Trente et un ans déjà. Bachir Gemayel nous quittait emportant avec lui le principe qu’il avait traduit en programme de son mandat: «la primauté de la République sur les 10 452 kilomètres carrés». Aujourd’hui, la République vit l’une des périodes les plus dures de son histoire.
Le 14 septembre 1982, un attentat à l’explosif dans la permanence du parti Kataëb à Achrafié tuait un rêve que les Libanais ont vécu avec le président martyr, élu vingt et un jours plus tôt. Depuis, tous les 14 septembre, une messe est célébrée à Achrafié. Cette année, cependant, la tradition n’a pas été respectée et l’office de requiem marquant cette commémoration a eu lieu en l’église Mar Mikhaël de Bickfaya.
L’office a été célébré en présence du président Amine Gemayel, de Solange Gemayel, la veuve du président martyr, de ses deux enfants, Youmna et Nadim, député d’Achrafié, ainsi que des membres de la famille, des amis et des alliés, venus renouveler leur foi en un Liban dont Bachir Gemayel avait fait son combat, pour lequel il a consacré sa courte vie et à cause duquel il a été assassiné.
Dans une allocution à l’issue de la messe, Nadim Gemayel a appelé à un retour à «la primauté de la République». Il a exposé la situation politique actuelle, trois décennies après l’attentat du 14 septembre 1982, et la situation du pays, après un autre martyre, celui de Rafic Hariri, qui a déclenché le slogan: «le Liban d’abord».
Insistant sur la primauté de la République qui a marqué le combat et le projet de Bachir Gemayel, qui se résument en seul mot «la République», le député d’Achrafié a affirmé que «c’est ce qui lui a valu de mourir en martyr. Mais la résistance libanaise qu’il a conduite était la plus forte, sur les plans militaire, financier, des renseignements, de l’information, des ressources et des relations extérieures. Bachir est resté fidèle à son serment et a conduit toutes les factions sur la voie de la République. Il a œuvré pour la primauté de la République, alors que le plan de l’époque était le démembrement du Liban et de l’Etat. Ce qui, malheureusement, semble se réaliser aujourd’hui». «La primauté de la République est le rêve de Bachir et son legs. Se trouvera-t-il, s’est demandé Nadim Gemayel, quelqu’un qui en prendra conscience avant l’effondrement total?».
C’est le père Georges Jalkh qui a présidé la messe. Dans son oraison funèbre, il a mis l’accent sur le sens et le symbole du martyre de Bachir Gemayel et de ses compagnons le jour de la fête de la Croix. «Il constitue plutôt un témoignage de foi et d’espérance. Le président Bachir Gemayel a porté la croix du Liban des 10 452 kilomètres carrés, représentatif de toutes ses composantes et communautés, en étant le précurseur de ce plan. Il s’est employé dès le premier jour de son élection à la présidence à jouer un rôle de rassembleur», a-t-il souligné.
Par son discours et sa volonté, Bachir Gemayel est devenu le symbole du dialogue, de l’ouverture, de la liberté et de la souveraineté d’un pays qui a vécu de longues années de guerre entre 1975 et 1982.
Arlette Kassas
Célébration à Sassine
A la place Sassine d’Achrafié, devant le
monument érigé à la mémoire du président Bachir Gemayel, des cierges ont été allumés. Des banderoles portant de courts passages tirés des discours du président martyr avaient été accrochées sur la place. Des chants
partisans à la gloire de Bachir Gemayel, des Kataëb et des Forces libanaises étaient
diffusés dans les ruelles de la région.
Une rue en son nom
Le Liban officiel a honoré la mémoire de Bachir Gemayel en attribuant son nom à la principale rue de la Place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth.