Magazine Le Mensuel

Nº 2866 du vendredi 12 octobre 2012

Portrait

Ziad Fahed. «Empowering women and youth in the Arab spring» A l’école de la différence

Docteur en théologie et vice-doyen aux affaires étudiantes à NDU (Louaizé),   le professeur Ziad Fahed pilote avec son équipe le projet Empowering  women and youth in the Arab spring. En mai dernier, il remporte l’AEIF 2012 (Alumni engagement  innovation fund). Ce prix est décerné aux projets les plus utiles, les plus construits et les plus innovants par le bureau d’éducation et des affaires culturelles du secrétariat d’Etat américain. Rencontre avec un homme qui consacre ses travaux au dialogue interreligieux. Et à la jeunesse.

Une étudiante réalise sa thèse sur les juifs du Liban. Dans ce cadre, elle tourne un court-métrage, aucun des membres de la communauté n’accepte  d’être filmé, elle l’intitule: «Des voix sans visages». Partir à la recherche des communautés marginalisées, plonger dans les spécificités de chacune d’elles, découvrir la dignité dans la différence, tel  est le credo du professeur  Ziad Fahed. Aussi a-t-il sauté sur l’occasion dès le lancement de l’AEIF.  Il se présente avec un projet de réflexion  sur le renforcement du rôle de la femme et de la jeunesse au cours des printemps arabes. Après une première phase de communication autour de la constitution du projet pour remporter un des précieux sésames, le groupe se lance dans la réalisation concrète de son idée. Ils font appel autour d’eux, au sein des différentes universités libanaises, à 9 filles et 9 garçons issus des différentes communautés. Du 3 au 10 septembre, au centre Mariapoli, ces jeunes ont vécu ensemble pendant 7 jours consécutifs et ont mis à profit cette semaine pour réfléchir sur la question de la femme et des jeunes dans les printemps arabes. Avec la participation de près de 30 intervenants extérieurs reconnus pour leur implication sur ce sujet, le cadre est propice à l’approfondissement de la question. Au rang des invités, on compte notamment Raya Haffar al Hassan. Ministre des finances de 2009 à 2011, elle a été la première femme à être nommée à un tel niveau de responsabilité au Liban.
Dans une deuxième phase, ces 18 jeunes sont envoyés en trois groupes dans leur propre université où ils témoignent des fruits récoltés pendant cette semaine de rencontre et de réflexion. Chaque groupe a à charge de recruter  une vingtaine de jeunes pour la mise en place d’une exposition sur deux ou trois jours au sein de l’université. Le projet se conclura par un grand rassemblement incluant l’ensemble des jeunes touchés par le projet directement pendant le séminaire ou indirectement à l’université. Les liens s’affermiront définitivement.
Le professeur Ziad Fahed témoigne:
 «C’est une sensibilisation des jeunes par les jeunes où chacun travaille sur sa compréhension de sa propre communauté et de celles des autres. Une vraie compréhension de sa religion n’empêche pas, bien au contraire, d’être actif au sein de sa propre communauté. Le projet part du principe que la quasi-totalité des ONG, en apportant leur aide depuis un cadre extérieur,  sont en contradiction avec les cultures locales. Notre idée était donc complètement nouvelle dans le sens où elle partait de la base. Le but est de comprendre le rôle de la femme à travers la façon dont elle est perçue par les différentes communautés. En se consacrant pleinement au séminaire, les étudiants ont noué des liens très profonds. Ce n’est pas anodin parce que si les mélanges culturels existent évidemment au Liban, les contacts entre les jeunes de différentes communautés demeurent souvent superficiels.  L’intégralité du projet a été prise en charge par l’ONG Dialogue for Life and Reconciliation (DLR), fondée en 2010 avec le professeur Leonard Swidler de la Temple University à Philadelphie (E-U). Il existe un suivi régulier de ces programmes pour s’assurer que nous n’allumons pas un feu de paille. Un site web verra le jour pour faciliter cette dynamique. C’est réellement un projet multi universitaire, multi religieux et multi communautaire. Des ponts sont créés et des graines sont semées. C’est seulement quand on comprendra que ce qu’il y a de plus beau et de plus digne réside dans la différence que l’on pourra construire une terre plus habitable.»

A.W.

Contacts
Au-delà d’«Empowering women and youth in the Arab spring», le mouvement DLR organise chaque été une rencontre entre les jeunes issus de communautés différentes. Le projet s’internationalise puisque cet été, des jeunes sont venus d’Irak et d’Egypte. Il est possible de se renseigner sur le site http://www.ziadfahed.com ou directement à cette adresse ziad.fahed@gmail.com.

 

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