«Les principaux défis du prochain président: la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Il lui faudra aussi gérer l’afflux d’un million de réfugiés syriens. Il est essentiel à cette phase de préserver notre unité nationale». Pour Yassine Jaber, le moment est favorable à l’élection d’un chef d’Etat.
Vous êtes président du comité désigné par le chef de l’Assemblée, Nabih Berry, pour mener des consultations avec les différents blocs avant la séance parlementaire consacrée à l’élection du président de la République. A quelles conclusions êtes-vous arrivé?
Le but premier de cette initiative est de libaniser cette échéance et de préparer le Parlement à agir dans ce sens. Il fallait assurer le quorum, étudier la possibilité d’un amendement constitutionnel si besoin est. Les divers blocs ont demandé un laps de temps avant de fixer la première réunion de la Chambre. La plupart des blocs ont confirmé leur présence au premier tour. Certains ont souligné en revanche que se retirer de la séance, s’ils le jugent nécessaire, est un droit démocratique. Pour d’autres, l’important est que l’échéance constitutionnelle soit respectée et qu’un chef d’Etat soit élu. La date de la séance sera donc fixée après les fêtes pascales (Elle a été entre-temps fixée au 23 avril, s). D’autre part, la majorité se prononce contre un amendement de la Constitution. En tant que bloc, nous nous sommes engagés à participer à la séance parlementaire et à contribuer à assurer le quorum. D’ailleurs, le président Berry n’espacera pas les séances parlementaires, il les fixera sur des délais très courts jusqu’à l’élection d’un président.
Les blocs concertés ont-ils soutenu des candidatures précises?
Nous n’avons proposé aucun candidat et n’avons demandé à aucun bloc de le faire.
Pourquoi le patriarche Béchara Raï insiste-t-il tellement sur cette échéance? que craint-il au juste?
Ce qu’il craint c’est un vide au sommet de l’Etat et que l’une des communautés piliers du pays ne soit écartée du pouvoir.
Le patriarche dit d’abord qu’il souhaitait un président «fort» avant de nuancer ses propos et de qualifier le candidat d’homme «capable et actif». Pourquoi ce changement?
Il a craint que ses propos ne soient mal interprétés et que l’on considère péjoratif le qualificatif de «fort».
Quel profil aura en fin de compte le futur président? Sera-t-il de défi ou de compromis?
Nous sommes contre la confrontation et pour le dialogue et l’entente.
Etes-vous optimiste sur l’élection présidentielle?
Le momentum est favorable. La conjoncture actuelle a fait en sorte qu’un gouvernement soit formé, que les diverses forces politiques s’entendent sur la déclaration ministérielle, que la confiance soit obtenue, que la déstabilisation sécuritaire soit brimée, que les caïds de Tripoli ne soient plus sur les fronts, que les forces de sécurité et l’armée aient une couverture politique… tout cela se répercutera favorablement sur les élections présidentielles.
Certains craignent un vide à la tête de l’Etat jusqu’aux élections présidentielles en Syrie, qui auront lieu en juillet.Partagez-vous cette inquiétude?
Ce scénario est possible. Je ne peux rien affirmer. D’autant plus que quoi qu’il arrive, la situation en Syrie se répercute sur le Liban. Il est de notre devoir de nous tenir à distance de ce qui se passe dans d’autres pays…
Surtout depuis que le Hezbollah a entraîné le pays dans le conflit armé syrien…
Toutes les composantes libanaises se sont impliquées dans la guerre syrienne, pas seulement le Hezb.
Quels seront les principaux défis du prochain président?
Le terrorisme et l’extrémisme. Il va falloir aussi gérer la présence d’un million de réfugiés syriens. Il est essentiel à cette phase de préserver notre unité nationale.
Propos recueillis par Danièle Gerges