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Nº 2989 du vendredi 20 février 2015

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POLITIQUE

Seuls les maronites peuvent débloquer la présidentielle. La conviction de Girault

L’entretien entre l’émissaire français Jean-François Girault et le patriarche Béchara Raï au Vatican s’est focalisé sur le bilan des multiples réunions que le diplomate a tenues au Liban et dans la région. Il en ressort qu’en matière d’échéance présidentielle, le statu quo demeure.
 

Jean-François Girault, comme le dévoilent des sources diplomatiques, a exposé devant le prélat maronite les résultats de ses visites à Riyad et Téhéran. Les deux capitales, a-t-il dit, se retrouvent pour dire qu’elles n’ont pas de candidat favori, qu’elles n’opposent un veto sur personne, qu’elles encouragent les Libanais à élire un chef d’Etat au plus vite, et que cette échéance est du ressort des Libanais eux-mêmes. Girault en a déduit que les embûches iraniennes et saoudiennes qui jalonnent la présidentielle ne peuvent être éliminées que par le biais d’une entente inter-maronite. Les deux pays sont parvenus à une équation claire: faire assumer aux chrétiens la responsabilité du premier pas à franchir sur la voie qui mènera un président à Baabda. Ainsi, le diplomate français a conseillé aux chrétiens, et surtout au patriarche Raï, d’œuvrer pour la relance du dialogue entre les leaders chrétiens. Une tâche à laquelle le patriarche maronite devrait s’atteler, dès son retour de Rome, en invitant les quatre pôles maronites à accorder leurs violons pour désigner un présidentiable hors du tandem des candidats déclarés. Les chances d’accession de Michel Aoun à la présidence n’étant pas meilleures que celles de Samir Geagea. Trouver une troisième personnalité constitue désormais une urgence si on souhaite couper l’herbe sous les pieds de ceux qui se jouent de cette échéance.
 

Facteur de stabilité
Au cours des négociations, Jean-François Girault n’a pas manqué de souligner que l’élection d’un président constitue un important facteur de stabilité. Il a également apporté le soutien de son pays à tous les dialogues internes en cours (Moustaqbal-Hezbollah ou FL-CPL). D’après les informations qui circulent, le chef de l’Eglise maronite a notifié à l’émissaire français sa disposition à aider la France dans sa démarche, tout en lui expliquant que ses efforts seront forcément limités du fait que les principaux concernés campent sur leurs positions. Raï a aussi informé Girault qu’il organisera, dès son retour à Beyrouth, des réunions bipartites ou autres avec les leaders qui ne semblent pas prêts à participer à un sommet pour ne pas avoir à assumer la responsabilité d’un éventuel échec.
Selon d’autres sources, l’émissaire du Quai d’Orsay a remarqué, au cours de sa dernière visite à Riyad, que les Saoudiens veulent toujours écarter le général Aoun de la course à la présidence. Leur position reste inchangée sur ce dossier malgré l’arrivée au pouvoir du nouveau roi Salmane Ben Abdel-Aziz. La teneur de cette position, Girault l’a communiquée à Aoun. Il lui aurait dit: «Ils ne croient pas qu’ils pourront cohabiter avec vous». Ce à quoi le général aurait répondu: «Ils pourront s’adapter à moi». A la question, posée par Girault, de savoir s’il pense que Geagea pourrait l’appuyer, le chef du CPL a répondu par l’affirmative.
Aoun aurait répondu de la sorte pour couper court à la discussion, estiment certaines sources diplomatiques, Girault ayant été prévenu par son équipe française que le dialogue FL-CPL n’a certainement pas pour objectif l’adoubement de Aoun à la première présidence, mais plutôt la mise en ordre de la maison chrétienne et l’entente sur un candidat consensuel.

 

Les Américains non coopératifs
Si la diplomatie française n’a pas réussi à trouver un règlement à la crise présidentielle, c’est parce que les Américains ne sont pas coopératifs, selon l’analyse faite par des sources du 8 mars, et ne semblent pas être pressés sur ce plan. D’un côté, l’Administration américaine ne veut pas contrarier Téhéran à cette étape délicate des négociations sur le nucléaire, et parallèlement, ne souhaite pas exercer de pressions sur Riyad pour la même raison. Washington donne la priorité à «l’assimilation» par les autorités saoudiennes de tout éventuel accord nucléaire susceptible d’être signé avec l’Iran dans les prochains mois. C’est pourquoi les Américains pratiquent une «neutralité négative» sur la question de la présidentielle libanaise en attendant le fameux règlement. C’est alors, estiment-ils, que le climat sera propice aux négociations sur les dossiers chauds dont la présidentielle.

Chaouki Achkouti

Absence de veto
L’émissaire français Jean-François Girault aurait transmis un message des autorités françaises au général Michel Aoun spécifiant «l’absence de veto sur qui que ce soit». Mais ce message était accompagné d’un autre (régional et non français) dont la teneur est la suivante: «Difficile d’approuver la candidature de Aoun s’il reste attaché à ses alliances actuelles», C’est pourquoi la rencontre du diplomate avec le général a été infructueuse.

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