Magazine Le Mensuel

Nº 3032 du vendredi 18 décembre 2015

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Cop21. Les points d’un accord universel

Après deux semaines marathons, les 195 pays membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ont finalement adopté un accord universel juridique contraignant. Quels sont les points essentiels? Magazine fait le point.
 

L’accord de Paris. C’est le nom officiel qui a été adopté, le samedi 12 décembre, dans le cadre de la 21e conférence sur le climat, qui avait lieu au Bourget. Il s’agit là d’un compromis voué à la reconnaissance par les pays du Nord et du Sud, qui ont des «responsabilités communes mais différenciées» dans le changement du climat et dont les «capacités respectives» à l’affronter sont inégales. Si l’accord est «juridiquement contraignant», celui-ci ne prévoit cependant pas de mécanisme de sanctions pour les pays qui ne respecteraient pas leurs engagements, mais plutôt des obligations de résultats. En tant que traité international, il doit «être exécuté de bonne foi par les parties».
Objectif «bien en deçà de 2°C» Dans le texte de 32 pages, l’article stipule que le réchauffement climatique doit être contenu «en deçà de 2°C» par rapport à l’ère préindustrielle. Des efforts devront également être poursuivis «vers un objectif de 1,5°C». Gros point noir de l’accord: aucun objectif chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est mentionné et il est simplement convenu de viser «un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre dès que possible». Pour les pays en voie de développement, il est entendu qu’ils l’atteindront plus tard, puisque les émissions devront être réduites pour atteindre un niveau où elles seront capturées par la flore et les océans au cours de la moitié du siècle.
L’équité entre les nations Ce sujet a longtemps crispé les discussions entre le Nord et le Sud. En résumé: chaque pays se verra demander des efforts différents en fonction de sa responsabilité historique dans le changement climatique et son niveau de richesse. Le texte stipule que les efforts doivent être accomplis «sur la base de l’équité» et établir, par conséquent, une distinction entre les pays développés, qui «montrent la voie» et les pays en développement qui «devraient continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation». En somme, les pays développés doivent jouer un rôle moteur dans la réduction des émissions et aider les pays les moins riches dans la lutte contre le réchauffement.
100 milliards de dollars d’aide aux pays en voie de développement En 2009, les pays du Nord ont promis de mobiliser 100 milliards de dollars d’ici à 2020 pour aider ceux du Sud à faire face aux conséquences du changement climatique (intempéries, etc.). Le texte adopté à l’issue de la Cop21 fait de cette somme «un niveau plancher» à partir duquel un nouveau montant doit être redéfini avant 2025. Ce plancher de 100 milliards se trouve dans la décision de l’accord mais pas dans l’accord lui-même. Cela doit permettre d’éviter un rejet du Congrès américain, républicain et climatosceptique.
Suivi Tous les cinq ans, les pays ont l’obligation de réévaluer à la hausse leurs engagements de baisse des émissions de CO2 pour atteindre l’objectif d’un réchauffement en dessous de 1,5°C. Une prochaine conférence est prévue en 2023 pour réorienter les engagements des Etats.
Transparence L’accord de Paris prévoit un mécanisme de transparence qui permettra à des experts internationaux de vérifier les informations transmises par les pays concernant leurs émissions.

Marguerite Silve, Paris

Réactions
A l’issue de la Cop21, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a déclaré que «le problème n’est pas résolu, mais l’accord de Paris (…) établit le cadre durable dont le monde a besoin pour résoudre la crise climatique».
Julie Bishop, la ministre australienne de l’Environnement et représentante des pays développés dans les négociations: «Nous pouvons rentrer à la maison pour mettre en œuvre cet accord historique». L’ONG Greenpeace a également salué l’accord, déclarant: «C’est un tournant vers un monde meilleur et plus sûr».

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