Quand Oslo dit assez!
Le gouvernement norvégien qui avait ordonné à un diplomate soudanais de quitter son territoire, subit désormais la colère de Khartoum. Oslo avait découvert qu’un diplomate soudanais était en fait un agent des services de renseignements, ayant pour mission d’espionner les opposants soudanais se trouvant en Norvège. C’est ce qui expliquerait la décision d’Oslo de lui ordonner de plier bagage. Mais à Khartoum, cette mesure n’a pas été appréciée et une demande a été présentée à l’ambassade norvégienne de retirer, en guise de représailles, un de ses diplomates. Omar Hassan al-Bachir n’accusera quand même pas Oslo d’espionner des opposants norvégiens réfugiés au Soudan!
Rached al-Ghannouchi le leader du mouvement tunisien Ennahda, au pouvoir, filmé à son insu en train d’inciter les salafistes à s’en prendre à l’armée, tente le tout pour le tout pour effacer ce passage. Pour se défendre, il a décidé d’attaquer les mouvements laïcs qui essaient, selon lui, de creuser un fossé entre Ennahda et l’armée. Le cheikh, considéré comme le guide spirituel du gouvernement, où son propre gendre est ministre des Affaires étrangères, ferait mieux de jeter l’éponge car son double langage convainc de moins en moins de Tunisiens.
Khaled Mechaal, président sortant du bureau politique du Hamas palestinien, vient de faire une autocritique très impressionnante, portant sur la façon avec laquelle son mouvement a dirigé la Bande de Gaza. Dans une conférence donnée à Doha, Mechaal, qui ne briguera pas un cinquième mandat à la tête du Hamas, a déclaré: «Notre expérience ne peut en aucun cas être prise comme un exemple à suivre car nous avons commis trop d’erreurs.» Abou Walid a ajouté que les autres mouvements islamistes, qui viennent de prendre le pouvoir au Maghreb et dans d’autres pays arabes, devaient garder les pieds sur terre et ne pas promettre l’impossible à leur électorat, précisant qu’«on ne peut pas prétendre détenir à nous seuls la vérité.» Ces remarques n’ont pas plu à l’organisation internationale des Frères musulmans, qui réfute toute critique et conseil.
Jihadiste, à 78 ans
Le rôle des groupuscules islamistes radicaux en Syrie n’est plus un secret, mais l’annonce faite par le cheikh égyptien Hafez Salamé, âgé de 78 ans, qu’il comptait se rendre au pays des Omeyades pour mener la guerre sainte, a provoqué un tollé. En effet, le vieux dignitaire, très actif pendant la révolution libyenne, est considéré comme un faucon des mouvements salafistes. Plusieurs questions avaient même été posées sur son implication dans l’attaque contre le poste de l’armée égyptienne à Rafah qui avait fait quatorze morts dans les rangs des militaires. Salamé, qui se trouve actuellement dans la région d’Alep après avoir passé sans encombre la frontière turque, promet de fournir aux rebelles syriens des armes et des hommes. Il ne manquait plus que ça!
En pointillé
Le régime algérien a été endeuillé par le décès de l’ancien président de la République Al-Chazli Ben Jdid. Alors que tous les honneurs étaient accordés à l’ancien chef de l’Etat pourtant écarté de son poste par les généraux qui détiennent toujours les rênes du pouvoir, des voix se sont élevées pour condamner la présidence de Ben Jdid. Selon ses détracteurs, Al-Chazli avait semé les graines de la corruption au cœur de l’Etat et serait même responsable de la montée en force des mouvements islamistes extrémistes. Durant ses treize années de présidence, une nouvelle classe avait en effet vu le jour: la nomenklatura à l’algérienne. Mais ce n’est pas l’actuel président Bouteflika, ministre des Affaires étrangères de Ben Jdid, qui s’en plaindra puisqu’avec sa famille ils en furent les premiers bénéficiaires.
Ankara pointe du doigt
Il est connu que le gouvernement islamiste turc présidé par Recep Tayyip Erdogan est critiqué par ses voisins pour sa politique étrangère, mais ce qui l’est moins est le fait que même en Afrique, le rôle d’Ankara est peu apprécié. Depuis quelques années, Erdogan tente, en effet, de faire une percée dans la Corne d’Afrique et plus précisément en Somalie, un pays en proie à une sanglante guerre civile depuis plusieurs décennies et dont une grande partie est occupée par le mouvement Al-Shabab, proche d’al-Qaïda. Erdogan avait visité Mogadiscio en compagnie d’une impressionnante délégation ministérielle et avait promis d’apporter de l’aide au peuple somalien. Cette visite fut suivie par l’ouverture d’une ambassade turque, mais sur le terrain rien n’a changé. La famine et la guerre qui ravagent le pays s’aggravent et nul dans les rues de Mogadiscio ne croît vraiment aux promesses turques.
L’Occident fait la pluie et le beau temps
Selon le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, dont le pays fait face depuis quelques années à une forte sécheresse, la cause de ce changement climatique est due à un complot occidental. Lors d’un discours solennel adressé à son peuple, il a déclaré: «l’Iran subit une sécheresse très rude à cause d’un plan diabolique mis en place par l’ennemi, visant à détruire tous les nuages porteurs de pluie. Leur but: vaincre l’Iran, mais ils n’y réussiront pas.» Le président, critiqué de toutes parts pour sa gestion de l’économie du pays, tente ainsi de défendre son bilan catastrophique après neuf ans de pouvoir. Entre-temps, le rial iranien a atteint le niveau le plus bas de son histoire, fragilisant plus que jamais le régime en place. Le président ferait mieux de prendre son travail au sérieux plutôt que de donner des prévisions météorologiques.
Réconciliation à Irbil
Les relations entre le président irakien Jalal Talabani et le président de la province kurde semi-indépendante Massoud al-Barzani n’ont jamais été au beau fixe. Au cours des trois dernières décennies, les fidèles des deux leaders s’étaient opposés militairement avant de devoir trouver un compromis. Mais, depuis quelques mois, rien ne va plus puisque Barzani considère que Talabani l’a trahi en prenant le parti de Nouri al-Maliki. C’est ce qui expliquerait le fait que plus aucune rencontre n’a eu lieu entre les deux représentants de la communauté kurde. Mais raison d’Etat oblige, une réunion s’est tenue début octobre à Irbil pour tenter de remettre la pendule à l’heure. Pour cela, Talabani a dû faire une concession de taille: se déplacer chez son rival, loin de son QG à Suleimaniya.
Merci au Qatar…
Les Qataris n’investissent pas seulement dans les clubs de foot européens, mais aussi dans l’une des régions les plus pauvres au monde: Gaza. En effet, l’émir Hamad Ben Khalifa Al Thani vient d’ordonner le lancement des travaux dans la Bande meurtrie afin de rebâtir l’infrastructure détruite par les Israéliens pendant les guerres successives contre le Hamas. Le coût du projet de plus de trois cent millions de dollars a eu un effet sur le mouvement islamiste qui a décidé de dresser une pancarte géante remerciant le riche émirat du Golfe. Or ce remerciement n’est pas passé inaperçu puisqu’il a remplacé une autre pancarte glorifiant le président égyptien Mohammad Morsi. Ce dernier, dont l’élection avait été célébrée à coups de feux d’artifice par la population de Gaza, a perdu sa cote après la destruction par l’armée égyptienne des tunnels reliant le territoire palestinien assiégé au Sinaï.
Alger manque d’amis
Le régime algérien, qui a soutenu jusqu’au bout le colonel Mouammar Kadhafi et qui maintient des liens étroits avec le régime syrien, a perdu des amis en Occident. Il semble s’engager dans une nouvelle bataille diplomatique. En effet, suite à l’exécution d’un Algérien à Bagdad, le ministre des Affaires étrangères à Alger a accusé son homologue irakien d’avoir refusé de coopérer. Or, l’homme en question était un combattant d’al-Qaïda et avait été arrêté pour son implication dans plusieurs attentats terroristes. Pour rendre une situation, déjà complexe, encore plus embarrassante, l’ambassadeur irakien à Alger a critiqué le manque d’intérêt porté par l’Algérie à ses prisonniers au pays des Rafidains, une annonce qui a eu l’effet d’une bombe puisque les partis d’opposition n’ont pas raté cette occasion en or pour s’en prendre au régime du président Bouteflika. C’est ce qui a poussé Alger neuf ans plus tard à demander, pour la première fois, s’il serait possible de visiter les quelques dizaines d’Algériens détenus dans les prisons irakiennes. Mieux vaut tard que jamais.
4,2 milliards de dollars est le montant des contrats militaires signés entre les gouvernements irakien et russe lors de la visite de la délégation conduite par le Premier ministre Nouri al-Maliki à Moscou. Ces accords donnent un signal fort à Washington qui avait le monopole de tels contrats après l’invasion du pays par les G.I’s et le renversement du régime de Saddam Hussein. Moscou, qui avait soutenu l’ancien dictateur jusqu’au bout, semble avoir gagné à nouveau les faveurs des dirigeants irakiens. Reste à noter que les proches de Maliki assuraient avant son départ pour la Russie qu’aucun accord militaire ne serait signé et que les discussions porteront sur les relations économiques et politiques. Des paroles tombées à l’eau puisqu’aussitôt les accords signés, ces mêmes politiciens ont loué le renouvellement de l’ancienne amitié russo-iraquienne. Après cela, faut-il s’étonner de voir le peuple irakien avoir si peu d’estime pour ses dirigeants politiques?
720000 barils de pétrole sont exportés par l’Irak en toute discrétion au cours des derniers mois pour le compte du voisin syrien. Une décision qui aurait été prise par Nouri al-Maliki à l’insu des membres de son gouvernement ou ceux du Parlement. La Syrie, un pays exportateur de pétrole jusqu’à il y a peu, se trouve désormais dans une position très difficile. C’est ce qui explique son besoin vital pour de telles ressources. Mais le gouvernement à Bagdad ne s’est pas contenté de venir en aide au régime baasiste, allant même jusqu’à vendre son pétrole à des prix préférentiels, agaçant ainsi les pays du Golfe. Bagdad, un allié de Téhéran, a suivi les conseils de la République islamique en approvisionnant Bachar al-Assad en or noir, nécessaire à sa machine de guerre. Le gouvernement syrien avait annoncé en grande pompe son désir d’exporter des millions de barils vers la Russie. Difficile d’y croire vu l’état déplorable des gisements pétroliers à travers le pays des Omeyades et le fait que la Syrie manque de tout et surtout de pétrole!