Magazine Le Mensuel

Nº 2925 du vendredi 29 novembre 2013

Le Saviez-Vous

Droits de la femme. Le Liban mauvais élève dans le monde arabe

Un classement sur la progression des droits des femmes, dans vingt-deux pays arabes, est publié par la fondation Thomson Reuters. Malgré les espoirs nés du Printemps arabe sur une amélioration des conditions des femmes, l’étude démontre, au contraire, que la situation s’est parfois aggravée.
 

Alors que le Liban connaît plus d’un progrès au niveau technologique et de télécommunications, selon les rapports mondiaux, il reste au-dessous des attentes en matière des droits des femmes. Il occupe la 16e place sur l’échelle des vingt-deux pays arabes. Ce mauvais classement est dû à plusieurs raisons à cause desquelles les droits des femmes sont toujours bafoués. Ainsi, le viol conjugal n’y est pas sanctionné et les «lois discriminatoires» restent en vigueur. L’étude de la fondation Thomson Reuters souligne l’absence de législation sur le harcèlement sexuel sur le lieu du travail, ainsi que sur le droit des femmes de transmettre leur nationalité à leurs enfants ou à leurs maris.
Dans le domaine de la culture, la situation n’est pas meilleure. Une femme sur six serait illettrée. Quant à la vie politique, elle n’est pas toujours facilitée aux femmes. Ce n’est qu’en 2004 que, pour la première fois, une femme accède à un portefeuille ministériel. Depuis, seules trois femmes ont occupé des places dans le gouvernement. Aujourd’hui, le cabinet ne compte aucune femme et au Parlement ne siègent que quatre députées sur les 128 élus.
En ce qui concerne les autres droits, on souligne que les femmes qui ont recours à l’avortement risquent jusqu’à sept ans de prison, l’avortement n’étant toléré que si la vie de la mère est en danger. Sur le plan économique, 54% des Libanaises dirigent réellement une entreprise, contre 90% des hommes.
Les commissions parlementaires mixtes ont adopté, récemment, un projet de loi, pas encore soumis à l’Assemblée, protégeant la femme de la violence domestique. Toutefois, l’article 3 relatif au viol conjugal a été amendé de manière à sanctionner, uniquement, l’homme «qui frappe, nuit ou menace son épouse pour obtenir ses droits conjugaux».
Toujours selon l’étude citée plus haut, les Iles Comores arrivent en tête des pays arabes dans le classement concernant le respect des droits des femmes. Elles sont suivies d’Oman, du Koweït, de la Jordanie et du Qatar. La Somalie est juste devant 
le Liban.
L’Egypte apparaît comme le pays où la situation des femmes est la plus critique: 99,3% des femmes seraient victimes de harcèlements sexuels. A cela s’ajoutent les problèmes sanitaires, 91% seraient victimes de mutilations génitales. Enfin, sur le plan éducatif, 63% d’entre elles resteraient illettrées.
En Irak, second sur la liste, les droits des femmes ont régressé depuis l’invasion américaine de 2003 et le renversement de Saddam Hussein. L’Arabie saoudite se place, quant à elle, en troisième position. La loi saoudienne interdit encore aux femmes de travailler bien que, depuis janvier 2013, trente femmes ont intégré le conseil de la Choura, organe consultatif.
La Syrie est en quatrième position. Les Syriennes sont victimes de la guerre civile dans le pays. Avant le début du conflit, la place des femmes semblait pourtant plus favorable.
Cette étude sur la situation des femmes dans les pays arabes est alarmante. Le Liban se doit d’améliorer les lois concernant les droits des femmes, notamment en ce qui concerne la possibilité pour elles de transmettre leur nationalité à leurs enfants et de les protéger contre la violence domestique.

Arlette Kassas

L’étude de Thomson Reuters
Pour établir le classement de l’étude de la fondation Thomson Reuters, 336 experts y ont travaillé. Ce sondage avait pour objet d’évaluer dans quelle mesure les Etats arabes adhèrent à la Convention de l’Onu sur l’élimination de toute forme de discrimination contre les femmes.
Trente-six questions portaient sur six 
dossiers: la place des femmes en politique, dans la société, dans l’économie, dans la famille et enfin concernant la violence envers les femmes et les droits de transmission.

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