Tourisme
Fadi Abboud : «2 millions de dollars pour la subvention du plan d’urgence»
Le ministre du Tourisme a élaboré un plan pour dynamiser la saison. Certains spécialistes considèrent que «le ministre rame à contre-courant, vu l’environnement morose et la léthargie dans lesquels le Liban se trouve». D’autres y voient une planche de salut. Anticipant une question de L’Hebdo Magazineportant sur son dernier plan de sauvetage en date, intitulé «Plan d’urgence touristique», l’ancien président de l’Association des industriels affirme qu’il est «conscient que le cheval de bataille de son programme pour sauver la saison touristique est centré sur l’élément clé du coût du séjour du touriste et celui de son billet d’avion». «Il faut être insensé pour ne pas faire cas d’autres paramètres, à titre indicatif l’instabilité politique et la précarité de la sécurité. Toutefois, l’objectif de mon plan est à priori de sauver ce qui peut l’être en termes de saison touristique à la lumière de la conjoncture qui prévaut autant au niveau local que régional. D’où le fait d’avoir donné à mon plan le caractère d’urgence», précise-t-il. Le ministre du Tourisme, qui affirme ne pas vouloir inventer la poudre, s’appuie constamment sur des expériences concluantes recueillies dans d’autres pays. Dans ce prolongement, il s’interroge sur les raisons pour lesquelles au Liban le ministre du Tourisme n’est pas associé à l’élaboration de la politique de transport à l’instar de pays voisins. Il révèle que son ministère a alloué un budget de deux millions de dollars pour subventionner les vols charters et/ou réguliers qui essuieront des pertes résultant des packages proposés par le ministère du Tourisme. Dans le détail, un vol charter et/ou régulier atteint le seuil de rentabilité avec un taux de remplissage de 60%. Tout vol à destination du Liban ayant appliqué les tarifs du ministère serait subventionné pour le montant nécessaire afin d’atteindre ce seuil. Mais le ministre Abboud est persuadé que les packages proposés ont été étudiés par les agents concernés laissant une marge de profit acceptable aux opérateurs. Ceci dit, il souligne que le Liban est doté d’une infrastructure qui lui permet de cibler plusieurs catégories de touristes. Les packages proposés sont à titre indicatif: 360 $ par personne pour un aller-retour Le Caire-Beyrouth comprenant trois nuitées dans un hôtel 4 étoiles et le transfert à partir et à destination de l’Aéroport International de Beyrouth Rafic Hariri; 340 $ pour un aller-retour Amman-Beyrouth incluant le prix des offres susmentionnées; et 460 $ pour un aller-retour les EAU-Beyrouth aux mêmes conditions. Il relève qu’aux Emirats arabes unis, il existe 2 millions d’étrangers qui y travaillent et détiennent un permis de séjour dans les pays du CCG. Ce qui leur confère l’avantage d’obtenir quelle que soit leur nationalité, un visa d’entrée au Liban à leur arrivée à l’AIB. Par ailleurs, le ministre Abboud évoque la possibilité d’attirer une partie des 1200000 Iraniens qui se rendent en Turquie et qui apprécient le soleil et la mer, des touristes algériens (200000) qui se rendent d’habitude en Tunisie. Ceci dit, la Middle East Airlines a agréé le projet pour ne pas perdre sa part de marché qui avoisine 35% du mouvement des passagers à l’AIB du fait d’une concurrence qui pourrait provenir des vols charters ou d’autres compagnies aériennes régulières qui accepteraient de rallier le projet du ministre. Des négociations sont en cours entre le ministère du Tourisme et la compagnie FlyDubaï. D’autres pourparlers sont en voie d’être finalisés avec des compagnies organisant des vols charters à partir de Moscou et Saint-Pétersbourg. Le mécanisme serait mis en place avant la fin du mois en cours afin d’attirer les touristes européens et plus tard les touristes arabes qui seraient heureux de passer la fête du Fitr au Liban.
Energie solaire
Les ménages préfèrent les raccordements illicites
L’érosion du pouvoir d’achat des ménages à revenus limités est évidente si l’on procède à une analyse rapide du nombre de familles qui ont profité des prêts bonifiés, à taux d’intérêt nul, accordés par la Banque du Liban à travers les banques commerciales pour l’achat de chauffe-eau solaire. Parallèlement, le gouvernement a affecté 200 dollars de subvention à chaque prêt contracté à cet effet, sachant que le montant global de la subvention étatique a été fixé à 1,5 million de dollars alors qu’au cours de 2011, seuls 4100 ménages ont profité de l’offre subventionnée, le nombre de familles qui ont acheté des chauffe-eau solaires en payant cash s’est élevé à 9810, soit le double. Compte-tenu de son environnement climatique, le chauffe-eau solaire est susceptible de fournir à son utilisateur de l’eau chaude à 50 degrés au moins 8 mois sur 12. Les faibles chiffres des emprunteurs justifient en quelque sorte le nombre de raccordements illicites sur le réseau électrique public en hausse régulière, et met en évidence les besoins prioritaires de la classe à revenu moyen et faible. (1123)
MEA
Le renouvellement du monopole acquis ?
La nouvelle concernant l’acquisition par la compagnie aérienne nationale, la Middle East Airlines, de dix nouveaux appareils Airbus monocouloirs NEO (New Engine Option), rendue publique par l’avionneur lui-même Airbus, a suscité de nombreuses interrogations dans l’opinion publique et dans le secteur bancaire qui devrait jouer le rôle de pourvoyeur de fonds pour la conclusion de la transaction. L’annonce a été faite à l’occasion du salon international Farnborough des transporteurs aériens, où en général Airbus et Boeing sont en lice pour rafler le plus grand nombre de commandes fermes d’achats de nouveaux avions. Le prix catalogue d’un avion Airbus monocouloir NEO est de 100 millions de dollars, ce qui signifie que le montant de la transaction est en principe d’un milliard de dollars. Dans son communiqué, Airbus a indiqué que la MEA a signé un protocole d’entente portant sur 5 appareils A320neo et 5 autres A321neo. Cette catégorie d’avions acquis par la MEA présente l’avantage de permettre à la compagnie de renforcer ses gains à travers une économie de fuel de l’ordre de 15%, ajoute le communiqué. Tant la décision elle-même que son timing sont surprenants, il est difficile de croire que le motif d’économie de fuel de 15% est le motif principal de cette transaction. Le PDG de la MEA, Mohamad el-Hout, aurait dans son collimateur une bataille plus grande, celle du renouvellement du monopole de la MEA, unique transporteur national de passagers. Un monopole qui vient à expiration au cours de cette année. Une source responsable qui a requis l’anonymat a confié à L’Hebdo Magazine qu’au sein du gouvernement, le bloc du Premier ministre Najib Mikati est acquis à l’idée d’un renouvellement comme le sont également les blocs du chef du Législatif Nabih Berry et du leader du PSP, Walid Joumblatt. Reste à convaincre de l’utilité de ce monopole l’alliance Hezbollah-CPL qui n’a pas encore pris sa décision. Cette même source, persuadée des répercussions négatives sur le consommateur d’un tel monopole en termes de droit à voyager à des prix compétitifs, rappelle que tout déséquilibre considérable des finances de la compagnie nationale menacerait, d’une manière directe, la pérennité de l’emploi de 4000 familles. Toujours est-il qu’il est nécessaire de rappeler que la MEA a essuyé une régression non négligeable de ses profits au cours des exercices financiers successifs de 2010 et 2011. Parallèlement, la position du Premier ministre Najib Mikati, en faveur du renouvellement du monopole de la MEA, n’est pas étonnante. Le chef du gouvernement, avait été ministre du Transport en 2000 dans le cabinet Rafic Hariri et avait été le seul ministre à faire des réserves sur le principe du ciel ouvert pourtant approuvé par ses collègues de l’époque.