Magazine Le Mensuel

Nº 2978 du vendredi 5 décembre 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

L’hiver des réfugiés
La situation humanitaire des réfugiés syriens dans la Békaa s’est gravement dégradée après la vague de froid et de gel qui a touché le pays, ce qui a nécessité le déménagement de plusieurs tentes. Il y aurait 30 000 Syriens, installés dans des nouvelles tentes sur les hauteurs de Ersal, qui ne sont pas inscrits sur les listes de l’Unrwa et qui n’ont pas pu bénéficier des bons distribués par l’agence internationale pour obtenir du gasoil, afin de se chauffer. D’après la municipalité de Ersal, le village compte aujourd’hui quelque 80 000 réfugiés syriens après le retour dans leurs villages en Syrie de quelque 30% d’entre eux depuis que l’armée du régime a repris le contrôle de certaines villes et bourgades dans la région du Qalamoun dans le rif du nord de Damas, à la frontière avec Ersal.

 

L’éloge de la loi mixte
La loi électorale mixte, qui préconise l’élection de soixante-quatre députés selon le mode majoritaire et soixante-quatre autres selon la proportionnelle, est la meilleure formule proposée pour assurer la plus juste représentation des chrétiens et garantir aussi la meilleure représentation nationale, le président Nabih Berry dixit. Ce scrutin mixte permet aux électeurs chrétiens de porter au pouvoir cinquante-trois de leurs députés sur les soixante-quatre. Les onze restants seront élus par les voix musulmanes et chrétiennes. Par ailleurs, cinquante parlementaires musulmans seront choisis par leurs coreligionnaires, alors que les quatorze restants seront issus des bulletins chrétiens et musulmans déposés dans les urnes, conclut le chef de l’Assemblée.

Saïda est une ligne rouge
Selon les Renseignements de l’armée, Chadi Maoulawi, Ahmad el-Assir, Fadl Chaker et, peut-être, Khaled Hoblos sont présents à Aïn el-Heloué. La troupe souhaite que ces prévenus soient livrés aux autorités libanaises pour ne pas être entraînée dans un nouveau Nahr el-Bared. Au cours de la réunion entre une délégation du haut comité de sécurité palestinien et le directeur des Renseignements de l’armée au Sud, le général Ali Chahrour, celui-ci a indiqué détenir des informations sur la présence des trois terroristes dans le camp. Il a invité les chefs palestiniens à assumer leur responsabilité. Chahrour a été ferme: «Vous n’avez pas su traiter cette affaire, en laissant ce grand camp devenir l’otage de groupes qui se jouent du sort de 80 000 personnes. Gare à ceux qui se hasarderont à mettre Saïda et ses environs en danger (… ). Il vous faut redynamiser (…) la force sécuritaire mixte palestinienne et arrêter de faire du camp un asile pour les criminels».

Alliance quadripartite impossible
Commentant les récents développements politiques, une personnalité du 8 mars estime qu’un scénario similaire à l’alliance quadripartite de 2005 est impossible aujourd’hui. Les positions adoptées, pendant et après la guerre de juillet 2006, ont donné naissance à une alliance nationale stratégique. Les accords conclus pour la prorogation du mandat parlementaire ne sont qu’une tentative visant à éviter la fitna sunnite-chiite, c’est pourquoi le président Nabih Berry a considéré le déroulement des législatives en l’absence du Moustaqbal non conforme au Pacte national.

Gemayel surprend ses alliés
La coordination avec le régime syrien est dans l’intérêt national. Ces propos sont ceux du président Amine Gemayel prononcés dans un talk-show télévisé, invitant les organes de sécurité libanais et syriens à un échange sur le dossier sécuritaire. Une attitude qui a choqué les alliés du 14 mars des Kataëb qui refusent catégoriquement toute coopération avec le régime Assad mis au ban de la communauté internationale, et accusé de crimes contre l’humanité. Le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk a, pour sa part, révélé que le gouvernement a rejeté nombre de conseils qui lui ont été donnés pour coopérer avec le régime syrien afin de faire face aux combattants radicaux dans le jurd de Ersal.

Aoun, un saboteur?
Si le général Michel Aoun réclame la tenue d’une séance parlementaire consacrée à l’explication de la Constitution, c’est pour saboter tout projet de loi électorale combinant scrutin majoritaire et proportionnelle, et pour relancer le projet orthodoxe, pensent certains observateurs. Des sources parlementaires estiment que l’invitation de Aoun ne pourra pas être concrétisée puisqu’une séance de ce genre nécessite la présence et l’accord des 2/3 des membres de la Chambre. Une réinterprétation de la clause 24 du texte constitutionnel correspond, en fait, à un amendement constitutionnel.

Querelles de clocher au Cabinet
Le président Tammam Salam compte appliquer un nouveau mécanisme aux réunions ministérielles de travail consacrées aux sujets de divergence. Objectif: préparer le terrain à un Conseil des ministres tout en sérénité. Il aurait sollicité l’aide du président Nabih Berry pour mettre un terme à la conjoncture gouvernementale inconvenante. Les démarches du Premier ministre n’annulent pas la réalité déplorable dans laquelle baigne le Cabinet. Ce qui a fait dire au ministre Sejaan Azzi: «Toute clause relative à un contrat est sujette à querelle au sein du gouvernement. La querelle ne concerne pas la quête du meilleur, mais plutôt la quête du gain».
Il a ajouté: «Les militaires ne sont pas les seuls otages, le gouvernement lui aussi est un otage».

Quel rôle pour les chrétiens
Il est certain que le pays est géré par le tandem sunnite-chiite, rapportent des sources proches de Bkerké, le partenaire chrétien ne participe pas à la prise de décisions. Dans le meilleur des cas, ses alliés l’informent des résultats auxquels ils sont parvenus. Les sources redoutent que toute éventuelle perturbation n’aboutisse à un nouveau partage du pouvoir entre les deux communautés musulmanes, au détriment des chrétiens. Même si cette possibilité n’est pas actuellement à l’ordre du jour, le comportement de certains pôles chrétiens, tout comme l’équilibre des forces, rendent cette alternative réalisable.

 

Dialogue sunnite-chiite et loi électorale
Optimisme affiché par une source chiite, bien informée, concernant les travaux de la commission parlementaire chargée d’examiner la nouvelle loi électorale. Ce qui semble être une incapacité à avancer sur ce dossier reflète, en fait, les divergences politiques générales plus qu’une absence de solutions, confie cette source. Le dialogue Hezbollah-Moustaqbal pourrait constituer la porte d’entrée à des ententes au sein de la commission. Le duo chiite, ajoute cette source, veut renforcer la position du président Saad Hariri dans l’aménagement politique qui remplacera l’accord de Doha. Ce dialogue entre les plus importantes forces politiques sunnites et chiites du Liban déterminera les grandes lignes de la structure du pouvoir pour les années à venir. Cependant, nul n’a l’intention de revenir à l’accord quadripartite ou d’instituer un axe musulman, a tenu à confirmer cette même source.

Daech enraciné aux quatre coins du Liban
Daech est encore plus enraciné dans plusieurs coins du pays, selon un rapport diplomatique, depuis que l’armée a réussi à écraser les clans de Chadi Maoulawi et Oussama Mansour à Tebbané. Maoulawi et consorts seraient entrés dans un état de léthargie sécuritaire, mais cela ne les empêche pas de s’activer pour former de nouvelles cellules qui communiquent directement avec l’Etat islamique (EI) et œuvrent pour son compte. Mansour ne s’étant pas caché pour proclamer son allégeance à Baghdadi. Les takfiristes de Tebbané, toujours en liberté, sont une vraie menace pour la sécurité de personnalités politiques et religieuses parce que le tandem Maoulawi-Mansour veut se venger de ceux qui l’ont laissé tomber lors de l’agression contre l’armée. Les mêmes sources assurent que les Renseignements de l’armée et les organes de sécurité pourchassent les réseaux de l’EI qui s’infiltrent dans les villes et les villages. Ainsi, un groupe a été appréhendé à Aïn el-Remmané et plusieurs autres à Chebaa à la limite de la frontière sud-est, d’autres descentes ont également lieu dans les villages de la Békaa-Ouest.

Beyrouth, paradis des ONG
Plusieurs ONG auraient quitté Le Caire pour s’installer à Beyrouth ou dans d’autres capitales arabes ou européennes, comme l’avancent des rapports diplomatiques. Les nouvelles lois égyptiennes obligent désormais ces organisations locales et étrangères à présenter aux autorités leur budget officiel spécifiant les sources et le montant de leurs recettes, ainsi que les dépenses. Un grand nombre de ces associations «délocalisées», qui veulent échapper à ces lois, s’installent dans la capitale libanaise qui constitue pour elles un vrai paradis sans loi où le contrôle est inexistant. Le rapport indique, en outre, que certaines d’entres elles exercent des activités à caractère sécuritaire, surtout celles en provenance du Caire, qui dépendent des Ikhwan, ou encore de ceux qui les financent, qui font partie d’un vaste réseau d’associations régionalo-internationales qui relient entre eux les groupes religieux terroristes, les milieux des ONG et le business qui soutient ces groupes. Il existe au Liban 7 500 associations et organisations non gouvernementales libanaises et étrangères.

Echange d’otages entre le Hezbollah et l’ASL
L’échange d’otages entre le Hezbollah et l’Armée syrienne libre (ASL) a surpris le Front al-Nosra qui a déclenché un affrontement armé avec l’ALS dans les montagnes syriennes du Qalamoun. Al-Nosra souhaitait faire obstacle à cette opération en essayant d’appâter les ravisseurs par une importante somme d’argent afin qu’ils lui livrent le partisan du Hezbollah, Imad Ayyad, mais l’ASL a décliné toutes les offres. C’est alors que le dénommé Khattar, l’émir d’al-Nosra dans la vallée de Mira, a menacé – via un moukhtar du Qoussair – de liquider le groupe de l’Armée libre qui retenait Ayyad. Les sources qui rapportent ces informations indiquent que ce dernier se trouvait dans une maison située aux extrémités de Jibbé dans le Qalamoun, non loin de positions contrôlées par l’ASL. Malgré la présence de plusieurs intermédiaires, le Hezbollah a adopté un seul canal de négociations. C’est un individu du Qoussair, chargé de fournir toutes les informations sur Ayyad, qui a été le principal médiateur entre les deux parties.
Plusieurs notables de Ersal avaient proposé leurs services au Hezbollah, dont le chef de la municipalité Ali Hojeiry qui souhaite blanchir son palmarès après la modification de l’équilibre des forces politiques et militaires dans les alentours du village. Par ailleurs, on parle d’une prochaine confrontation entre al-Nosra et l’ASL à Jibbé, Assal el-Ward et son jurd relié à celui de Ersal…

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