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Nº 2888 du vendredi 15 mars 2013

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ECONOMIE

Banques. La ruée vers l’Irak est-elle encore une opportunité?

Les banques libanaises ont besoin de s’implanter hors du marché local pour trouver de nouveaux horizons pour leurs placements. Cependant, de nombreux dilemmes sont à résoudre. Faut-il prêter à des marchés qui n’ont pas suffisamment de liquidités (comme par exemple celui de l’Europe), du Golfe ou de l’Afrique? Faut-il prêter à des non-résidents? Le régulateur libanais, à savoir la Banque du Liban (BDL), maintient son contrôle sur les bilans des filiales bancaires libanaises à l’étranger, exigeant par ailleurs le respect du principe selon lequel l’établissement de crédits libanais ne peut contracter des créances que dans une proportion de 30% des dépôts qu’il détient.
L’expérience d’implanter leurs filiales dans les pays outre-Pacifique, où réside une importante diaspora libanaise, s’est révélée moins concluante que prévu. La raison est simple: les colonies libanaises dans les pays d’émigration sont solidement implantées et bien intégrées au système économique en place. Ceci dit, après avoir dépassé avec le moins de dégâts possibles les conséquences de l’ouverture des filiales libanaises en Syrie, les banques, qui n’ont pas encore franchi le pas, lorgnent vers l’Irak. Ce pays représente-t-il toujours une opportunité? Les premières filiales libanaises dans le pays du Tigre et de l’Euphrate remontent à 2006-2007. Il s’agissait de Byblos Bank et de l’IBL. Le marché était encore vierge en termes d’agents banquiers et, par conséquent, les profits étaient plus faciles à dégager. N’empêche qu’aujourd’hui le marché irakien est tout autant prometteur par rapport aux Libanais dans divers domaines, en l’occurrence ceux des télécommunications, de la construction, de la commercialisation des produits médicaux et de l’hôtellerie. Il a donc attiré des capitaux libanais et certaines banques libanaises y ont trouvé des opportunités pour s’implanter au Kurdistan, à proximité des puits de pétrole, alors que d’autres ont préféré avoir pignon sur rue à Bagdad, où le commerce bat son plein dans un marché de 33 millions de personnes et un revenu par tête d’habitant en rythme annuel de près de 5000 $ dans le secteur privé et de 10000 $ dans le secteur public.
L’Irak est un pays pétrolier qui produit actuellement 3,3 millions de barils de brut/jour et s’apprête à accroître sa production pour atteindre 6 millions de barils de brut/jour en 2020. Quant aux échanges commerciaux au cours des quatre dernières années, ils en disent long sur le potentiel du volume des affaires entre les deux pays. La valeur des exportations libanaises en Irak s’est élevée en 2009 à 270,8 millions $, à 197 millions $ en 2011 et à 211,3 millions $ en 2012, tandis que la valeur des exportations irakiennes vers le Liban a représenté 1,6 million $ en 2009, 3,1 millions $ en 2010, 4,3 millions $ en 2011 et, enfin, 5,7 millions $ en 2012.
Outre Byblos Bank et IBL, il existe des filières bancaires de la Banque libano-française, de BBAC, du Crédit libanais et de BankMed. Quant à BlomBank, cette banque devrait incessamment inaugurer deux filiales, l’une à Bagdad et l’autre à Erbil, sachant que le minimum de fonds propres requis pour l’implantation d’une banque en Irak est de 7,1 millions $. Dans le même prolongement, Bank Audi planifie son installation dans le pays du Tigre et de l’Euphrate.

 

Liliane Mokbel

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