Rami Ayache, Farès Karam, Haïfa Wehbé et Waël Kfoury; voilà le programme cinq étoiles concocté du 22 au 25 août par les organisateurs du festival du village d’Ehmej, sur les hauteurs de Jbeil, qui ont vu les choses en grand
Situé à mille mètres d’altitude, sur la route de Laqlouq, le village d’Ehmej apparaît depuis trois ans sur la carte libanaise des festivals, en parfait complément de celui de Byblos, sur le littoral. Au départ, l’entreprise semblait folle. Organiser un événement de haut standing artistique dans un village perdu en montagne pouvait prêter à sourire. Dans ces hameaux, compte tenu de leur taille et leur population, les événements de ce type se déroulent plutôt autour d’un feu ou sur le parvis de l’église, une façon de préserver le lien social entre des gens qui descendent à la fin de l’été. Malgré cet exode saisonnier, devenu la norme, Ehmej a toujours su garder un dynamisme qui fait la fierté de ses habitants. Y règne une ambiance particulière, une atmosphère fraternelle autour de son club ou de ses associations qui rythme véritablement la vie du village en période estivale. C’est sur ce vivier fertile que la municipalité a donc décidé de mettre les petits plats dans les grands.
Festival des sommets
S’ouvrir sur le monde tout en gardant son identité propre. Pendant quatre jours, le festival s’installe à l’entrée du village, sur une portion de l’autoroute qui relie Jbeil à Laqlouq. Au centre du dispositif, une salle de spectacle à ciel ouvert avec la scène, la fosse, ses tables de restaurants et ses gradins. Des deux côtés, s’étendent des kiosques – 36 l’année dernière, 83 cette année – qui proposent aux spectateurs sandwichs, boissons et autres plats originaux. Tous ces stands sont tenus par des locaux. Les restaurateurs du village ont les leurs mais autour d’eux, ce sont des jeunes, des femmes qui s’essayent à l’exercice. Dès le départ, les organisateurs ont compris que le projet devait avant tout plaire aux Ehmejiens. Mission largement accomplie. Tous les habitants du village ont un proche qui a concouru à l’organisation du festival. Le tout baigné dans la douce fraîcheur de montagne. Tous les ingrédients pour passer une excellente soirée. Mais cette année, les organisateurs ont frappé un grand coup.
Cet été, très rares sont les festivals à pouvoir se prévaloir d’un programme aussi riche. Les quatre chanteurs invités sont sans conteste dans le haut du panier artistique. Un programme équilibré qui embrasse l’identité du village. A l’ouverture, Rami Ayache, le beau gosse à la voix de stentor et son style à lui qui fait le bonheur des jeunes filles en fleur. Le lendemain, Farès Karam, la star des chansons populaires, celles qui font danser les foules dans un rythme endiablé. Ambiance au rendez-vous. Le 24, la sémillante Haïfa Wehbé qui a surpris tout son monde en affichant une simplicité, une proximité avec son public qui a touché les milliers de spectateurs qui étaient au rendez-vous tous les soirs, malgré les tensions sécuritaires. Et en apothéose, Waël Kfoury qui a drainé un très large public, refermant ainsi une parenthèse enchantée à laquelle tous les habitants du village ont apporté quelque chose. Ehmej peut être fier de son festival.
Julien Abi Ramia