Magazine Le Mensuel

Nº 2905 du vendredi 12 juillet 2013

Livre

Le Projet Socrate de Daron Sheehan. Appel à un monde plus intelligent

Lancé simultanément en anglais (Nautilus Media Limited), en français (Editions Tamyras) et en hollandais (Gibbon Uitgeef agent schap), Le Projet Socrate est le premier roman de Daron Sheehan, préfacé par Maxime Chaya.
 

Pourquoi avoir voulu vous lancer dans l’écriture?
J’aime les défis. Et le livre est en quelque sorte un défi. Au cours d’un voyage, un tour de Corse, où il y avait notamment des Libanais, dont le cinéaste Georges Shoucair, on a discuté de l’idée de faire un film pour rendre l’idée écologique plus sexy, un film qui ne soit pas dans le genre Pocahontas ou Avatar, qui étaient plutôt des contes de fées, mais qui soit plus pertinent et plus près des gens. Georges Shoucair m’a proposé d’écrire un scénario. Je n’ai pas arrêté d’y penser. Deux semaines plus tard, en faisait du vélo en Angleterre, j’ai eu l’idée des Sicads.

Justement, le sicad, acronyme de Socrate Illuminé Cyber Auto-Didacte. Pourquoi Socrate?
Je crois que, de nos jours, la société a beaucoup évolué, on a tellement de choix qu’on ne réfléchit pas. On a perdu un peu notre sagesse. On a créé une société d’individuels qui ne pensent qu’à leur propre accomplissement. La société de consommation a engendré en chacun une forte envie de consommer, pour se valoriser par rapport à la consommation, aux biens qu’on accumule, pendant la vie. Mais on a oublié le lien entre les humains d’une part, et entre les humains et la terre, la planète de l’autre part. Socrate représente pour moi une sorte de sagesse, le fait de se poser beaucoup de questions importantes dans la vie.

Le robot, le symbole de la sagesse, mais aussi d’une technologie de pointe.
J’ai mélangé les deux pour avoir le meilleur des deux. Evidemment, on a fait beaucoup de percées technologiques, scientifiques, mais on a oublié la sagesse. Maintenant, il s’agit de la retrouver tout en n’oubliant pas la technologie. Mais de les mettre ensemble pour créer un monde plus intelligent, où tous coopéreraient pour avoir une vraie vision de ce monde, et de ne pas simplement être des particuliers qui ne sont pas connectés. Les sicads représentent cet appel à un monde plus intelligent.

Donc il ne s’agit pas simplement d’un livre à portée environnementale?
C’est facile de dire qu’on a besoin de sauver la planète. Mais ce sont les humains qui doivent se sauver avant tout. C’est un message pour les jeunes. Le but du livre est de donner espoir à la nouvelle génération qui a tous ces problèmes à résoudre: les défis écologiques, les crises financières…, qui sont tous liés. Mais nous, nous avons tellement de modèles et des ornières, nous ne prévoyons pas de nouvelles solutions. C’est aux jeunes de penser à tout. Et le seul moyen de le faire est de rapprocher tous les gens pour penser ensemble. L’individu tout seul ne peut rien faire. Je parle avec beaucoup de jeunes et j’ai l’impression que tout le monde est un peu coincé, qu’on est vraiment face à un choix difficile: soit, pour assurer sa survie, on travaille dans une grande société sans être d’accord avec ses valeurs, soit on essaie de faire quelque chose soi-même, mais on y dépense beaucoup d’énergie et on a peu de chance de réussir. Il n’y a pas grand-chose entre ces deux extrêmes. C’est pour cette raison que la nouvelle génération doit se retrouver ensemble pour voir comment recréer le monde, comment continuer à évoluer dans le sens humain en se demandant si on a choisi les vraies priorités. Tel est le défi.

Pourquoi avoir choisi le genre du thriller, de la science-fiction?
C’est un reflet de ma vie, j’aime les sciences, l’aventure, la nature. Je ne voulais pas devenir écrivain, mais mettre les idées sur la table. Donc c’était intéressant d’avoir un récit haletant, engageant, pour garder l’attention du lecteur. Et je me suis tellement amusé en l’écrivant, progressivement, sans jamais faire de plans, en me mettant, chaque fois, à la place des protagonistes. J’ai écrit le livre comme une aventure.

Propos recueillis par Nayla Rached

Bio en bref
Daron Sheehan a grandi au Royaume-Uni, dans la campagne de Chiltern, près de 
Londres. En 2006, à 36 ans, il a mis entre parenthèses, pour une période de trois ans, une carrière réussie dans la finance, pour participer à une série d’expositions et prêter main forte à des associations éducatives et caritatives à travers l’Europe, l’Afrique du Sud et le Moyen-Orient. Son amour de la langue française le pousse à écrire Le Projet Socrate simultanément en anglais et en français à l’aide de deux journalistes francophones. Il pratique l’escalade, les sports d’hiver, le cyclisme, la course à pied et la voile. En 2009, au terme de ses années sabbatiques, désireux de trouver des solutions aux défis sociaux et environnementaux, il a réintégré le secteur de l’investissement pour créer une entreprise dédiée aux problèmes de l’environnement.

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