Magazine Le Mensuel

Nº 2875 du vendredi 14 décembre 2012

Le Saviez-Vous

Tiraillements au Parti communiste. Une vente d’armes qui cache de profonds conflits

Des différends ont récemment surgi au sein du Parti communiste libanais. Selon des informations publiées dans la presse, l’affaire aurait éclaté après la vente d’un stock d’armes appartenant au parti.

Il y a cinq mois, un membre du Parti communiste libanais (PCL) résidant dans la banlieue sud de Beyrouth a adressé par lettre à la direction du PCL une plainte contre le commandement dans la région, accusant son chef, Rafic Saad, d’avoir vendu trente pièces d’armes appartenant au parti, pour un montant de cinquante mille dollars.
L’affaire n’a pas été ébruitée mais la direction du parti a chargé deux membres du bureau politique de mener une enquête et d’en donner les résultats dans un délai de dix jours. Mais aucun rapport n’a encore été présenté. Des tentatives de compromis ont eu lieu. Des opposants crient au scandale et soulignent qu’un accord a été conclu entre le secrétaire général du parti, Khaled Hadadé, et un groupe du bureau politique pour étouffer le scandale. Mais l’affaire a éclaté au cours de la réunion du comité central. Le responsable du parti au Sud, Ali Gharib, a demandé que l’affaire ne soit pas soulevée au cours des discussions. Mais l’ancien secrétaire général du parti, Farouk Dahrouj, a critiqué cette attitude. La tension est alors montée d’un cran et les participants en sont arrivés aux mains. Le comité d’enquête n’a pas présenté son rapport et l’affaire en est restée là.
La vente des armes n’est pas la seule source du conflit. D’autres affaires se sont succédé, dont la décision de démettre certains membres du parti dans le but de faire taire le courant opposant qui a haussé le ton. Il considère que cette démarche, dictée par des raisons futiles, n’est pas légale et va à l’encontre de la justice dans le parti. L’opposition critique la politique adoptée par le commandement du PCL qui s’inscrit, selon elle, dans une volonté de prendre tous les pouvoirs.  

Un grand parti
Fondé en 1924 par Youssef Ibrahim Yazbeck et Fouad Chémaly, le Parti communiste libanais est l’une des plus anciennes formations politiques au Liban. Dès le milieu des années 1940, il s’implante dans la vie politique nationale. Il s’allie avec le Parti socialiste progressiste et son chef Kamal Joumblatt et s’affirme comme acteur essentiel. Il se taille une place de choix mais il est dissous et interdit en 1948.  En 1959, après l’assassinat de Farjallah el-Hélou dans des circonstances non encore élucidées, le Parti communiste libano-syrien se divise. Pourtant, en 1967, il était encore l’un des plus grands partis libanais, avec 75000 adhérents.
En 1973, Georges Haoui prend la tête du parti et en devient l’homme fort. Pendant la guerre civile, le PCL est, avec le PSP, l’un des fondateurs du Mouvement national libanais.
En 1982, à la suite de l’invasion israélienne et l’arrivée jusqu’à Beyrouth des soldats israéliens, Haoui lance l’appel à la résistance. Juste après la guerre et pendant les élections générales, le Parti communiste obtient près de 15% des votes mais ne réussit à obtenir aucun siège au Parlement. Dès 1994, il commence son déclin et ses divisions internes. Plusieurs courants se déchirent. Le 21  juin 2005, Georges Haoui est assassiné à Wata el-Mousseitbé. Les différends ne cessent pas pour autant. Malgré la disparition de Haoui et l’accusation portée contre la Syrie, le Parti communiste rejoint le Hezbollah et les autres mouvements dans l’opposition. Il vit la crise politique que connaît le Liban en 2007, et le parti se scinde en deux courants: le social-démocrate et le socialiste dirigiste dont le secrétaire général, Khaled Hadadé fait partie. Ce dernier serait majoritaire avec 54,68 % des sympathisants.

Arlette Kassas

 

N.B: Les informations de cet article sont tirées en partie d’un article paru dans le quotidien Annahar du 24 novembre 2012, sous le titre: Le conflit a éclaté au sein du Parti communiste.

 

De 18% à 4%
En 1994, la popularité du parti communiste chute dans les sondages et les intentions de vote. Il passe de 18% en 1992 à 1,5% en 2004 pour remonter à 4% en 2007.

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