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Nº 2944 du vendredi 11 avril 2014

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Raconter l’histoire du Liban. Se rapprocher de la vérité en dépit des contraintes

L’histoire du Liban en bande dessinée aux éditions Arcane est le premier tome d’une longue série, dont le premier opus nous éclaire sur la vie de nos aïeux les Phéniciens, leur histoire et leur patrimoine. Interview de Rebas, l’auteur de la B.D. qui nous apprend bien de choses sur notre passé et de Noura Badran, l’illustratrice qui a donné libre cours à son imagination.
 

Pourquoi raconter l’histoire du Liban à travers une B.D.?
Nous avons utilisé la B.D. comme moyen parce que c’est assez facile pour n’importe quelle personne d’obtenir rapidement des informations d’une façon agréable qui utilise le visuel, tout en donnant à l’imagination le temps nécessaire pour fixer l’histoire.

A qui vous adressez-vous principalement? Les jeunes sont-ils intéressés par ce sujet?
Nous nous adressons à tout Libanais, tout historien et, particulièrement, aux nouvelles générations qui connaissent mal l’histoire du Liban.

Qu’ont retenu les Libanais de leurs ancêtres les Phéniciens?
Les Phéniciens bien qu’ayant une même culture étaient divisés en plusieurs cités rivales, donc cet état de fait facilitait la conquête de la région par les différents envahisseurs qui se sont succédé. Mais, les quelques fois où ils ont montré une certaine solidarité leur ont permis de s’inscrire dans l’histoire comme une grande civilisation dont sont issus de grands hommes et femmes comme Cadmos ou Elissar et à l’origine de grandes réalisations.

Ecrire l’histoire d’un pays est une grave 
responsabilité puisque souvent chacun a sa propre approche des événements. Dans quelle mesure votre écriture correspond à la réalité des choses?
Nous essayons bien sûr de nous documenter le plus possible. Nous utilisons des sources parfois concordantes et parfois divergentes, mais nous tentons toujours de nous tenir à l’histoire officielle.

En plongeant dans l’histoire d’un pays comme le Liban, à quelles conclusions êtes-vous parvenus?
Au-delà d’être l’histoire de tous les habitants du Liban, c’est aussi l’histoire à la fois de chaque communauté et de toutes les communautés réunies. Tout un chacun peut revendiquer une appartenance historique, ethnique ou religieuse à l’une des grandes civilisations, qui sont passées dans la région phénicienne, romaine, arabe, perse… mais la vérité est que nous sommes un ensemble de communautés qui se doivent de coexister si chacune veut avoir un avenir.

Combien de tomes y aura-t-il?
Il y aura une vingtaine de tomes qui couvriront l’histoire du Liban de l’époque phénicienne jusqu’à nos jours, à condition que la censure ne s’en mêle pas.

Quelles sont les principales difficultés au niveau de l’illustration du fait qu’il n’y a pas assez d’éléments visuels de cette époque?
Nous avons dû imaginer les palais dessinés parce qu’il n’y a pas d’images de cette époque à ce niveau. Pour le reste, il y a toujours un moyen de trouver des représentations de cette phase de l’histoire dont nous pouvions nous inspirer. Une autre difficulté était de pouvoir donner des caractéristiques précises à chaque personnage du fait qu’ils se ressemblent tous tant.

Vous avez donc usé de votre imagination dans ces illustrations…
En matière de B.D., il faut toujours être créatif… mettre de soi, de ce que l’on sent, de ce que l’on suppose… apporter son grain de sel aux personnages, à leurs habits, à leurs pourtours, leur donner du caractère…

Quelles sont les contraintes auxquelles vous avez dû faire face? Il n’est pas toujours évident d’illustrer une B.D. surtout quand le sujet n’est pas léger 
et correspond à une réalité historique?
En B.D., il y a toujours des contraintes au niveau du scénario et de l’illustration parce qu’il faut prendre en considération ce que l’histoire dit et ce que l’image doit dire en fonction du texte. Ce n’est pas toujours évident. n

Propos recueillis par Danièle Gergès

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