Cette semaine, la presse internationale s’inquiète de la régionalisation du conflit syrien qui s’est fortement implanté au Liban. Sont pointés du doigt l’axe Syrie-Hezbollah-Iran et les organisations islamistes qui s’installent dans le pays de manière inquiétante.
Mediapart
Le site Internet d’informations françaises Mediapart, proche des milieux de gauche, suit la mobilisation pour la libération de Georges Abdallah au Liban.
Alors que la décision du Tribunal d’application des peines (TAP) concernant la libération de Georges Abdallah a été une nouvelle fois ajournée en France, au Liban, sa famille et ses partisans restent mobilisés «jusqu’à son retour à Beyrouth», affirme l’un de ses neveux. A Beyrouth, sa famille reste mobilisée, malgré les reports réguliers de sa libération. Une tente a été plantée en face de l’ambassade de France et ses proches et partisans se rassemblent à chaque rebondissement judiciaire. «Je sais que ça n’a pas forcément d’incidence sur la décision française. Mais je resterai là, jusqu’à ce que Georges soit libéré, et nous l’accueillerons ici, en face de l’ambassade française», déclare avec un air de défi son neveu, Salim Abdallah.
Au Liban, les proches de cet ancien instituteur originaire de Qobayat et militant révolutionnaire, ne comprennent pas. Parmi la cinquantaine de personnes rassemblées devant l’ambassade de France rue de Damas, un air de famille plane. Frère, neveu, cousin, ils sont tous là. Bien sûr, ils savent déjà que la décision a été une nouvelle fois repoussée. Bien sûr, ils savent que la guerre au Mali leur vole un peu la vedette dans les médias français ces jours-ci. Enfin, ils reconnaissent qu’ils ne font pas le poids face à la centaine d’agents des forces de l’ordre serrés en rang d’oignons face à eux, derrière les barbelés.
Un membre de sa famille s’emporte face à nos questions: «A supposer qu’il ait tout fait, la justice française a décidé de le libérer! Qui décide du sort d’un prisonnier que la justice française a décidé de libérer? Le ministre de l’Intérieur, le Crif ou le droit français?».
La colère de sa famille et de ses partisans à Beyrouth reste sans effets. Un peu partout et notamment en France, des manifestations similaires s’organisent. Un comité de soutien existe sur le Net.
The Guardian
Le quotidien britannique The Guardian titre sans euphémisme: Sans surprise, Israël frappa un convoi d’armes destiné au Hezbollah libanais. L’Etat hébreu craint une dissémination d’armes chimiques en provenance du régime de Bachar el-Assad. L’attaque du 30 janvier s’inscrit également dans sa volonté d’éviter que le conflit syrien déborde sur les villes du Golan, donnant ainsi l’occasion à l’Iran et au régime syrien de faire diversion.
L’attaque par l’aviation israélienne d’un convoi d’armes se dirigeant du territoire syrien vers le Liban dans la nuit du mardi 29 au mercredi 30 janvier ne peut pas vraiment être une surprise. Les mises en garde d’officiels israéliens ont été nombreuses ces derniers temps, tandis que les voyages impromptus à Washington et à Moscou de deux responsables militaires israéliens ne sont pas passés inaperçus.
Des avions de guerre israéliens ont effectué des sorties pour attaquer des convois d’armements conventionnels et de missiles chimiques qui étaient prêts, au sud de la Syrie à la frontière libanaise, à être transférés au Hezbollah au Liban. Il est de tradition qu’Israël ne communique jamais sur ce genre d’informations militaires. Mais il semble d’après différentes sources que le convoi a été entièrement détruit.
De source bien informée, mais non confirmée par l’armée israélienne, il semble qu’une partie du convoi détruit contenait des missiles antiaériens SA-17 de fabrication russe, transmis par la Syrie. Israël a considéré que ce chargement modifiait la donne dans la région en équipant le Hezbollah de matériel sensible et perfectionné risquant de limiter les missions de l’aviation israélienne au-dessus du Liban.
Ce sont des informateurs infiltrés parmi les rebelles syriens et les commandos de Tsahal qui organisent des opérations ponctuelles de repérage à terre qui ont permis aux Israéliens d’identifier les sites de stockage des armes chimiques et la nature du gaz qui est stocké.
Al-Monitor
Le site al-Monitor explique qu’al-Qaïda prend ses marques au Liban. Des médias locaux et occidentaux révèlent qu’al-Qaïda est en train de monter une structure de son organisation au Liban, sur instructions d’Ayman el-Zawahiri. Ces articles expliquent que le dénommé Majid el-Majid, le nouvel émir de l’organisation du Levant, a mis en place une feuille de route qui comprend des opérations terroristes contre des personnalités politiques, des institutions religieuses et les troupes de la Finul.
Ces mêmes rapports laissent entendre que des éléments d’al-Qaïda et des groupuscules affiliés- en particulier Jabhat al-Nosra, qui a été mis à l’index par les Etats-Unis – se sont disséminés dans tout le Liban, du Nord au Sud, avec des armes et des équipements logistiques. Une direction unifiée du Jabhat al-Nosra a notamment été établie dans le camp palestinien de Aïn el-Héloué. C’est Oussama el-Amin Chihabi qui a été nommé chef de la branche palestinienne au Liban. Parmi les membres de la direction temporaire, on retrouve le chef politique Ahmad Mohammad el-Doukhi, le commandant des troupes Haytham el-Chaabi et l’administrateur Mohammad el-Chaabi.
En ce moment, l’organisation tente de rassembler tous les éléments du Fateh el-islam et de Jund al-Cham. Un certain nombre de membres d’Osbat al-Ansar a récemment rejoint la branche d’al-Qaïda pour exprimer leur rejet de la direction actuelle. L’organisation voudrait faire du quartier Hatin de Aïn el-Hélwé leur quartier général, en coopération avec Ziyad Abu el-Naaj. En outre, le groupuscule a pour objectif de contrôler l’ensemble des installations, des rues et des entrées du camp. Les services de renseignements ont intercepté des conversations téléphoniques entre eux, d’autres camps palestiniens et des individus hors du Liban. Elles indiquent que les camps sont instables et que le Liban est devenu un terrain fertile pour les groupes fondamentalistes belligérants de la crise syrienne.
Le Jerusalem Post
Le Jerusalem Post s’interroge: «La présence d’al-Qaïda au Liban est-elle une réalité ou une propagande syro-iranienne?».
La présence d’al-Qaïda au Liban augmente, notamment à cause de l’élargissement de la guerre civile en Syrie. D’autres expliquent que le Front al-Nosra utilise le Liban comme plateforme. Mais un expert libanais explique aujourd’hui que ces informations sont le fruit d’une propagande orchestrée par la Syrie, le Hezbollah et l’Iran pour décourager l’Occident de renverser le régime d’Assad.
Les officiers de sécurité libanais, qui sont les sources principales des articles occidentaux qui ont repris ces informations, peuvent très bien être des sympathisants du Hezbollah qui veulent faire croire que le régime syrien se bat contre al-Qaïda.
Tony Badran, chercheur pour la Fondation de défense des démocraties, estime que les unités libanaises qui traversent la frontière pour aider leurs frères syriens ne sont pas tous des sympathisants d’al-Qaïda.
Ces informations sont notamment relayées par un site Internet nouvellement créé, al-Monitor, extrêmement proche des cercles du Hezbollah et du régime syrien. Le site traduit des articles du journal libanais As-Safir et l’homme qui a créé al-Monitor, Jamal Daniel, possède 20% des actions d’As-Safir et les journalistes comme Jean Aziz ou Nasser Charara travaillent pour al-Akhbar, considéré au Liban comme la voix du Hezbollah.
Julien Abi Ramia
The National
La patate chaude du mariage civil.
Extrait d’un article du quotidien émirati
Le mariage civil fait, encore une fois, la une de l’actualité libanaise. Et encore une fois, les hommes politiques n’ont pas réussi à s’en saisir. Les dernières semaines n’ont pas fait exception. Les manifestations en faveur du mariage civil n’étaient que l’aboutissement de semaines de discussions, de débats, parsemées de quelques insultes.
Avant les élections générales prévues en juin, peu de politiciens sont prêts à risquer l’opprobre des personnalités religieuses avant le scrutin. Pourtant, dans le même temps, la période de campagne électorale pourrait pousser les candidats à prendre des risques, à tester l’opinion publique.