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Nº 2924 du vendredi 22 novembre 2013

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Maison internationale des écrivains à Beyrouth. Pour une littérature vivante

Beyrouth a désormais sa maison d’écrivains, grâce à l’initiative de Charif Majdalani. La Maison internationale des écrivains à Beyrouth a été officiellement lancée au Salon du livre francophone de Beyrouth.
 

Depuis 2000, l’idée trotte dans l’esprit de Charif Majdalani. Elle est née au détour de promenades à travers le Liban en compagnie d’amis écrivains et universitaires. Chaque fois qu’ils voyaient une ancienne maison, ils étaient emportés dans des rêveries d’avoir à Beyrouth, de créer à Beyrouth, une Maison des écrivains. La première démarche a lieu en 2009, quand Beyrouth est déclarée Capitale mondiale du livre; une ébauche du projet est envoyée au ministère de la Culture et des rencontres internationales sont organisées sous le chapeau: «Pour une maison des écrivains». Mais au fil du temps, des changements de gouvernements… Majdalani est découragé de travailler tout seul. Jusqu’en 2011, quand une «équipe jeune et dynamique» lui propose d’élaborer et de reprendre le projet dans lequel il retrouve ses idées de base et son enthousiasme. Et voilà qu’un an plus tard, en 2012, l’association est inscrite au ministère de la Culture. Mais ce n’est que cette année qu’elle est officiellement lancée.
La Maison internationale des écrivains à Beyrouth est une association dont le but est d’organiser des rencontres entre le public libanais et les écrivains du monde. Dans une cité comme Beyrouth, carrefour de plusieurs univers culturels, et port d’où sont partis tant de migrants, ville multiple et multilingue, capitale de nombreuses minorités, la Maison internationale des écrivains cherche à favoriser et à développer la réflexion et les débats autour des littératures qui vivent et prospèrent entre deux cultures. Elle se consacre, entre autres, à faire découvrir: les littératures du «nouveau monde» dans leur dialogue avec les littératures du «vieux monde», les littératures prospérant dans des cultures multilingues, les littératures des minorités, les littératures des migrations et des diasporas et le rapport entre écrivains migrants et littérature de leurs pays d’accueil.
En attendant et en espérant, faute de moyens financiers, de se doter de «murs», d’une structure qui puisse accueillir les écrivains pour des résidences, la Maison des écrivains s’est fixé, pour l’instant, quatre buts essentiels. Le premier est de réunir à Beyrouth même, une fois par an, aux alentours du printemps, une quinzaine d’écrivains du monde entier, pour des rencontres de quelques jours autour d’une thématique précise. «On sait l’importance qu’a Beyrouth dans l’imaginaire des écrivains et des artistes du monde entier, affirme Majdalani, en raison de son métissage, mais aussi, malheureusement, de ses innombrables conflits». C’est pour dire l’enthousiasme des écrivains à venir à Beyrouth. Le public libanais aura ainsi l’occasion de découvrir des écrivains qu’il connaît peu, mal ou pas du tout, des écrivains qu’il n’a jamais auparavant eu l’occasion de rencontrer, du Chili, de Croatie, du Japon… pour faire de Beyrouth «un véritable Babel littéraire et linguistique». A l’issue de ces rencontres, il sera demandé à chaque auteur invité d’offrir un texte inédit qui sera publié dans une revue littéraire, dans sa langue originale, avec une traduction en arabe, en français et en anglais. Les premières rencontres internationales auront lieu en mai 2014 (voir encadré).
Le second but est de promouvoir la littérature contemporaine dans les universités libanaises pour les encourager à travailler sur les littératures vivantes à travers le monde. Troisièmement, la Maison des écrivains à Beyrouth compte élargir ses partenariats internationaux, à l’instar des trois partenariats déjà scellés avec la Maison des écrivains étrangers et traducteurs de Saint-Nazaire, la Maison Julien Gracq et la Maison de Rousseau et de la littérature de Genève. Ces maisons partenaires inviteront à leur tour des écrivains libanais pour des échanges ou des résidences, leur donnant ainsi une plus grande visibilité dans le monde. Le quatrième point, «qui justifie à nos yeux la création de cette maison», ajoute Majdalani, est de mettre en relation les écrivains libanais vivant au Liban et ceux d’origine libanaise parsemés dans le monde. Non seulement ceux qui sont récemment partis, mais des écrivains descendants de plusieurs générations de migrants libanais, pour leur permettre de renouer avec leurs origines.

Nayla Rached

www.beytelkottab.org

Premières rencontres
Les rencontres littéraires internationales de mai 2014 inaugureront les travaux de la Maison internationale des écrivains à Beyrouth. Elles auront pour thème Des écrivains entre deux cultures et rassembleront des écrivains 
appartenant à deux pays, à deux langues, ou dont l’imaginaire est à cheval sur deux mondes. Quinze auteurs sont sollicités pour y participer, parmi lesquels (sous réserve): Milton Hatoum (Brésil-Liban), Rawi Hage (Canada-Liban), Nadeem Aslam (Royaume-Uni-Pakistan), Hisham Matar (Royaume-Uni-Libye), AbdouRahman A. Waberi (France-Djibouti), Marius Daniel Popescu (Suisse-Roumanie), Moses Isegawa (Pays-Bas-Ouganda), Zafer 0enocak (Allemagne-Turquie), Krikor Beledian (France-Arménie-Liban), Laura Alcoba (France-
Argentine), Ying Chen (Canada-Chine) et Juan Gabriel Vásquez (Colombie).

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