Sydney. L’association villageoise est une forme courante d’organisation sociale chez les immigrants libanais en Australie. J’ai travaillé avec l’une des plus grandes associations, celle de Hadchit, et j’ai passé 12 mois à enquêter sur le terrain auprès de cette communauté immigrée. Ma famille a quitté Hadchit pour se rendre aux Etats-Unis dans les années 1890. Je suis donc officiellement une migrante de 4e génération, ayant maintenu des liens avec mon village d’origine. Je me suis installée en Australie en 1972.

Au fil des années, les migrants ont connu des transformations culturelles. Comment les résumer?
A la suite du processus de migration, beaucoup de transformations culturelles ont lieu permettant aux migrants de s’adapter à leur nouvelle vie. L’un des changements sociaux les plus importants qu’ils ont connus concerne la renégociation de leur identité culturelle. S’identifier comme un «Hadchiti» est supplanté par une identification culturelle plus large, celle d’être un Libano-Australien. Il y a également un autre changement culturel important à signaler. En 1950, une étude menée à Hadchit, portant sur le mariage, montrait que l’endogamie dans l’émigration était presque totale. Toutefois, ce qu’on constate récemment à Sydney c’est que, parmi les migrants nés ou élevés en Australie, les mariages entre cousins représentent seulement 25%. Pour la deuxième génération, 36,6% des mariages se font avec une personne d’origine libanaise et 38,4% avec des non-Libanais.
 

Les nouvelles générations tiennent donc à faire des mariages d’amour…
Pour la deuxième génération de femmes libanaises, il y a une préférence croissante pour les mariages d’amour. On cherche de plus en plus à établir un «nouveau contrat de mariage» fondé sur l’égalité des sexes et l’amour entre les partenaires. Certaines personnes mariées à leurs cousins considèrent qu’elles se lient par amour et qu’elles composent une famille heureuse. Pour d’autres, les mariages avec les cousins sont voués à l’échec, parce qu’un tel amour ne pouvait durer. La deuxième génération de femmes libanaises veut elle-même choisir son partenaire. Les migrantes ont tendance à se marier plus tardivement. L’âge a été reporté à la fin de la vingtaine. Elles ont plus tendance à poursuivre des études supérieures et à participer à la vie professionnelle.

 

Théâtre
Passeport No 10 452 en Afrique du Sud

Après Montréal, Beyrouth et Athènes, Passeport No 10 452 de Betty Taoutel atterrit sur les planches du théâtre de la Place Nelson Mandela, à Johannesburg. Les Libanais d’Afrique du Sud, avides d’entendre leur langue maternelle, sont venus nombreux assister à la pièce. Une rencontre culturelle organisée par l’ambassade du Liban en Afrique du Sud, en coordination avec des membres de la communauté.
Cette pièce de la dramaturge et actrice Betty Taoutel, destinée à la diaspora libanaise, est interprétée en majorité en dialecte libanais. Le duo Betty Taoutel-Hagop Der Ghoughassian nous fait passer du rire aux larmes avec subtilité.  Y est abordé, avec humour, malice et sincérité, ce conflit éternel, partir ou rester, ressenti par maintes familles libanaises. Place à l’émotion.
«Je remercie les membres de la communauté qui ont déployé tous leurs efforts en coordination avec l’ambassade pour mener à bien ce projet, affirme Ara Khatchadourian, chargé d’affaires auprès de l’ambassade du Liban en Afrique du Sud. Nous sommes très reconnaissants de pouvoir le ramener en Afrique du Sud (…)». La pièce, selon lui, «est une belle prise de conscience non seulement de l’émigration de la jeunesse libanaise, mais surtout de l’attachement que les Libanais ont pour leur pays».
La veille de la représentation, l’ambassade du Liban avait donné une réception en l’honneur de Taoutel et de son équipe.

Propos recueillis par Pauline Mouhanna

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