Durant des années, son art a été largement incompris et mal interprété. Aujourd’hui, ses créations sont exposées à la Tate Britain (National Gallery of British Art). Les peintures, les textiles, ainsi que les sculptures de Saloua Raouda Choucair font le grand bonheur du public.
Née à Beyrouth en 1916, Saloua Raouda Choucair est considérée pionnière de l’art abstrait dans le monde arabe. C’est à partir des années 40 que son travail va se développer.
Des formes modulaires, des lignes et des courbes tirées des traditions de la conception islamique vont se combiner avec des éléments de l’abstraction occidentale. L’artiste travaille avec de la terre cuite et de l’argile. Elle produit de petites formes organiques et de grands travaux avec des miroirs, plexiglas et fils de nylon. L’artiste, férue de sciences, semble-t-il, a toujours été convaincue de la base arithmétique de l’art islamique. Ainsi, elle a longtemps renoncé aux références symboliques ou iconiques. Son art n’est jamais descriptif. Il est toujours en quête de l’immatériel. Ses sculptures sont composées de plusieurs pièces individuelles qui peuvent être séparées ou réunies, à l’instar des vers d’un poème arabe. Tout chez elle rappelle à quel point elle a toujours adulé la science. Pour cela, elle a intuitivement suivi l’expérience soufie dans l’application de ses concepts artistiques. Au cours des années, son art a parfois été marginalisé, incompris. Il a fallu qu’à Paris, et précisément dans l’Atelier de l’art abstrait, que des amateurs saluent son travail pour que le succès arrive enfin.
A l’international
Après Munich, Beyrouth et d’autres villes de la planète bleue, c’est maintenant au tour de la Grande-Bretagne de succomber au talent de Saloua Raouda Choucair. Cette exposition à la Tate célèbre son travail remarquable. Dans un communiqué, le musée britannique note d’ailleurs qu’elle «prend sa place légitime comme une figure importante dans l’histoire de l’art du XXe siècle». Quant à la revue Evening Standard, elle estime que Choucair «est une figure singulière qui mérite toute sa place sous les projecteurs». Le peintre soudanais Ibrahim el-Salahi, lui, a considéré que, grâce à cette expo, «le travail de l’une des personnalités les plus importantes dans la modernité africaine et arabe est placé dans un contexte mondial plus large».
A travers la peinture et le dessin, l’architecture, les textiles, les bijoux et les sculptures, les visiteurs, toutes nationalités confondues, peuvent découvrir le travail de cette artiste libanaise hors pair. L’exposition se concentre sur les sculptures qu’elle a réalisées entre les années 50 et années 80, créées avec du bois, du métal, de la pierre et du verre.
De nombreux exemples de ses peintures abstraites et quelques œuvres figuratives, telles que Self-Portrait, datant de 1943, et Paris-Beyrouth, de 1948. Beaucoup de ce travail exposé, réalisé sur une période de cinq ans, n’a pas encore été vu en dehors du Liban.
Vous vivez en Europe ou vous avez l’intention de visiter l’Angleterre prochainement? N’hésitez pas à découvrir le travail exceptionnel de cette artiste.
Pauline Mouhanna
L’exposition de Saloua Raouda Choucair se poursuit, au Tate Modern, jusqu’au 20 octobre 2013.
http://www.tate.org.uk/whats-on/tate-modern/exhibition/saloua-raouda-choucair.
Sa vie dans un livre
L’œuvre de cette artiste phénoménale est
présentée dans un livre, Saloua Raouda
Choucair, her life and art. Il comprend plus de 250 planches en couleur, ainsi que des textes d’analyse qui permettent de faire la lumière sur sa philosophie et son expérience. Pour plus d’informations: http://www.srchoucair.com/