L’assassinat du général Wissam el-Hassan a représenté la goutte qui a fait déborder le vase pour le secteur touristique. Celui-ci connaît un flop sans précédent. Les agents de ce domaine, vital pour l’économie nationale, ont fait montre de beaucoup de patience, tablant tour à tour sur des périodes-clés pour limiter leurs pertes. Mais leur optimisme n’a pas été payant. Ni les fêtes de Pâques, du Fitr ou de l’Adha, ni la saison d’été, ont été assez florissantes pour les établissements hôteliers et de restauration. Echaudé par des expériences toutes récentes, le secrétaire général de la Fédération des syndicats touristiques, Jean Beyrouti, avait annoncé avec beaucoup de prudence, il y a une vingtaine de jours, que «les réservations pour la fête de l’Adha de l’ordre de 40%, sont susceptibles d’être annulées à tout instant si un événement imprévu se produisait sur la scène locale». Ses pronostics étaient notamment basés sur l’absence de réservations fermes et la possibilité de remboursement des acomptes des clients en cas de force majeure. Les intuitions négatives des agents du secteur se sont avérées vraies.
Les établissements touristiques les plus affectés par l’instabilité sécuritaire sont ceux situés à Beyrouth, où le recul dans les réservations a été brutal. Les autres sites touristiques en dehors de la capitale ont connu des annulations de 10% pour un total de 40% de réservations, contre 100% à la fête de l’Adha l’année dernière. Et il appartient désormais à la fiction de parier encore sur la saison des fêtes de fin d’année. Le pire est à venir, puisqu’une source au sein de la Fédération des syndicats touristiques avance les chiffres de 23250 personnes susceptibles de perdre leurs emplois dans les restaurants, les cafés- trottoirs et les pubs d’ici la fin de l’année. Un des restaurants les plus prestigieux du pays, situé Place Riad Solh, a fermé ses portes après avoir longtemps lutté pour éviter cette décision qui a déjà jeté dans la rue 150 familles.
Liliane Mokbel