Magazine Le Mensuel

Nº 2879 du vendredi 11 janvier 2013

general

Blé. La subvention, un grand gaspillage

Le gouvernement devrait-il continuer à jouer le rôle de l’Etat providence, d’autant que le pays connaît des crises socioéconomiques en continu dues à l’instabilité politique et sécuritaire? Aujourd’hui, plus que jamais, contrôler la tendance accrue à la récession économique est largement tributaire d’un plafond du déficit budgétaire. L’opération de subvention du blé cultivé localement a démarré depuis la création de la Direction générale des graines et de la betterave sucrière. L’ancien ministre de l’Economie, Sami Haddad, fervent partisan de l’économie de marché, a entrepris un lobbying en 2005 afin d’amender la politique de subvention, qui, à son avis, n’atteignait pas ses objectifs. Cette subvention est à l’origine de la création d’oligopoles au sein tant des minotiers que des boulangers, et de l’encouragement des agriculteurs à ne rien entreprendre pour l’écoulement et l’amélioration de la qualité de leur production. Le blé subventionné était utilisé par des boulangeries pour la fabrication du pain français, de croissants et pâtisseries, dont les marges de bénéfices peuvent atteindre 200%, au lieu d’être utilisé à la fabrication du pain libanais. Celui-ci est un élément de base de l’alimentation des personnes à revenu limité. Sami Haddad avait réussi à faire adopter en Conseil des ministres la décision N 42 du 13/10/2005, qui prévoit une suppression graduelle de la subvention du blé sur trois ans, au terme desquels cette suppression deviendrait définitive, alors que la Direction générale des graines et de la betterave sucrière disparaîtrait. La pression des principaux bénéficiaires de la subvention du blé a contribué à faire fléchir le successeur du ministre Haddad, Mohammad Safadi, qui a renouvelé à deux reprises, chaque fois pour la durée d’un an, l’octroi de subvention. Le comble a été atteint en 2010 lorsque le Conseil des ministres a consacré la subvention du blé en vertu de la décision N 27 du 20/10/2010. Cette décision a principalement consisté à avaliser «le programme agricole présenté par les ministres de l’Economie et de l’Agriculture, qui a élargi la subvention à d’autres graines que le blé. La même rengaine a repris de plus belle en décembre dernier, des voix se sont élevées réclamant une augmentation de la subvention du blé vu, soi-disant, la demande supplémentaire sur le pain libanais provenant des réfugiés syriens et palestiniens. Or, les investigations menées par le ministère de l’Economie ont montré que d’importantes quantités de paquets de pain libanais sont acheminées vers la Syrie à travers les canaux du commerce parallèle et se vendent entre 5 et 7 dollars, alors qu’au Liban le prix affiché du paquet de pain est 1500 L.L. Dans l’état actuel de l’industrie du pain, le gouvernement subventionne en rythme mensuel 18000 tonnes de blé, versant ainsi 1,8 million $/mois sur base du prix de vente d’une tonne de blé subventionné à 385 dollars contre 485 dollars sur le marché libre. Il est temps de mettre de l’ordre dans ce dossier qui traîne en limitant la subvention du blé destiné aux petites boulangeries des régions rurales, où les habitants ont réellement besoin d’un support.

Achrafié
Fermeture d’une branche de Bank Audi

Le 31 décembre 2012, la petite branche de Bank Audi située à Achrafié, dans les tours Saint-Georges non loin de l’université AUST, a mis la clé sous le paillasson. Interrogée sur les raisons de cette décision par les habitants de ce quartier résidentiel, une source du personnel a souligné que d’autres branches avaient besoin d’un supplément d’employés et que cette branche n’avait pas atteint les objectifs financiers fixés au préalable par la direction (en termes de masse de dépôts bancaires). Pourtant vu de loin, l’agence ne désemplissait pas et les voitures des clients entraînaient le blocage des routes menant au quartier. Selon le témoignage d’habitants, un grand nombre de clients auront désormais recours aux services de l’agence de la banque installée à Badaro.

Crédit
Les banques sont-elles prêtes à ouvrir les vannes?
La Banque du Liban a décidé d’injecter sur le marché près de 2000 milliards de livres dans le but de stimuler l’économie à travers l’ouverture des vannes du crédit aux secteurs productifs à des taux d’intérêt créditeur qui ne dépasseraient pas 6%. Cette initiative entrerait en vigueur en février prochain, à la suite de la promulgation par la BDL de la circulaire portant sur les mécanismes d’octroi de ces crédits et du profil des potentiels bénéficiaires. Elle devrait permettre une croissance économique de 3% au moins en 2013. En 2012, les banques, en coordination avec la Banque centrale, ont accepté toutes les demandes des agents du secteur privé portant sur une restructuration de leurs dettes. Cette démarche leur a évité la transformation de ces dettes en des créances douteuses qui les auraient acculées à engranger des provisions d’un montant égal aux prêts non performants. Toutefois, les banques sont amenées aujourd’hui à accroître leurs portefeuilles de prêts et à diversifier leur clientèle afin, d’une part, de préserver leur niveau de profitabilité -d’autant qu’elles ne peuvent pas compter sur les anciennes créances consenties pour atteindre leur objectif-, et, d’autre part, de multiplier leurs ressources. Fin 2012, les prêts aux particuliers avaient totalisé 12,6 milliards $ d’un montant total des créances au secteur privé égal à 42 milliards de dollars. Quant aux créances douteuses, elles se sont stabilisées autour de 3,7 milliards de dollars, sachant que près de la moitié de ce montant représente la valeur des taux d’intérêts cumulés et que les provisions prises sont équivalentes à 1,2 milliard de dollars.

Budget 2013
Révision du projet

Sachant que l’objectif financier prioritaire du gouvernement est d’éviter un creusement du déficit budgétaire, le ministre des Finances, Mohammad Safadi, a tout simplement récupéré le projet de budget 2013 qu’il avait préparé. Il souhaite effectuer une révision à la baisse de ses chiffres afin d’aboutir à «une loi de finances d’austérité». Le grand argentier a dû passer outre le chahut de la rue étant donné que le  gouvernement n’a plus les moyens de ses ambitions et la seule option qui lui reste est de recourir à la rigueur au niveau des dépenses.
En 2012, le Conseil des ministres a approuvé au cours de deux réunions séparées une avance de 750 milliards de livres pour assurer le paiement du réajustement des salaires du secteur public au titre de la cherté de vie, ainsi qu’une autre dédiée au développement des régions. Les revenus supposés couvrir deux postes de dépenses n’ont pas encore été trouvés.      

Liliane Mokbel

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