Magazine Le Mensuel

Nº 2939 du vendredi 7 mars 2014

general

Révélations en cascade. Un plan pour assassiner Berry

Chaque semaine apporte son lot de révélations inquiétantes. Dernières en date, celles de Mahmoud Abou Aalfa, membre des Brigades Abdallah Azzam, qui a avoué qu’un attentat visant le président du Parlement, Nabih Berry, était en préparation.
 

Les coups de filet réussis par l’Armée libanaise et les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) portent leurs fruits. Après les révélations sans fin de Naïm Abbas, place aux aveux de Mahmoud Abou Aalfa, interpellé dans la nuit du 18 au 19 février dernier, et lui aussi membre des Brigades Abdallah Azzam. Abou Aalfa avait d’ailleurs avoué qu’il avait été chargé de surveiller le Centre culturel iranien et le siège de la télévision al-Manar, à Bir Hassan, quelques heures avant que le double attentat ne se produise. Des révélations qui apportent encore plus de crédibilité à ses derniers propos.
Selon Abou Aalfa, le président du Parlement et chef du mouvement Amal, Nabih Berry, serait lui aussi dans la ligne de mire des Brigades Abdallah Azzam, proches d’al-Qaïda. On a ainsi appris qu’il avait été chargé par l’un des hauts responsables du groupe terroriste, le cheikh Sirajeddine Zoureikat, de la mise en place d’un plan visant à assassiner Nabih Berry, dans sa résidence de Aïn el-Tiné, à Verdun. Abou Aalfa a ainsi révélé aux enquêteurs qu’il avait effectué de nombreux repérages de la zone, pourtant très bien gardée et surveillée, examinant toutes les entrées de la forteresse de Nabih Berry. Lors de cette surveillance, le terroriste fait ainsi remarquer à son supérieur, le cheikh Zoureikat, que les mesures de sécurité existantes à Aïn el-Tiné, avec la présence de portes blindées résistantes aux explosions, rendaient difficile la mise en œuvre de l’assassinat. Des informations qui n’ont pas pour autant dissuadé le groupe de parvenir à ses fins.
Pour surmonter les obstacles, le cheikh Zoureikat et Abou Aalfa, secondés par un certain Hassan A., pensent alors à une autre hypothèse, comportant des attaques multiples avec le concours de plusieurs kamikazes. Le plan élaboré consistait à perpétrer une double attaque suicide, la première au niveau de l’entrée sud de la résidence de Nabih Berry, à proximité des magasins Exotica, tandis qu’un autre kamikaze se ferait exploser au niveau de l’entrée nord de Aïn el-Tiné, du côté de Verdun.
Troisième plan, si celui-ci était impossible à réaliser ou échouait, l’assassinat du président du Parlement par un sniper, lors de l’un de ses déplacements. En marge de ces révélations, on a également appris, par une source de sécurité, que les Brigades Abdallah Azzam étaient sur le point de fixer l’heure précise de l’opération terroriste.
Toutes ces informations sont venues confirmer les menaces qui pèsent sur la tête de Nabih Berry. Au cours des derniers mois, plusieurs personnalités proches du chef du mouvement Amal avaient reçu des mises en garde claires relatives à ces tentatives d’assassinat par des groupes liés à al-Qaïda. Les services de renseignements libanais comme européens avaient, eux aussi, fait état d’informations concordantes, qui assuraient que Berry figurait sur la liste noire des assassinats. L’un des adjoints de Nabih Berry aurait été informé directement par le chef des Renseignements des FSI, le général Imad Osman, de tous les détails de l’opération, l’invitant à prendre toutes les mesures nécessaires à la protection du président du Parlement.
Autre cible mentionnée par Mahmoud Abou Aalfa et son cousin Hassan A., l’ancien ministre Wiam Wahhab, chef du parti al-Tawhid, dont la résidence serait sous surveillance. Une résidence qui se trouve, elle aussi, dans une zone sensible, entre les deux bâtiments du consulat iranien et de la chaîne al-Manar, à Bir Hassan.

Jenny Saleh

Les réservoirs de gaz visés
Autres révélations, très inquiétantes elles aussi, celles relatives à un projet d’attentat suicide contre les réservoirs d’approvisionnement de gaz domestique situés à Ouzaï et Bir Hassan. La mise en œuvre d’un tel plan aurait provoqué une 
véritable catastrophe dans un secteur très peuplé. Des sources proches des enquêteurs auraient d’ailleurs révélé que le kamikaze qui s’était fait exploser à bord d’un van à Choueifate, le 3 février dernier, devait initialement se faire sauter contre l’un de ces centres de distribution. Pour prévenir toute tentative, le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, a ordonné la 
fermeture provisoire des deux centres visés depuis lundi, afin de vider les réservoirs. Une décision censée rassurer les habitants de Bir Hassan et Ouzaï, qui devront désormais se fournir en gaz auprès des centres de Choueifate et Dora. La fermeture a suscité l’inquiétude des employés de ces centres concernant leur emploi, qui ont bloqué l’autoroute d’Ouzaï en guise de protestation mardi matin.

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