Magazine Le Mensuel

Nº 2905 du vendredi 12 juillet 2013

Livre

Le secret d’Osiris de Nabil Mallat. Un voyage dans le temps

Amateurs d’archéologie et d’Egypte ancienne, policiers et enquêteurs dans l’âme… Le nouveau roman de Nabil Mallat en fascinera plus d’un. L’avocat et écrivain libanais revient, avec son deuxième livre, qui a séduit la maison d’édition l’Archipel en France, sur les traces du Secret d’Osiris.

Maxime de Latour, archéologue français, fait une découverte surprenante sur le plateau de Gizeh, en Egypte. Dans le puits d’Osiris, on avait découvert trois chambres secrètes. Maxime et son équipe en découvrent une quatrième contenant le sarcophage d’Osiris, ainsi que des colonnes recouvertes d’inscriptions pratiquement indéchiffrables. Dans le sarcophage, se trouve un rouleau de papyrus sur lequel est inscrit L’enseignement primordial, premier texte d’Egypte retranscrit de la main d’Imhotep.
Le texte relate le voyage du dieu dans le Sahara au moment où le désert était fertile et vert! Une telle découverte attire les mauvais regards. Le papyrus disparaît et un tueur en série vient s’immiscer dans l’histoire. Mais qui est ce redoutable Seth – clin d’œil fait au méchant frère d’Osiris – qui terrifie tout le monde?
«J’ai toujours été attiré par l’Antiquité, raconte Nabil Mallat. Qui dit Antiquité dit Egypte, Grèce, Rome, Phénicie. Ce livre-là, je l’ai consacré à l’Egypte. La mythologie m’a toujours intéressé. Je fais beaucoup de recherches à ce sujet et j’interroge beaucoup d’historiens. Depuis mon jeune âge, je posais beaucoup de questions à mes parents! La mythologie est essentielle pour l’imagination humaine», estime l’auteur.
Le périple de Maxime, premier ouvrage de Mallat, est «un conte philosophique. C’était, dit-il, comme une carte de visite, l’introduction d’un nouvel auteur à ses lecteurs. Maintenant, j’ai voulu écrire autre chose. Pour écrire un thriller, le processus est totalement différent. Un conte philosophique établit une position que j’aurais sur tel ou tel thème. Pour ce genre de thriller, d’un côté, il y a l’intrigue, les personnages et, de l’autre, les recherches historiques. Il faut lier tout cela en gardant une prépondérance à l’intrigue. Ce n’est pas un livre dans lequel on met tout ce que l’on sait sur l’Egypte ancienne».
Quand Mallat a décidé d’écrire, il savait, grâce à ses recherches, par quel site il fallait commencer. Le plateau de Gizeh sans aucun doute. Il savait même où se déplacer (entre l’Egypte et Washington) et où aboutir (à Nabta Playa). Il fallait alors étoffer. «Les personnages ou bien les recherches m’obligent parfois à dévier un peu de cette trajectoire; c’est là où ça devient compliqué. L’important c’est le point de chute!», précise l’auteur.
Tout en écrivant une fiction, Mallat a voulu se fonder sur des éléments qu’il souhaitait le plus proches possible de la réalité. Le résultat est séduisant! On retrouve dans un thriller, surtout celui qui nous tient accrochés, d’amples informations sur l’Egypte ancienne et une part de philosophie, comme l’aime l’auteur. On s’y croirait! En lisant, on se fait un remake d’Indiana Jones dans sa tête version Maxime de Latour que l’on peut imaginer un peu plus jeune et plus fashion. Enfin, chacun se fera sa propre image! On l’imagine avec Stella, archéologue-papyrologue, accompagné de John, l’homme d’affaires en mal d’aventure, sur les traces d’Osiris, en plein désert, sous un soleil ardent, allant de site en site en évitant des mésaventures dignes d’un film hollywoodien! Bref, un cocktail qui fonctionne: suspens, aventure et découverte. Mallat informe le lecteur tout en le divertissant. Pari réussi.
«Je voulais changer de registre par rapport à tout ce qui a pu être écrit sur l’Egypte ancienne. Chaque fois, ce sont toujours les mêmes lieux et les mêmes personnages…  Je voulais faire quelque chose de différent et transporter le lecteur sur des endroits qu’il ne connaît peut-être pas». Il faut dire que le choix de l’auteur a été judicieux.
«Le puits d’Osiris est un site extraordinaire, selon Nabil Mallat. Il est creusé sous terre et descend à plus de 35 mètres de profondeur sur trois niveaux. Dans mon livre, j’ai entrepris une fouille qui n’a jamais été faite et Maxime découvre une quatrième chambre qui renferme le sarcophage d’Osiris! Imaginez un peu que ma fiction soit en fait une réalité».
Côté personnages, l’auteur a su ne pas trop en dire. Ce qui fait que le lecteur peut laisser libre cours à son imagination. «Ce qui est bien dans un roman, comme dans un film, c’est que le lecteur peut s’identifier à un personnage. Si l’on donne une image trop figée, le lecteur n’entre pas dans l’histoire du livre. Le roman doit être proche du lecteur et les personnages qu’il construit».
Le jeune homme a voulu miser sur le public français et cela a bien fonctionné. Son roman a été sélectionné Grand livre du mois, coup de cœur dans la catégorie Romans historiques et immanquables du mois par L’Actualité littéraire. Il a également conquis les journalistes français du Parisien. Nabil Mallat nous montre encore une fois, combien il est attaché à la France et à sa culture. «‘‘France’’ et ‘‘rayonnement’’ sont deux termes indissociables. La langue française est un véhicule noble pour le rayonnement des idées telles que les libertés fondamentales et les droits de l’homme». «Ecrire en français est un moyen d’assurer la bonne promotion de ces valeurs. Dans ce cadre, le genre du thriller, grâce à l’universalité des thèmes qu’il peut traiter, peut contribuer au rayonnement de la langue française».

Anne Lobjoie Kanaan

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