Magazine Le Mensuel

Nº 2873 du vendredi 30 novembre 2012

Film

Rise of the Guardians. Magie et émerveillement

 

La dernière production du studio d’animation DreamWorks vient de sortir en salles. Par sa fulgurance technique, son ondoiement de couleur et la magie de son récit, Rise of the Guardians souffle un air d’émerveillement et de magie.

Rise of the Guardians est probablement l’un des films les plus attendus de l’année 2012. C’est qu’il est l’œuvre de DreamWorks Animation, un studio dont les productions qui ont remporté un immense succès au box-office sont très nombreuses: les sagas Shrek, Madagascar, Kung Fu Panda, sans oublier Monsters vs Aliens, How to train your dragon, Megamind, Puss in boots… Même si ces films ne correspondent pas à tous les goûts, leur succès commercial est incontestable. Eh bien Rise of the Guardians ne déroge pas à la règle, tout en se distinguant par une touche supplémentaire qui manquait à certains des autres films. C’est que ces dernières années, depuis How to train your dragon, un changement s’est opéré à DreamWorks, grâce au nouveau producteur exécutif et consultant artistique Guillermo Del Torro et au directeur de la photographie et consultant visuel Roger Deakins. Le résultat se fait sentir dans Rise of the Guardians, réalisé par Peter Ramsey à partir d’un scénario de David Lindsay-Abaire (Rabbit Hole) qui s’est lui-même inspiré de la série de romans de William Joyce, Guardians of childhood.
L’histoire débute avec le personnage de Jack Frost, créature folklorique pas très connue des Libanais, il est la personnification du gel et du mauvais temps. Tombant du ciel, il se retrouve sur terre, muni d’une simple branche de bois grâce à laquelle il peut créer de la glace, du vent et de la neige. Mais voilà, Frost ne se rappelle pas comment il a atterri là, ni qui il était avant. Tout ce qu’il sait c’est que personne en ce monde ne le voit. Et nous voilà propulsés 300 ans plus tard, au pôle Nord. C’est là dans ce monde imaginaire que le spectateur retrouve avec délices, quatre autres personnages nés de l’imaginaire collectif: le Père-Noël, la fée des dents, le lapin de Pâques et le marchand de sable. Ils sont les Gardiens de l’enfance, chargés de veiller sur le bien-être des enfants, leur imaginaire, leur sommeil, leurs rêves. A deux jours de la fête de Pâques, une menace pèse sur les enfants du monde entier. Pitch, le croquemitaine, le «boogeyman», autre personnage de légende, maléfique cette fois-ci, cherche à renverser les gardiens en volant aux enfants leur
imaginaire, leur joie de vivre, leur espoir et en transformant leurs rêves en cauchemars. Les Gardiens vont devoir s’unir et demander, à la recommandation de l’homme dans la lune, l’aide de Jack Frost; cet adolescent rebelle et solitaire, sans but dans la vie, qui passe son temps à s’amuser avec ses pouvoirs, pour son plus grand plaisir et celui des enfants, aux yeux de qui, il reste toujours invisible. En s’unissant aux quatre légendes dans leur lutte contre les forces du mal, de Pitch plus justement, il va se révéler à lui-même et aux enfants du monde entier.

Un monde de légendes
Dès les premières minutes, vous êtes sous le charme. Les prouesses techniques sont visuellement époustouflantes, dans leurs moindres détails. Et contrairement à d’autres films, l’utilisation de la 3D n’est jamais gratuite ou inutile. Toutes les sensations sont décuplées et vos sens sont en émoi. Tourbillon de couleurs chatoyantes et de formes, tempo rapide et entraînant, le récit ne laisse pas une seconde de répit. Et le spectateur se laisse encore plus entraîner par l’histoire grâce aux personnages eux-mêmes. On n’a jamais encore vu un Père-Noël aussi bourru, aussi rusé, aussi tatoué, dont la voix est merveilleusement rendue par Alec Baldwin. Le lapin de Pâques, voix de Hugh Jackman, est aussi bon enfant que bagarreur. La voix espiègle d’Isla Fisher fait de la fée des dents un personnage tout en douceur. Le marchand de sable, lui, est tellement amusant et détonnant qu’il n’a pas besoin de mots pour captiver l’audience. L’acteur Chris Pine semble autant s’amuser à incarner Jack Frost que ce dernier à glisser sur la neige. Finalement, le majestueux Pitch se révèle dans toute sa noirceur renforcée par la voix grave de Jude Law. L’ensemble est rehaussé par la magnifique bande son signée Alxandre Desplat.
Rise of the Guardians vous garantira le divertissement et l’émerveillement, sans jamais tomber dans le vulgaire, le mauvais goût ou le simpliste, bien loin des films très enfantins basés sur un simple manichéisme entre les bons et les méchants. Et si à la première impression, le dénouement semble légèrement enfantin, dénonçant une faiblesse du scénario, on se rend compte rapidement de sa justesse. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que le film cible avant tout les enfants. Ensuite et surtout, tout le long-métrage est construit sur cette idée: si ces légendes existent ce n’est que grâce aux enfants, grâce à leur imaginaire, à leurs rêves qui se matérialisent dans l’imaginaire même des enfants.
Certes, on est très loin de la merveilleuse griffe de Tim Burton et son fabuleux Nightmare before Christmas. Mais on est sûrement tellement mieux servi que par le très décevant Christmas Carol qui avait pourtant porté beaucoup de promesses en 2010. Rise of the Guardians est un très bon film, très divertissant, très amusant, très bien mené. Les superlatifs ne sont pas de trop. Le rythme est mené tambour battant, la technique est époustouflante de perfection, l’effet visuel est tellement prenant, captivant, empreint de poésie et d’humour. On rit beaucoup, on s’émeut aussi. Et cela va aussi bien pour les adultes que pour les plus jeunes, qui risquent d’avoir quelques frayeurs quand même. En cette période de fêtes, Rise of the Guardians est l’antidote adéquat pour retrouver un peu de joie, d’innocence et d’espoir. Ne le ratez pas!

Nayla Rached
 

Circuits Empire et Planète – Grand Cinemas.

 

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