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Nº 2965 du vendredi 5 septembre 2014

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Ziad Assouad, député de Jezzine. Le Liban est confronté à tous les dangers

Un tour d’horizon sur les derniers événements sur la scène locale avec le député du Courant patriotique libre (CPL), Ziad Assouad. Avec sa franchise coutumière et son franc-parler, il répond aux questions de Magazine.
 

Comment évaluez-vous la situation actuelle du pays?
L’Etat libanais est totalement absent pour plusieurs raisons. Tous ceux qui ont occupé des fonctions dans l’Etat nous ont amenés là où nous sommes aujourd’hui. Le Liban est confronté à tous les dangers. Nos frontières ne sont pas contrôlées. Nous n’avons ni liberté, ni souveraineté, ni indépendance et nous sommes fragilisés par les pays qui nous entourent. Nous sommes un instrument dans un projet régional, une scène pour l’exécution d’un plan par certaines forces ou une carte de négociation dans le cadre d’un compromis.

Que pensez-vous de la décision d’Achraf Rifi d’engager des poursuites contre les jeunes qui ont brûlé le drapeau de Daech à Achrafié?
En tant que ministre de la Justice, il n’avait pas besoin d’adopter cette position, le parquet engageant des poursuites, sans l’intervention du ministre, s’il y a lieu. Il faut qu’il réalise que la hâte à prendre certaines décisions donne des résultats négatifs et pointe avec plus d’acuité le problème qu’on tente d’occulter. Il est faux de croire que la réaction des gens à l’égard du «La Ilah illa Allah» est une atteinte au prophète Mahomet, puisque nous avons l’équivalent dans la religion chrétienne avec le «Nous croyons en un seul Dieu». Le fait de brûler le drapeau n’est pas une offense à l’islam puisque celui-ci est utilisé dans des opérations militaires. Il est associé à des scènes de violence, de décapitation, de meurtres. Ce drapeau n’est ni l’emblème de l’islam ni celui du prophète Mahomet. Rifi aurait dû prendre du recul pour que son action ne soit pas interprétée comme s’il prenait parti pour l’un contre l’autre ou qu’il favorise un étranger armé au peuple libanais. Cette vague de violence touche aussi bien les musulmans que les chrétiens.

Que pensez-vous de certaines voix chrétiennes défendant la position du ministre Rifi?
Certains députés chrétiens sont très légers dans leurs propos et s’évertuent à défendre un axe et à couvrir par leurs agissements des crimes qui pourraient être commis contre les chrétiens. Ils se sont rendus à Ersal pour condamner les propos de l’ancien ministre de la Défense, Fayez Ghosn, faisant état de la présence d’al-Qaïda au Liban. Certains députés attaquent l’armée et entravent son action. Dans leurs discours, ils portent atteinte à la communauté chiite, partenaire essentiel dans le pays. Ils assurent une couverture au conflit régional qui oppose la Syrie à l’Arabie saoudite. Les accusations portées par des députés du Courant du futur prétendant que l’armée est celle des chrétiens et les appels à la désertion lancés aux soldats montrent une volonté évidente de détruire l’institution militaire et de garder les frontières libres pour que le Liban reste une prolongation de la guerre en Syrie.

Qu’en est-il des rumeurs sur l’armement du CPL et des chrétiens en général?
C’est une histoire inventée pour détourner l’attention de l’opinion publique. Il y a des extrémistes sur le sol libanais et certaines parties facilitent leur mission à travers les kidnappings et les négociations avec les ravisseurs. C’est une manière d’atténuer la gravité de ce qui se passe en transposant le problème ailleurs. Le CPL est le premier à appeler à la consolidation de l’Etat et au respect de la Constitution. Mais s’il existe un armement, il se situe au niveau des particuliers. Les chrétiens ne se sentent pas protégés. Ce n’est pas le CPL qui les pousse à s’armer, mais l’Etat par son absence et sa léthargie.    

Comment évaluez-vous l’intervention du Front al-Nosra dans les affaires internes libanaises?
Il existe un lien médiatique entre al-Nosra et le 14 mars. C’est comme s’il y avait une plume libanaise derrière cette organisation. Elle classe les chrétiens et qualifie le CPL d’extrémiste. Les gens d’al-Nosra agissent comme le 14 mars. Chaque fois que quelque chose leur déplaît, ils emmènent les Libanais ailleurs. Quand tout le monde disait qu’il était heureux que le Hezbollah se batte en Syrie, sinon Daech et consorts seraient à l’heure actuelle au Kesrouan, ils ont accusé le CPL de s’armer et de former une milice. Ceci a pour seul but d’occuper l’opinion publique pour occulter qui couvre réellement Daech au Liban.

Qu’en est-il de l’élection présidentielle?
Nous voulons un président qui représente les chrétiens et qui puisse gouverner même sans prérogatives. Peut-être que le 23 septembre il y aura une prise de conscience et que les Libanais auront un président qui ne sera pas comme tous ceux qui ont fait de ce poste un passage pour des projets qui ont divisé les chrétiens.

Propos recueillis par Joëlle Seif

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