Sept ans déjà que Gebran Tuéni nous quittait. La commémoration de son assassinat coïncide cette année avec le retour du spectre des assassinats et avec le martyre du chef du service des renseignements des FSI, le général Wissam el-Hassan.
Une messe a été dite à sa mémoire en l’église St-Dimitri à Achrafié, présidée par Mgr Elias Audeh, en présence de la famille et nombre de personnalités. Dans son allocution, le métropolite de Beyrouth a rappelé les valeurs morales qui étaient celles de Tuéni. Il a souligné que, tout en se sachant menacé, il n’avait jamais hésité à être là où il pensait devoir être. «Il a voulu être un exemple pour les jeunes de son pays et un exemple de vérité jusqu’au martyre», a-t-il déclaré. Il s’est demandé: «ce qui avait changé depuis le martyre de Gebran? Nous n’avons pas avancé d’un pouce, pour ne pas dire que nous avons reculé. Est-ce le pays dont nous rêvons? Est-ce le pays pour lequel est mort Gebran?», avant de conclure par un appel à l’unité pour mériter le sang des martyrs.
L’hommage de la famille est dit par la fille du martyr Michelle qui a parlé de la justice qui traîne depuis sept ans. Elle a fait appel à la justice divine et promis au nom de toute la famille et des amis d’être fidèles au message de liberté et d’unité laissé en héritage par le martyr.
Avec la mort de Gebran Tuéni, ce n’est pas seulement l’un des symboles majeurs du mouvement politique du 14 mars qui est tombé, mais une personnalité qui représentait le Liban, et le rêve unitaire et multiconfessionnel du pays.
Tuéni a payé le prix de sa liberté et de sa bataille pour la souveraineté du pays. Il a appelé le peuple libanais à l’union nationale. Il travaillait sur les questions concernant l’avenir du pays. Dénonçant ouvertement l’occupation syrienne du Liban, il écrivit une lettre ouverte à Bachar el-Assad, alors que ce dernier s’occupait de la question libanaise sous l’égide de son père. Cette lettre a eu un écho très favorable parmi la population libanaise et depuis Gebran est considéré comme l’un des grands défenseurs du Liban souverain.
Sa carrière, autant journalistique que politique, a porté un message clair à la société civile et politique libanaise: celui d’un Liban uni où les communautés religieuses et autres cohabitent pacifiquement. L’un des leaders de la révolution du Cèdre, il est élu député de Beyrouth le 29 mai 2005, sur la liste dirigée par Saad Hariri, fils du martyr Rafic Hariri.
Dernièrement, la chaîne al-Arabiya a diffusé des documents sur l’implication du Hezbollah dans le meurtre de Tuéni ce que le parti dément catégoriquement affirmant n’avoir aucun lien de près ou de loin avec cet attentat. «Les allégations de la chaîne saoudienne al-Arabiya, qui prétend se fonder sur des documents obtenus, dit-elle, auprès de l’opposition syrienne qui invente des faits et fabrique des accusations, dont celle touchant à l’assassinat du député Gebran Tuéni, n’ont aucun fondement», déclare un membre du Hezbollah.
Un crime revendiqué
Sept années déjà depuis la disparition de Gebran Tuéni et sa voix résonne toujours scandant le slogan par lequel il a appelé plus d’un million de Libanais réunis Place des Martyrs à répéter avec lui: «Nous jurons par Dieu tout-puissant de rester unis, chrétiens et musulmans, pour la défense de la gloire du Liban». Gebran Tuéni a été assassiné le 12 décembre 2005 dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth. Un groupe inconnu jusque-là, «les Combattants de l’unité et de la liberté d’al-Sham» a revendiqué ce crime. L’assassinat de Tuéni a coïncidé avec la publication du second rapport d’étape de l’enquête des Nations unies sur l’implication de la Syrie dans l’assassinat de Rafic Hariri.
Arlette Kassas
Prix Gebran Tuéni
A la veille du septième anniversaire de l’assassinat de Gebran Tuéni, le prix remis chaque année par l’Association mondiale des journaux et des médias d’information et le journal an-Nahar à un professionnel des médias a été décerné au caricaturiste syrien Ali Farzat, célèbre pour sa détermination à révéler les abus de pouvoir en Syrie malgré les agressions dont il a fait l’objet en août 2011. Le caricaturiste qui a fui la Syrie depuis n’a pu être présent au Liban pour recevoir son prix.