Après Dame Nature et Un coin de ciel bleu, Tania Bonja Honein vient de publier, aux éditions Dergham, le livre Le poète. Un dialogue entre le poète et sa muse, une quête de l’absolu.
Face à la «page blanche», aux mots qui se perdent, aux mots qui avaient l’habitude de suffire au poète «pour voyager vers d’autres lieux et d’autres soleils», les mots qui le ramenaient toujours à sa certitude, il appelle sa muse à son secours. Et leur voyage commun commence. Pour retrouver les mots, ils partent ensemble à la découverte, à la redécouverte du monde. Au fil des pages qui se succèdent, des chapitres qui se suivent, quinze au total, illustrés par Léna Bonja Cortas, l’auteure s’attaque chaque fois à un sentiment humain, une émotion, une perception, une sensation. L’amour, l’ennui, l’amitié, le songe, l’illusion, la souffrance, la beauté, la mort, la laideur, la paresse, l’amour maternel… autant de sentiments que d’éléments inhérents à la poésie, depuis des siècles. D’où le côté désuet et académique, voire légèrement scolaire de ce troisième ouvrage. Avec une vision simple, souvent trop simple, de la complexité poétique, réduite à un échange de mots entre le poète et sa muse, Le poète se laisse rapidement parcourir, d’échanges de mots en échanges de mots qui balancent entre légèreté, engagement, introspection.
Accompagné de sa muse, le poète effectue ainsi «un voyage dans le monde de l’absolu, dans le monde des valeurs», peuplé «d’êtres sans ombres, éthérés, épurés», d’illusions et de désillusions. Mais l’absolu existe-t-il? Peut-il jamais être atteint? Est-ce le résultat qui compte ou les moyens déployés pour l’atteindre? La quête. C’est dans la quête que résident peut-être cet absolu, cette perfection, tant recherchés par le poète. «La quête, ces instants fugaces où tu te crois proche des dieux amènent de la mélancolie, mais te laissent entrevoir un monde éthéré, une vie parallèle à la tienne, une vie qui n’est pas à toi, qui ne le sera jamais. Ton dilemme entre ce que tu aurais pu avoir et ton besoin de le laisser t’échapper habillera ces expériences de la robe de la perfection». Et la quête de la perfection elle «est un mirage qu’on voudrait palper mais (qui) est aussi un phare, un but, le port où vont tous les navires en mal d’ancrage».
Leila Rihani
Il est des choses de Mona Bassil. Esquisses de tranches de vie
Après un premier recueil de poèmes Maelström,
publié aux éditions de la Revue
phénicienne, en 2009, Mona Bassil publie, aux éditions
Dergham, un recueil de courtes nouvelles rassemblées sous le titre Il est des choses et autres nouvelles décousues.
Il est des choses, comme une relation amoureuse, une relation conjugale, comme une rencontre au fil du hasard, un échange nocturne le temps d’un soir, le temps d’un verre. Il est des choses comme des relations cachées, des secrets dévoilés, des mots échangés, des amours interdites, des envies d’ailleurs, des habitudes étouffantes, des mystères attirants… Il est des choses et des relations humaines qui naissent, se développent et se terminent au quotidien, à chaque instant, à quelques pas de nous, au moment où nous-mêmes nous poursuivons notre histoire et ses choses.
«Ces êtres qui se bousculent autour de moi m’amusent, dit l’auteure. Ils sont toujours si affairés et se plaignent de tout: de la vie, de l’amour et même, curieusement, de solitude. Mais que savent-ils au juste de l’isolement permanent et absolu? Je donnerai cher pour qu’ils se mettent à ma place, ne serait-ce qu’un bref moment. Qui suis-je?».
Au fil de ses courtes nouvelles, Mona Bassil retranscrit ces êtres qui l’amusent, ces êtres qui se rencontrent autour d’elle, en insistant sur la notion de couple qu’elle aborde dans toutes ses dimensions.
Un je ne sais quoi, Marina, Paillette Jungle, Luxe? Calme? Volupté?, La raison a ses raisons… Treize nouvelles au total peuplent cet ouvrage, composées avec un style simple, très simple, recourant même parfois à la facilité, tant au niveau de l’agencement des mots que de celui des idées et des images. Des images qui ne sont pas réellement nouvelles ou innovantes, qui soulèvent certes des questionnements, mais que le lecteur s’est probablement déjà posés, des situations qu’il a probablement déjà eu l’occasion d’affronter, d’en être le témoin.
Il est des choses est tout aussi simple que des tranches de vie que Mona Bassil s’amuse à croquer en mots.
Leila Rihani