L’Observatoire des droits des handicapés a présenté, récemment, son premier rapport sur les violations de ces droits au Liban. Il en relève de très nombreuses et dénonce l’absence de mesures efficaces pour appliquer la loi en vigueur.
Il n’existe pas de données officielles sur le nombre des handicapés au Liban. Le ministère des Affaires sociales l’estime à 4% de la population libanaise, alors que l’Organisation mondiale de la Santé le situe entre 7 et 10%. Mais ces chiffres sont en dessous de la réalité en raison de l’absence de déclaration des cas de handicap. Les chiffres du ministère des Affaires sociales ne donnent que le nombre et les besoins des personnes ayant obtenu leurs cartes d’identification.
Grâce aux efforts du mouvement en faveur des droits des handicapés au Liban, la loi 220 les concernant a été votée en 2000. Elle accorde six ans à l’Etat pour transformer le pays en espace accessible à ces personnes. Ce qui n’est toujours pas le cas, treize ans après l’adoption de la loi. Le Liban n’a pas encore non plus ratifié le traité international de l’Onu sur le droit des handicapés.
L’accès à la santé
De mars à septembre 2012, plusieurs violations de la loi ont été recensées. Les plus importantes concernent l’accès aux services de santé, le refus de personnes handicapées dans des hôpitaux, la non-fourniture d’équipements nécessaires et les difficultés pour recevoir les cartes de handicapés, ainsi que la non-adaptation de nombreuses écoles et universités à leurs besoins et celle des infrastructures publiques.
Le rapport souligne aussi de très nombreux cas de discrimination à l’égard des handicapés, tels, entre autres, les refus de prêts pour le logement, de l’embauche dû à leur condition physique et de l’obtention d’une assurance vie.
Enseignement et emploi
La loi 220 prévoyait des facilités de transport pour les personnes handicapées. Rien n’a été fait dans ce sens. Certains établissements sont équipés d’ascenseurs et de rampes, d’autres ne possèdent toujours pas d’accès adaptés. La possibilité d’obtenir une voiture équipée pour le handicapé n’est pas assurée. Ces personnes trouvent également des difficultés à se garer, les parkings n’ayant pas toujours respecté l’espace qui leur est réservé.
Cette même loi devait également permettre aux handicapés de bénéficier d’un accès total à l’enseignement et à l’emploi. Le ministre de l’Education a mis en place des plans et une organisation pour les intégrer à l’école publique, mais aucune amélioration n’a été enregistrée.
Pour le travail des handicapés, la loi 220 prévoit que les employeurs du secteur privé doivent embaucher au moins un handicapé lorsque le nombre d’employés se situe entre trente et soixante, et 3% du personnel lorsqu’il y a plus de soixante employés dans l’entreprise. Cependant, cette mesure est loin d’être respectée.
Un programme du ministère des Affaires sociales pour soutenir les handicapés ne couvre qu’environ 10 % du nombre total de ces personnes. Des mesures plus adaptées sont réclamées. Une restructuration du budget de l’Etat est recommandée pour la réaffectation de budget à l’aide aux personnes handicapées.
Arlette Kassas
Quelques chiffres
Depuis 1995, une carte d’invalidité est livrée par le ministère des Affaires sociales. A la fin de l’année 2011, le nombre cumulatif des cartes individuelles délivrées est de 77 000.
Le taux de handicap est plus élevé chez les hommes, soit près de 63%. 45% des handicapés se situent dans la tranche d’âge entre 6 et 34 ans et environ 30% dans la tranche d’âge entre 35 et 65 ans.
Le Mont-Liban compte le plus haut taux de personnes handicapées, soit près de 36% suivi par la région du Liban-Nord avec 18%. Quatre types de handicaps sont recensés, moteur, mental, auditif et visuel avec un taux élevé pour les handicaps moteurs. (Source: ministère des Affaires sociales-Programme accès et droits).