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Nº 2979 du vendredi 12 décembre 2014

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Hezbollah-Courant du futur. L’agenda du dialogue attendu

Après avoir affiché leurs dispositions à des discussions directes, le Hezbollah et le Courant du futur doivent désormais se mettre d’accord sur les sujets qui seront abordés.
Et ils sont nombreux. Nabih Berry joue les go-between pour préparer l’ordre du jour.

Dans la région, l’heure est à la détente, plus précisément, à l’endiguement de la crise. La lutte contre l’expansion de l’Etat islamique, en Irak et en Syrie, place les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et l’Iran dans un front commun qui ne dit pas encore son nom. Il n’est pas question d’un renversement des alliances, mais plutôt d’un apaisement généralisé qui baisserait la pression pour tous les belligérants, quel que soit leur camp. Au Liban, les grandes puissances attendent des partis politiques qu’ils préservent le pays de la contagion islamiste. C’est dans ce cadre qu’elles encouragent vivement le dialogue entre le Hezbollah et le Courant du futur. Les premières rencontres préparatoires ont commencé depuis plusieurs jours, notamment par l’intermédiaire de Nabih Berry, qui a dépêché le ministre Ali Hassan Khalil pour déminer le terrain. Dans les deux camps, le casting est prêt. Le conseiller politique de Hassan Nasrallah, Hussein Khalil, et le député Hassan Fadlallah pour le Hezbollah; le directeur de cabinet de Saad Hariri, Nader Hariri, et le député Jamal Jarrah pour le Courant du futur.
Le principe de base est acquis. Mardi, le bloc parlementaire du Futur, par la voix de Jamal Jarrah, a souligné l’importance de la communication directe avec le Hezbollah en dépit des questions controversées avec ce parti. Il a réitéré sa disposition au dialogue avec le Hezbollah, «afin de paver la voie à l’entente et de sauver le pays de la vacance présidentielle par l’élection d’un président qui réduirait les tensions sur la scène locale». De son côté, le député du mouvement Amal, Yassine Jaber, l’un des porte-parole attitrés de Berry, a expliqué que «le plus important réside dans l’accord autour du principe du dialogue dans le but de réduire les tensions et de concevoir une issue aux crises intérieures». Le dialogue pour réduire les tensions, l’élément de langage est consommé, mais l’essentiel est là. Est-ce à dire que les sujets de désaccord seront éludés? Le dialogue en question devrait être abordé «d’une manière réaliste, sans exagération dans les spéculations», répond Jaber.
Lundi, le député Ahmad Fatfat révélait que l’ordre du jour de la séance du dialogue était «en cours de préparation». Au-delà de l’image des deux partis qui s’assoient autour de la table, le Courant du futur apparaît comme la partie demandeuse. Le premier parti sunnite va-t-il demander au Hezbollah de quitter la Syrie et de faciliter l’élection d’un président? En d’autres termes, le Courant du futur se contentera-t-il du symbole du dialogue sans tenter de pousser son agenda politique, au risque de l’envenimer? Cette question agite les cadres dirigeants du Courant du futur (voir encadré). De son côté, le Hezbollah voit dans ce dialogue l’opportunité d’apparaître comme le parti qui consent à l’apaisement dans le pays et, surtout, de s’écarter de la ligne de mire de ses opposants. Reste à fixer une date. Jaber a expliqué que la date du lancement du dialogue entre les deux partis n’avait pas encore été déterminée. Devant ses visiteurs, Nabih Berry espérait que la première rencontre puisse avoir lieu avant la fin de l’année. Il faudra peut-être attendre le début de l’année prochaine.
D’aucuns espèrent que le dialogue entre les deux partis soit le prélude à un dialogue plus large auquel seraient conviés les partis chrétiens, notamment, qui trancherait l’ensemble des crises que traverse le pays. Cet élargissement dépendra fondamentalement de la façon dont se passeront les discussions entre le Hezbollah et le Courant du futur, portées, on l’aura compris, par les circonstances favorables, mais fragiles, de la conjoncture régionale.

Julien Abi Ramia

Les deux lignes du Moustaqbal
A mesure que l’idée du dialogue avec le Hezbollah se précise, les responsables du Courant du futur semblent hésiter entre deux lignes: la ligne modérée de son leader Saad Hariri qui, en affirmant clairement son opposition à la radicalisation de la rue sunnite, affiche sa volonté de baisser les tensions face à la ligne des faucons qui mettent en garde le parti contre une inflexion trop importante. Ce sont les messages qu’a entendus le secrétaire général du parti, Ahmad Hariri, lors de ses derniers déplacements dans la Békaa et à Tripoli.

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